Du fait des doutes et interrogations récemment apparus dans l’opinion, suite à l’arrestation puis la détention de l’ancien ministre de la Fonction publique, le mouvement «Héritage et Modernité» est revenu sur cette affaire.
Depuis le 17 septembre dernier, Serge Maurice Mabiala a maille à partir avec la justice. Il est accusé d’avoir détourné à son bénéfice personnel 1,987 milliards de francs dans le cadre d’un redressement fiscal, alors qu’il était directeur des grandes entreprises (DGE), sous la responsabilité du directeur général des Impôts. Si l’accusation, portée il y a plus d’une semaine par le procureur de la République près le Tribunal spécial de lutte contre la délinquance financière et économique, a donné lieu à une procédure judiciaire, pour le courant «Héritage et Modernité» auquel il appartient, l’ancien ministre de la Fonction publique serait «un bouc-émissaire», «une victime collatérale» de la guéguerre qui les oppose depuis deux mois à «un groupuscule d’individus qui pensent pouvoir intimider des personnes qui sont déterminées à imposer des réformes utiles et nécessaires au sein du Parti démocratique gabonais (PDG)». Aussi, le 25 septembre courant, les membres de ce courant ont tenu à revenir sur la forme et le fond de cette affaire, qui, pour une bonne partie de l’opinion publique, fleure bon le règlement de comptes.
Serge Maurice Mabiala a passé près de 96 heures à la direction générale des Recherches. Par la suite, il a été admis à la prison centrale de Libreville pour des besoins d’enquête. Pour le député du 3e siège du département d’Etimboué, cet enchaînement de faits et la rapidité avec laquelle l’affaire a été menée montre une réelle méconnaissance des normes procédurales de la part des initiateurs, et cache mal l’objectif principal visé par les instigateurs : «la décapitation du rassemblement Héritage et Modernité».
Si Michel Mboumi a indiqué que les membres de ce courant ne sauraient être au-dessus de la loi, il n’en a pas moins fustigé le fait que le mis en cause ait été conduit au poste de gendarmerie sans mandat d’amener, et que le véritable motif de son arrestation ne lui ait été signifié qu’une quinzaine d’heures après. «Ne s’agissant pas d’un flagrant délit, n’aurait-il pas été possible de lui envoyer une convocation comme à tout autre justiciable, à laquelle Serge Maurice Mabiala n’aurait eu aucune difficulté pour répondre et se faire entendre sur ledit dossier ?», s’est-il interrogé, coupant court : «Il y a (eu) manifestement une violation des procédures légales en matière d’interpellation et de garde à vue».
Sur le fond de l’affaire, les membres de «Héritage et Modernité» ont fait remarquer la faiblesse du dossier, qui ne reposerait en réalité que sur «des raisons politiques voire politiciennes». Ils ont, de ce fait, émis quelques remarques «de bon sens» et des réserves sur les déclarations du procureur de la République, selon qui, en plus des 1,987 milliards de francs, Serge Maurice Mabiala se serait rendu coupable d’un détournement de 4,5 milliards de francs.
«Comment une personne physique a-t-elle pu détourner un chèque destiné au Trésor public, c’est-à-dire, à une personne morale ?», s’interrogent les membres de «Héritage et Modernité». «Il serait intéressant de connaître le nom de l’entreprise qui a signé un chèque de ce montant, quand on sait qu’en zone Cemac, il n’est pas indiqué d’effectuer un règlement par chèque pour un montant supérieur à 100 millions de francs», argumentent-ils, s’étonnant que l’enquête ait été incapable d’«établir une traçabilité à partir de la comptabilité de l’entreprise qui aurait volontairement choisi d’aggraver sa situation auprès de l’administration des impôts, en compensant directement ou indirectement une personne physique en lieu et place de l’administration fiscale».