En décidant, le 18 février 2014, de suspendre le versement de fonds communs et primes diverses, le président Ali Bongo ne mesurait peut-être pas assez le choc qu’une telle décision pouvait produire sur les fonctionnaires qui arrivaient un temps soit peut à se réaliser grâce à ces faveurs, mais également sur tous ceux qui se la jouaient «Boss» avec des gratifications qu’ils ne méritaient surement pas. Sommaire micro-trottoir sur le sujet.
Si pour beaucoup la rencontre entre le président de la République et les leaders des partis politiques de la majorité et de l’opposition, initiée pour la présentation du rapport final d’étude et de préconisations de la stratégie d’investissement humain du Gabon aux forces vives de la nation, n’avait pas lieu d’être du fait que nul n’ignore la situation sociale de la majorité des Gabonais, donc nul besoin d’une étude pour le vérifier, il n’en demeure pas moins que certaines décisions annoncées au cours de ce rendez-vous, ait suscité l’émoi auprès des agents de l’État.
Certains d’entre eux auraient tout imaginé et souhaité mais pas la suppression des fonds communs et des primes diverses, élément clés des points de revendication dans la plupart des administrations gabonaises. Le président Ali Bongo Ondimba semblait pourtant bien renseigné sur ce fait, mais a choisi de toucher à ce point névralgique de la rétribution des fonctionnaires.
«Il ne peut pas prétendre réduire la pauvreté ou lutter contre les inégalités en supprimant les fonds communs. Combien avons-nous au départ comme salaire avec la cherté de la vie que le gouvernement a déjà du mal à contrer, pour que nous soyons amenés à saluer cette décision? Qu’on nous propose de plafonner ou d’harmoniser ces fonds communs par catégorie pour qu’il n’y ait plus de disparité, moi personnellement j’adhèrerai et je pense que beaucoup de Gabonais feront comme moi», a déclaré, Steeve Nguéma rencontré au ministère du Budget.
«C’est qui le conseiller d’Ali Bongo Ondimba, qui lui a dit qu’on éteint le feu avec le feu? À quoi pense-t-il quand il décide de suspendre les fonds commun des fonctionnaires mal rémunèrés au départ? Il favorisera simplement le développement de la pauvreté et la précarité auprès de ces agents», a renchéri son collègue Hugues Mouketou.
«Ali Bongo ne nous aime pas, et il vient de le démontrer. Donc l’émergence qu’il nous avait promis en aout 2009, c’était tuer les Gabonais? Comment comprendre que depuis que ce monsieur est venu au pouvoir la souffrance du Gabonais a été multipliée par 10 sans exagération. Les premières victimes des ses réformes sont les Makayas. Nombreux sont les Gabonais qui sont assis à la maison depuis 4 ans sans salaires parce qu’ils ne l’ont pas soutenu, plusieurs familles Gabonaises dorment depuis 4 ans à la belle étoile à cause de son opération de déguerpissement à la faveur des routes, et jusqu’ici zéro route, et aujourd’hui on nous parle de supprimer les primes et fonds communs. Nous gagnons d’abord combien dedans? Pourquoi malgré ça les Gabonais vivent toujours mal, les pieds dans l’eau? Pourquoi nous avons toujours du mal à scolariser et soigner nos enfants? Arrêtons un peu avec cette comédie. Tout l’argent qu’il dépense pour s’offrir des voyages avec ses amis, pour s’offrir des New York forum, ou le Trophée des champion ne pouvaient-ils pas nous aider?», a déclaré Julienne Effagnon Moussounda, toute remontée.
Si cette décision irrite certains employés de l’État, naturellement les bénéficiaires des fonds communs et primes diverses, il y en a tout de même qui jugent cette mesure salutaire, estimant qu’elle doit être accompagnée pour qu’enfin surviennent la réforme du système de rémunération censée résoudre les inégalités dénoncées. «C’est quand même curieux de voir l’interprétation que font les fonctionnaires de cette mesure. Nous sommes les premiers à nous plaindre qu’il y a disparité dans nos traitements, nous sommes les premiers à souhaiter une harmonisation. Le chef de l’État, a demandé en 2010 à son gouvernement de lui proposer une réforme sur le traitement salarial des agents de l’État, rien n’a été fait. Aujourd’hui pour les contraindre à le faire sachant bien pourquoi rien n’a été fait depuis là, nous nous plaignons encore. Mais sachez que c’était pour éviter de perdre ces faveurs-là que personne n’ose faire évoluer la question sur la réforme du traitement salarial. Pour moi, Ali est à saluer et non à critiquer», a affirmé, Luc N.N. qui a refusé la déclination de son patronyme.
«C’est une décision salutaire pour le traitement des agents de l’État que nous sommes. Il faut que nous cessions avec ces mauvaises manières de faire. Où ceux qui se surpassent ne sont pas encouragés et récompensés à juste titre. Ce sont ceux qui se tournent les pouces à longueur de journée qui profitent des faveurs de l’État. J’en connais qui sont assis à la maison et qui chaque trimestre ne se gênent pas de chanter à qui veut l’entendre qu’il a reçu ses fonds communs. Toutefois, les Gabonais lui seront reconnaissants s’il pouvait supprimer drastiquement certains de ses propres avantages, ceux des présidents des institutions républicaines, des ministres, parlementaires car nous ne voyons pas le travail qu’ils font plus que nous», estime Viviane Bouassa.