Rebondissement spectaculaire dans le litige qui oppose Guido Santullo à l’État gabonais : le Pozzo di Borgo, hôtel particulier de luxe acquis pour 65 milliards de francs CFA par le Gabon, en 2010, est l’objet d’une saisie conservatoire obtenue du Tribunal de grande instance de Paris par l’avocat de l’homme d’affaires Italien.
L’hôtel particulier de luxe, Pozzo di Borgo, acquis en 2010 par le Gabon pour 65 milliards de francs CFA, est l’objet d’une saisie conservatoire, selon une alerte du média électronique d’informations confidentielles, La Lettre du Continent. Guido Santullo, le patron du Groupement Santullo Sericom, entreprise de BTP connue pour avoir notamment réalisé le pont de Mayumba, serait à l’origine de cette saisie. A travers, une lettre ouverte adressée au président de la République, le 23 juillet dernier, l’homme d’affaires Italien qui a demandé plusieurs fois à l’Etat gabonais d’honorer le paiement de ses factures, chiffrées à 364 milliards de francs CFA, annonçait qu’il allait s’en remettre «aux Instances Internationales en vue de recouvrer [sa] créance». Il est passé à l’action, après la sommation de le payer dans les 48 heures, adressée au gouvernement le 3 août dernier.
Joint au téléphone depuis l’Italie où il se trouve actuellement, Guido Santullo, qui indique avoir également été appelé à ce sujet par Yves Fernand Manfoumbi, porte-parole de la présidence de la République et coordonnateur général du BCPSGE, a laissé entendre qu’il n’avait pas été officiellement informé de cette saisie par son avocat, Ana Atallah. S’il a reconnu avoir fait saisir les tribunaux de Paris, il n’a pas manqué de souligner que «quand on confie une affaire à un avocat, c’est à lui d’en parler désormais». Il reste, selon une source de La Lettre du Continent, qu’à l’origine de cette saisie se trouve une décision de justice datant du 11 septembre dernier et consultable au greffe du Tribunal de grande instance de Paris.
Selon la même source, aucun scellé n’a été posé sur les ouvertures du Pozzo di Borgo. Il serait plutôt question d’une saisie «des actions de l’Etat gabonais dans la SCI (Société civile immobilière – ndlr) qui gère cet hôtel particulier». Actions de l’Etat gabonais ? De notoriété publique, les statuts de la SCI propriétaire du bâtiment, l’extrait du registre du commerce et l’acte notarié produit lors de la vente indiquent que «l’État de la République gabonaise» a acquis, le 21 avril 2010, les titres des sociétés civiles immobilières constituées par la famille Pozzo di Borgo pour cet immeuble. Il s’agit donc d’un «bien public, au nom du peuple gabonais», ainsi que l’écrivait, en juillet 2011, Renaud Lecadre du journal français Libération. Y aura-t-il donc des associés pour qu’il soit question de saisie «des actions de l’Etat gabonais» ?
La Lettre du Continent indique que cette opération de saisie conservatoire «a poussé les autorités gabonaises à entrer rapidement en négociation avec l’homme d’affaires. Ce dernier devrait se rendre à Libreville dans les prochains jours. Au Palais du bord de mer, c’est un proche d’Ali Bongo, Yves Fernand Manfoumbi […] qui a été chargé de gérer ce dossier.» Le voyage de Guido Santullo vers Libreville, si avéré, pourra-t-il déboucher sur un gentlemen’s agreement ?