Restituant les conclusions de l’audit de la mairie de Libreville, le 30 septembre courant, le ministre de la Fonction publique a dénoncé de nombreuses irrégularités avec, en prime, 1,83 milliard de francs de salaires indument payés.
Les conclusions du rapport d’audit de l’Hôtel de Ville, dont la restitution a eu lieu le 30 septembre courant, sont accablantes. Nombre d’incohérences et irrégularités ont été constatées dans la gestion du personnel. A l’ouverture de la cérémonie, Jean-Marie Ogandaga a rappelé l’intérêt de mener un audit professionnelle pour une raison simple : «L’objectif qui était visé n’était pas de faire une chasse aux sorcières. Mais plutôt de toucher du doigt là où il y avait des problèmes». Comment étaient gérés les agents ? D’où venaient-ils ? Quel étaient leurs niveaux ? Comment étaient-ils employés ? Quels étaient les niveaux de rémunération auxquels ils avaient droit en fonction de leurs grades, emplois et lieux d’affectation ? Autant de question auxquelles a tenté de répondre l’audit conduite par le ministère de la Fonction publique. «Outre des problèmes de gestion, il y a avait un certain nombre de problèmes liés à un certain nombre de personnels, dont le statut était inconnu», ont insisté les auditeurs.
A en croire Jean-Marie Ogandaga, l’audit a obéi à une certaine méthodologie qui consistait dresser un état des lieux des effectifs, de l’organisation administrative et de la qualification des agents. Il s’agissait ensuite de parvenir à une meilleure lisibilité de masse salariale. «Nous sommes donc arrivés à des conclusions importantes», a-t-il lancé. Il ressort de ce rapport que la mairie de Libreville ne dispose pas de logiciel de gestion des ressources humaines et qu’il n’y a aucun statut d’agent municipal. A cela s’ajoutent un certains nombre d’irrégularités : des centaines d’agents disposant d’arrêtés de recrutement sont inconnus des services; d’autres recrutés en catégorie A auraient dû l’être en C ; certains directeurs généraux n’ont pas le niveau requis pour être ne fût-ce que chef de service…
Jean-Marie Ogandaga s’est également étonné de ce que la direction des ressources humaines de la mairie de Libreville ait plus de 400 agents, alors que des directions opérationnelles en comptent moins. «Soit un effectif 500 fois plus important que le personnel total des mairies d’arrondissement», a-t-il ironisé, pointant du doigt le système de recrutement, qui se fait sur la base d’une simple attestation d’inscription dans une école. L’élaboration d’un tableau d’incidence financière liée aux classements indus de certains agents de la mairie de Libreville a été évoquée. D’où la formulation d’un certain nombre de recommandations, notamment la mise en place d’un cadre juridique; la mise en place d’un processus de dialogue social ; la restauration de l’équité et de l’orthodoxie administratives ; la suppression de l’avancement automatique ; la mise en place d’une méthode de reconnaissance des acquis professionnels ; la correction administrative de toutes les situations non conformes aux textes en vigueur ; la limitation des quotas de nomination à certaines fonctions … En somme, Jean-Marie Ogandaga a recommandé au maire de Libreville de «revenir à la loi car elle est impérative». «Pour mieux gérer les agents de la mairie, mettons en place un statut d’agent municipal avec les statuts qui s’imposent», a-t-il conseillé.