Invités par le chef de l’Etat, le mardi 18 février 2014, afin de prendre connaissance du rapport portant sur la Stratégie d’investissement humain face au phénomène croissant de la pauvreté au Gabon, les acteurs politiques de tous bords ont tenu à donner leur sentiment suite à la présentation du document élaboré par le cabinet McKinsey & Company. L’économie des interventions.
Si au terme de la présentation du rapport portant sur la stratégie d’investissement humain conduit par le cabinet international McKinsey, sous la supervision de Sylvia Bongo Ondimba, les différents acteurs politiques du pays se sont accordés sur la nécessité de réagir et de trouver des solutions afin de lutter efficacement contre la pauvreté et la précarité au Gabon, la plupart, si ce n’est tous, se sont dits surpris que le phénomène ne soit officiellement reconnu que cette année.
Pour les uns, le phénomène, fortement vécu par les populations gabonaises depuis de nombreuses années, avait déjà fait l’objet de plusieurs interpellations de la part des acteurs politiques de tous bords et des différentes organisations de la société civile gabonaise. De même, a-t-il été notifié, depuis 2005 un rapport du même genre avait déjà vu le jour dans le pays, commandité par les plus hautes autorités à l’époque, sans qu’aucune suite n’ait été donnée au dit document. Ainsi, pour les acteurs politiques gabonais de l’opposition et de la majorité, le cabinet McKinsey n’a quasiment rien révélé de nouveau, si ce n’est corroborer le cri d’alarme des populations et de leurs leaders politiques.
En effet, de Pierre Claver Maganga Moussavou (PSD), Faustin Boukoubi (PDG), Joël Ngoueneni Ndzegouma (CPDRO) à Jean Boniface Assélé (CLR), en passant par Paul Mba Abessolo (RNB) ou Louis Gaston Mayila (UPNR), tous ont émis leur volonté d’œuvrer pour la lutte contre le phénomène de la pauvreté et de la précarité au Gabon. Mais, pour ce faire, une question demeure : «Où, quand, comment, nous, membres de l’opposition pouvons-nous intervenir dans la lutte contre ce fléau ?» s’est interrogé Séraphin Akouré de l’Alliance pour le changement et la restauration (ACR), pointant du doigt la mise à l’écart des acteurs politiques de l’opposition à certains niveaux de décision.
Qu’à cela ne tienne, de nombreuses propositions ont été faites à Ali Bongo, ainsi qu’au chef du gouvernement, Daniel Ona Ondo. L’une des principales, la mise en œuvre effective d’une véritable politique de décentralisation par l’allocation de 10% du budget de l’Etat aux collectivités locales. Ce qui consiste à adopter le système de la «Provincialisation» a proposé le président du PSD, Pierre Claver Maganga Moussavou, en identifiant «la mauvaise répartition des ressources et le partage inéquitable des biens communs» comme l’une des premières causes de la précarité des populations rurales (45%) dont la plupart sont contraintes de converger vers les grandes villes, notamment Libreville qui, selon lui, tend à absorber la moitié des habitants du Gabon, avec un taux de pauvreté évalué à 20% en milieu urbain. Une observation corroborée par le président du RNB, citant en exemple des quartiers de la capitale où la pauvreté est la plus visible tels que la Baie des cochons ou Atsibi-Tsos dans le 2ème arrondissement.
Dans le même ordre d’idées, les acteurs politiques ont proposé la mise en place d’une «allocation générale de survie» qui, dès la naissance, sera attribuée à chaque Gabonais, soit 10 000 francs CFA par mois, d’autant que 30% des Gabonais sont considérés comme économiquement faible. Une revalorisation de l’allocation familiale par enfant est à envisager pour le renforcement de la politique nataliste du pays où 95 000 foyers perçoivent moins de 80 000 francs CFA par mois. De plus, une aide au logement pour les Gabonais dépourvus de logis et ceux à la recherche d’emploi devrait être versée par le l’Etat, en vue de lutter efficacement contre la pauvreté et la précarité sur toute l’étendue du territoire. Pour le porte-parole de l’ACR, sur le plan strictement politique, des mesures doivent également être envisagées, à l’instar de la mise en place d’un Conseil national de la démocratie qui, pourtant annoncé par le Président de la République peu après son élection, tarde à voir le jour. C’est là, un autre moyen de lutter contre phénomène, a-t-il indiqué à l’endroit d’Ali Bongo qui, citant le rapport de McKinsey, a déclaré que le budget annuel nécessaire pour la réussite de la nouvelle Stratégie d’investissement humain au Gabon est évalué de 105 à 140 milliards de francs CFA.