Le 10 février dernier, l’Union nationale célébrait dans un silence quasi-absolu son 4e anniversaire. Un évènement qui a permis aux hiérarques de ce parti créé en 2010 et interdit en janvier 2011, de dresser le bilan des années précédentes et de donner son appréciation de l’actualité politique, sociale et économique du pays.
Créé en 2010 et dissout par le ministère de l’Intérieur le 25 janvier 2011, l’Union nationale (UN), parti politique se réclamant de l’opposition, a célébré, dans un silence quasi-absolu, son quatrième anniversaire le lundi 10 février 2014. Un évènement que les responsables de la formation politique prohibée n’ont pas souhaité laisser passer sans acte. L’occasion pour eux, par l’entremise de Zacharie Myboto, leur président, de revenir sur l’actualité politique, sociale et économique du pays, tout en brossant un bref bilan de l’année 2013 au cours de laquelle la famille politique du tonitruant André Mba Obame (actuellement en soins de santé) a été sur tous les fronts.
A cet effet, dans la journée du samedi 22 février dernier, Zacharie Myboto, tête de file l’Union nationale, en compagnie de plusieurs de ses vice-présidents parmi lesquels Casimir Oyé Mba et Jean Eyéghé Ndong, a tenu à commémorer la date de création du parti avec leurs militants et sympathisants. Pour ce faire, avant de brosser le bilan des activités de l’année écoulée, et à la suite de la sortie fracassante de Jean Ping au début du mois en cours, le président de l’UN a dit apprécier à sa juste valeur la déclaration de l’ancien bras-droit d’Omar Bongo et prendre acte de sa démission du PDG. De même, Zacharie Myboto a tenu à donner son appréciation des récentes déclarations du président de la République sur la pauvreté et la précarité dont le rapport de l’Investissement humain a récemment été livré par la Première Dame Sylvia Bongo, avec l’appui du cabinet international McKinsey.
«La pauvreté et la précarité au Gabon ne sont pas des faits nouveaux», a déclaré Zacharie Myboto avant d’ajouter : «Des études de référence comme le document de croissance et de réduction de la pauvreté (DCRP) conçues par des compatriotes à l’expertise avérée existent depuis 2005 et méritaient tout simplement d’être actualisées compte tenu de l’aggravation de la pauvreté et de la précarité ces dernières années. On peut s’étonner que la réflexion sur un problème aussi grave ne soit pas confiée au Gouvernement, mais à l’épouse du Chef de l’Etat qui n’a aucun statut pour conduire des politiques publiques. (…) La tâche est bien plus ardue et plus complexe que le Pouvoir ne le pense.» Proposant des stratégies de lutte contre ce phénomène au même titre que les acteurs politiques nationaux devant Ali Bongo le 18 février dernier, Zacharie Myboto s’en est pris, entre autres, au train de vie de l’Etat et autres projets que son parti politique n’apprécie que très mal.
En effet, pour le président de la quasi clandestine UN, «la réduction du train de vie de l’Etat et le choix judicieux des projets de développement excluant tout abus et toutes opérations de prestige généralement très coûteuses sont pourvoyeurs d’économies pouvant être affectées à la santé, à l’éducation, à l’habitat, aux affaires sociales pour alléger les charges des personnes les plus démunies. Dans cet esprit, au lieu de ne s’attaquer qu’aux fonds communs, il eût été plus juste de remettre aussi en cause, entre autres, les travaux de la Marina au Port-Môle et de la Cité de la Démocratie (palais, parcours de golf et autres) qui vont engloutir, pendant des années, plusieurs centaines de milliards de francs, pourquoi pas à fonds perdus quand on sait par exemple dans quel piteux état sont les quartiers sous-intégrés de Libreville ! C’est le lieu de rappeler, depuis notre présence à l’Assemblée Nationale, notre combat pour une loi sur la décentralisation accordant chaque année 10 % du budget général de l’Etat hors ressources d’emprunt aux collectivités locales pour leur développement aux fins de contribuer à la réduction de la pauvreté et de la précarité. La suppression de solde sans procédure disciplinaire aux agents publics en activité dont les membres de l’Union Nationale est une injustice qui concourt aussi à l’accentuation de la pauvreté et de la précarité.»
En outre, faisant le bilan de l’UN pour l’année écoulée, Zacharie Myboto s’est principalement appuyé sur la participation de sa formation politique aux dernières joutes électorales : «L’année 2013 a été principalement marquée par la tenue des élections des conseils départementaux et des conseils municipaux. Notre parti étant dissous et après en avoir longuement délibéré en son sein, nous avons décidé d’aller à ces élections en candidats indépendants reconnaissables à travers des programmes de développement de tel département ou de telle ville pour tous. (…) Nous avons présenté une quarantaine de listes dans certaines localités de la République conduites dans leur très grande majorité par des militantes et des militants de l’Union Nationale. (…) Les résultats obtenus sont de 227 conseillers élus faisant de nous la première force politique de l’Opposition et, face au Parti Démocratique Gabonais, la force politique nationale incontournable quoique privée, à dessein, par le Pouvoir de son existence légale et partant de ses droits.»
Par ailleurs, Zacharie Myboto et ses compagnons de l’UN ont dit leur détermination à œuvrer pour le bien-être du Gabon et de sa population malgré la situation pour le moins illégale de leur formation politique, par l’entremise d’un ensemble d’actions dans les jours à venir. «Aussi, au niveau du Bureau national, avons-nous décidé de porter ces sujets à l’examen du plus grand nombre et d’organiser à cette fin, dans les délais les meilleurs, des Journées de réflexion regroupant les militantes et militants susceptibles d’y apporter leur expertise. Ces militantes et militants s’inscriront auprès d’une permanence au siège du parti à partir de la semaine prochaine», a-t-il conclu.