La célébration, le 5 octobre dernier, de la Journée mondiale de l’habitat est l’occasion de s’interroger sur les avancées dans le domaine, alors que les populations éprouvent encore des difficultés à se loger décemment.
Chaque premier lundi du mois d’octobre, tous les pays célèbrent la Journée mondiale de l’habitat, conformément à une résolution de l’Organisation des Nations-unies (Onu) datant du 7 novembre 1985. Généralement, c’est une occasion pour s’interroger sur la réalité nationale en la matière. Si le thème de l’édition 2015 est : «Des espaces publics pour tous», il serait hasardeux voire mal venu de limiter le sujet aux seuls jardins ou parcs publics, qui demeurent inexistants au Gabon. Bref, la célébration de cette journée mondiale dédiée apparaît comme un moment privilégié de questionner les pouvoirs publics sur la situation de nos villes, particulièrement sur l’image qu’ils entendent leur offrir. Alors que les populations éprouvent encore des difficultés à se loger décemment, les pouvoirs publics multiplient des projets qui, pour la plupart, demeurent au stade de promesses. L’on ne saurait toutefois nier le démarrage de certains chantiers dans quelques villes, où l’Etat entend livrer quelques centaines de logements, bien moins que les milliers initialement promis. Comme on ne saurait taire l’aveu du président de la République qui, à la faveur de ses derniers entretiens avec la presse internationale, reconnaissait avoir jusque-là échoué dans le domaine de l’habitat. Ayant récemment acquis la lourde charge de rectifier le tir, si tant est que cela est encore possible, le nouveau ministre de l’Urbanisme et du Logement entend mettre en œuvre des stratégies en vue de revaloriser ce secteur.
Est-il déjà trop tard pour rectifier le tir ?
Pour Désiré Guedon, il s’agira, dans un premier temps, d’assainir le cadre de vie des populations, alors que plusieurs localités du pays sont dépourvues d’équipements de base. Pourtant, outre les résolutions prises pour l’aide au logement des jeunes fonctionnaires, la question de l’urbanisation et de l’aménagement du territoire demeure. A moins d’une année de la présidentielle 2016, le gouvernement devrait se préparer à y répondre. Pour sa part, comme convaincue que tout reste possible, la nouvelle équipe du ministère de l’Urbanisme et du Logement dit travailler à la mise en place des mécanismes opérationnels capables de résoudre les problèmes d’urbanisation, notamment ceux en rapport avec le projet de «développement d’un cadre de vie sain et sécurisé par la promotion d’un habitat accessible au plus grande nombre de Gabonais, [qui répond] à leurs besoins, dans une perspective de développement durable». Si ce département ministériel promet initier prochainement une réflexion en vue de répondre à «l’insuffisance d’espaces publics constatée dans les villes de notre pays», il n’en rappelle pas moins que l’Etat œuvre à lutter contre «la multiplication des bidonvilles et des quartiers précaires» mais que «le renforcement de l’offre de logements nécessite une révision en amont du cadre institutionnel et règlementaire, ainsi que la mise en place d’un environnement des affaires capable d’attirer un important flux de capitaux privés».
À quoi a servi le forum national sur le foncier de 2011 ?
Comme pour prouver qu’il a pris toute la mesure de la difficulté à se loger décemment, le gouvernement avait organisé, en juillet 2011, un forum national sur le foncier. Au cours de ces assises, une étude diagnostic avait été réalisée en vue de l’élaboration d’une stratégie urbaine dès 2012. Comme si ce seul forum n’avait pas suffit, il y a quelques mois, des travaux ont été initiés à Libreville et Port-Gentil dans l’objectif d’élaborer le «Rapport national pour l’habitat III». Il s’agissait d’évaluer les progrès accomplis et les obstacles rencontrés dans la mise en œuvre des programmes issus des recommandations de la conférence Habitat II, tenue à Istanbul en Turquie en 1996. Selon le ministère de l’Urbanisme et du Logement, la restitution et la validation de ce rapport devraient se faire avant la fin de l’année en cours. Comme quoi, jusqu’ici, tout reste à l’état de projet, alors que d’aucuns, plus réalistes que défaitistes, estiment déjà que le plus gros échec du septennat en cours sera nécessairement celui de l’habitat et du logement.