Libreville, Gabon – Quelques 19,3 millions de personnes ont été déplacées par des catastrophes dans 100 pays en 2014 indique la Croix rouge Gabonaise dans une tribune libre à l’occasion de la commémoration ce 13 octobre de la journée internationale pour la réduction des catastrophes.
Ci-dessous la tribune :
La Journée internationale pour la réduction des catastrophes, célébrée le 13 Octobre, fournit l’occasion de faire le point sur la façon dont notre monde aborde un des plus grands défis pour le développement durable. Avec des estimations mondiales en 2014 indiquant que 19,3 millions de personnes ont été déplacées par des catastrophes dans 100 pays, et avec des images encore fraiches dans nos esprits de la dévastation totale causée par le tremblement de terre au Népal, ou encore les très récentes inondations et tempêtes aux Etats Unis, en France, et en Chine, nous ne devrions pas attendre davantage de preuves pour intensifier nos efforts sur la réduction des risques de catastrophes.
Cependant, qui est responsable et qui est mieux place pour savoir comment gérer les catastrophes? On pourrait supposer que la gestion des catastrophes est uniquement la responsabilité du gouvernement. Cependant, lorsqu’une catastrophe s’annonce, ce sont les communautés locales qui sont les premiers à réagir et à se soutenir mutuellement après une catastrophe. En effet, les communautés sont ceux qui ont le plus à perdre, et le plus à gagner, quand l’on traite de la réduction des risques de catastrophe.
Ainsi, les communautés touchées ne devraient pas seulement être considérées en tant que victimes en temps de catastrophes. Dans de nombreuses régions à risques, les communautés et les groupes autochtones ont été exposés à des risques d’inondations, de tempêtes ou de tremblements de terre pendant tant d’années, qu’ils ont développé des connaissances spécifiques sur les habitudes des catastrophes, et comment certains comportements et actions peuvent réduire les effets des catastrophes au sein de leur région.
Alors que les développements scientifiques et technologiques ont certainement contribué à mieux identifier et comprendre les risques hydrologiques et météorologiques auxquels nous sommes exposés, ces connaissances traditionnelles et communautaires concernant les catastrophes peuvent être précieuses pour sauver des vies.
Le thème de cette année pour la journée internationale pour la réduction des catastrophes est « Connaissances pour la vie », nous appelant à examiner de plus près ces connaissances et expériences importantes, développées et utilisées par les communautés et populations autochtones. Le Cadre de Sendai, le nouvel accord mondial sur la réduction des risques de catastrophes convenu en début 2015, appelle spécifiquement les gouvernements à faire usage de ces connaissances et expériences. Mais comment pouvons-nous assurer que ceci se fera réellement dans la pratique ?
Bien que les responsables gouvernementaux aient souvent de bonnes intentions de faire participer tout le monde, avec tant d’autres demandes concurrentes et des contraintes de temps et de ressources, ceci n’est souvent pas fait systématiquement.
Ainsi, la Croix-Rouge Gabonaise a entrepris un plaidoyer auprès les autorités gouvernementales en vue de l’examen de la législation de notre pays en matière de réduction de risques et de catastrophes. Cette démarche est sous-tendue par la recherche d’une meilleure connaissance des zones à risques par aléas, afin de permettre d’impliquer davantage les communautés autochtones dans la gestion des risques et des catastrophes.
A cet effet, l’élaboration par la Croix-Rouge Gabonaise de la première carte de degré de vulnérabilité des populations de certains quartiers du 1er arrondissement Libreville aux inondations, participe de l’aboutissement du premier volet de cette démarche. Le deuxième volet va consister à impliquer les communautés dans la construction de systèmes d’alerte communautaire.
Pour nous assurer que nous tirons le meilleur parti des connaissances qui existent au sein de nos propres communautés, nous devons chercher à assurer que les connaissances traditionnelles, locales et autochtones soient entendues et prises en compte. Une bonne première étape serait de revoir nos lois et politiques pour inclure la prise en considération de telles connaissances. C’est seulement en bénéficiant de l’expérience unique de nos peuples et communautés autochtones, en appui aux développements scientifiques et technologiques, que nous pourrions mieux faire face aux risques naturels qui nous attendent.