Libreville - Dans une tribune libre publiée samedi 19 septembre 2015 dans l’Union, Régis Immongault Tatangani, Ministre gabonais du Développement Durable, de l’Economie, de la Promotion des Investissements et de la Prospective, s’est exprimé sur la politique monétaire de la FED (Federal Reserve System). Voici les détails son intervention.
Nous attendions le jeudi dernier l’annonce de la présidente du Conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale des Etats-Unis, Janet Yellen, sur l’orientation de la politique monétaire américaine suite à la réunion de Jackson Hole. L’enjeu principal de cette intervention orale était de savoir si la réserve fédérale allait procéder à la hausse des taux directeurs, maintenus depuis 2008 à 0,25%.
Autrement dit, il s’agissait de déterminer si la réserve fédérale allait continuer à mettre en œuvre une politique monétaire accommodante ou bien si, au contraire, elle changerait de cap en enclenchant une politique monétaire plus restrictive.
La réserve fédérale a décidé de garder le statu quo en maintenant les taux directeurs à leur niveau de 2008. La reprise américaine, qui s’est traduite par des chiffres de consommation et de création d’emplois satisfaisants au printemps dernier, n’est suffisamment pas solide pour que les autorités monétaires réagissent par une hausse des taux. Celle-ci a été plusieurs fois annoncée et chaque fois repoussée.
Pour reprendre les mots de J. Yellen lors de sa conférence de presse, « ce sont les données économiques qui nous (la réserve fédérale) font agir ainsi ». Toutefois, la présidente de la FED a précisé qu’un « relèvement des taux en Octobre reste une possibilité ». Les Etats-Unis sont conscients du climat incertain de l’économie mondiale. Les risques baissiers sur l’économie américaine du ralentissement de la croissance et de la demande Chinoise ne sont pas négligeables. Par ailleurs, le climat macroéconomique mondial actuel ne laisse pas prévoir une croissance économique globale à tendance inflationniste.
Comme vous le savez, le dollar est la monnaie clé du système monétaire international. Tout assouplissement ou resserrement de la politique monétaire américaine conditionne l’économie financière mondiale. Le Gabon n’échappe pas à la règle et nous devons être vigilants aux évolutions de la politique de la réserve fédérale américaine. La décision de la FED rendue par Janet Yellen peut être perçue comme une bonne nouvelle dans la mesure où les conditions de liquidités restent inchangées et continueront à soutenir la croissance des pays émergents.
Il fallait craindre d’une remontée des taux qu’elle ralentisse le rythme de la reprise mondiale, en accélérant la fuite de capitaux des pays émergents vers les Etats-Unis. Cette fuite des capitaux aurait pu accentuer les pressions baissières sur les monnaies des pays émergent. Le Gabon était directement exposé à ces risques. C’est aussi l’occasion pour nous de rappeler l’importance de l’implémentation progressive de nos réformes voulues par le Président de la République, Chef de l’Etat.
L’objectif principal de ces réformes est double : elles permettent de rendre l’économie Gabonaise attractive pour les investisseurs internationaux tout en renforçant notre résilience aux fluctuations exogènes de l’économie mondiale. Depuis maintenant plus d’un an, les autorités Gabonaises ont adopté une série de mesures visant à assurer le maintien des grands équilibres financiers du pays. L’amélioration de notre fiscalité, la meilleure gestion de nos dépenses publiques, la prudence dans notre endettement et le désengagement progressif de l’Etat dans certains secteurs de l’économie Gabonaise en vue de favoriser l’initiative privée e sont les quatre grands axes de notre stratégie.
Le Gabon a été en mesure de réagir plus rapidement et plus efficacement que d’autres pays pétroliers à assurer l’équilibre des finances publiques sous l’hypothèse d’un prix du baril à 40$. Nous devons absolument prendre des mesures pour supporter toute éventuelle hausse des taux directeurs américains. Il convient dès aujourd’hui de mettre en œuvre toutes les mesures d’ajustements structurels qui pourraient s’avérer nécessaires pour contenir notre exposition à ce type de facteurs exogènes.
Les autorités Gabonaises se sont engagées à adopter des budgets équilibrés construits sur des hypothèses très conservatrices de taux de change (euro/dollar US), afin de garantir la viabilité des finances publiques et préserver la stabilité macroéconomique. Nous avons l’intime conviction que cette voie est celle d’un pays cherchant à maintenir une trajectoire crédible de son économie.