«Je ne ferai qu’un mandat», est la promesse que Jean Ping fait un peu partout durant ses périples dans l’hinterland, comme tout récemment dans la Nyanga où il a rencontré et écouté les jeunes préoccupés par son projet de société, la fraude électorale et les relations France-Gabon.
Le néo-opposant au régime politique de Libreville sillonne le Gabon profond depuis deux ans maintenant. A la tête d’une délégation dans laquelle on a noté la présence de Jean Eyegue Ndong, vice-président de l’Union Nationale (UN), sénateur du 2è arrondissement de Libreville et dernier Premier ministre de feu président Omar Bongo Ondimba, Jean Ping a parcouru la province de la Nyanga du 18 au 23 septembre dernier. Il s’y est entretenu avec les habitants de tous les villages, regroupements de villages, cantons, districts et villes.
Un bon nombre de jeunes de la Nyanga n’hésitaient pas à clamer : «Nous sommes Jean Ping», estimant que c’est l’homme politique qui a décidé d’aller vers eux, pour voir comment ils vivent, en passant les nuits dans leurs cases, en prenant son bain dans un sceau d’eau et en partagent leur repas, parfois dans la même assiette, dans un ndzimba (hangar faisant office de corps de garde). Ces jeunes n’ont pas manqué de dire à Jean Ping qu’ils ne sont pas en marge de la réalité quotidienne de tous les Gabonais. Une jeunesse qui fait partie des 36% de la population au chômage et qui est au fait de tout ce qui se passe ailleurs, concernant la prise de conscience des jeunes. «Nous nous identifions également à Mohamed Bouazizi» (Le jeune commerçant Tunisien qui s’était insurgé des contrôles policiers et s’était immolé par le feu, créant l’étincelle du printemps arabe), ont martelé certains de ces jeunes.
La jeunesse nynoise a également dit à Jean Ping que sa force est également observée quand elle s’approprie des causes de Y’en A Marre, mouvement de contestation pacifique sénégalais : «Marre de voir les Constitutions qui ne limitent pas les mandats de leurs élus, ni ceux présidentiels à deux tours. Marre de voir les chefs d’Etats, qui bien que s’étant enrichis au pouvoir, veulent par tous les moyens s’éterniser au trône». Ajoutant qu’elle s’identifie à la jeunesse du monde qui défie les régimes corrompus ou qui s’arc-boutent contre la volonté des peuples. «Nous sommes la jeunesse citoyenne du monde et responsable», ont précisé les jeunes Nynois.
Ces jeunes qui disent ne plus être là à seulement écouter, ni à ingurgiter les déclarations spectacles et populaires d’Ali Bongo Ondimba qui dit : «J’ai décidé de céder une partie de mon héritage à la jeunesse gabonaise». Car pour eux, on ne peut se dire préoccupé par les problèmes de la jeunesse gabonaise quand les résultats du baccalauréat, session 2015, n’en sont qu’à à 18% de succès, lorsque cette jeunesse passe plus de la moitié de l’année scolaire assise à la maison, à cause des grèves à répétitions qui secouent l’école gabonaise depuis les décennies et lorsque les étudiants des universités et grandes écoles n’arrivent pas à terminer leurs années académiques. «La jeunesse de la Nyanga a pris conscience que sa destinée n’est plus aux mains du PDG et de son président Ali Bongo Ondimba», déclarent-ils. En disant, stop à la main de l’asservissement et à la main qui tape sur la jeunesse.
Ajoutant que cette jeunesse se joint à Jean Ping pour rêver en grand des fondements d’un Gabon nouveau. Et de conclure, «Monsieur le président, vous l’homme indestructible, l’homme déterminé, l’homme de paix, vous avez le soutien indéfectible de la jeunesse de la Nyanga aujourd’hui et demain pour les joutes électorales».
Partout où Jean Ping est passé, les notables (hommes et femmes), avec des termes différents ont dit leur soutient au Dr d’Etat en science politique. Du fait que ces populations affirment qu’elles ont trop soufferts sous le régime du parti au pouvoir. «Monsieur le président Jean Ping. Nous vous attendions pour nous délivrer du joug de la dictature PDG. C’est vous notre messie (…) Au demeurant, Monsieur le président, ce combat politique est mené conjointement par les partis de l’opposition qui existent dans la Nyanga. Il s’agit de l’UPG, le RNB, l’ADERE, l’UPNR et l’ARENA. C’est pourquoi nous disons d’une seule voix, Dja Ping, tsetsu botsu tu dji otsim awu (Nous sommes derrière toi)», ont-ils confié.
Après chaque meeting ou causerie, l’ancien président de la Commission de l’Union Africaine (UA) recevait en audience les jeunes, femmes, notables, confessions religieuses… pour répondre à leurs préoccupations, notamment au sujet de son projet de société, la fraude électorale et le rôle de la France au Gabon.
S’agissant du projet de société, Jean Ping n’a pas pour l’instant voulu le publier. Car, il n’est pas encore candidat «et les émergent vont le copier», a-t-il ironisé. Il l’a plutôt résumé en deux volets essentiels : le Gabon à l’abri de la peur et le Gabon à l’abri du besoin. Quant à la fraude électorale, il a rassuré que son équipe et lui mettront sur pied des brigades anti-fraude. Et que les résultats des urnes seront filmés, diffusés et publiés immédiatement avant de les envoyer à la CENAP.
Concernant la France, taxée de main noire ou de main invisible qui place toujours à la tête de l’Etat les présidents qui n’aiment pas le Gabon, Jean Ping a dit que ses amis et lui font leur travail. «Je connais tous ces gens parce que j’ai été dans les mêmes milieux qu’eux. Nous parlons avec ces gens que nous essayons de convaincre», a-t-il informé. Précisant qu’ils discutent avec les variantes de la classe politique française et le patronat de l’hexagone. Aussi, a-t-il le sentiment que les Français sont convaincus et que les choses ont évolué considérablement depuis deux ans. Jean Ping a donc demandé à son public de ne pas se fier aux apparences en voyant Ali Bongo Ondimba être reçu par François Hollande. Car, les relations d’Etat à Etat sont différentes de celles entre hommes.
Au cours de cette tournée, Jean Ping a déposé des gerbes de fleurs sur les tombes du Général de corps d’armée Nazer Boulingui Koumba, André Délika (interprète de la coloniale qui a donné le nom Tchibanga qui signifie Fumoir) et Alexandre Biangué (premier membre du gouvernement de la province qui avait dit non, lors du référendum de 1957), tous trois à Tchibanga, Jean René Boussougou Ndziengui au village Bibora et Valentin Mihindou Mi Nzamba (ancien ministre) à Moabi.