Se désignant Collectif Adh’oc des Ekang du Gabon (CAEG), une organisation a procédé à une déclaration, le 15 février 2014 à Libreville, pour dénoncer le mutisme des autorités gabonaise et des hiérarques du Parti démocratique gabonais (PDG) après les propos de Michel Ogandaga, un proche des cercles du pouvoir, concernant les Fang et les déboires du parti au pouvoir dans le septentrion.
Pour fixer les esprits, on rappellera le nom «Ekang» désigne l’ensemble des peuples appelés communément Fang, Pahouin ou Fang-Beti-Bulu. Se réclamant donc de ce groupe ethnique, le Collectif sus cité entend trainer Michel Ogandaga, présenté comme un membre de la cohorte des Conseillers du président de la République, devant les tribunaux afin que réparation soit faite à la communauté Fang du Gabon qui se sent ainsi stigmatisée.
Pour rappel, il y a quelques semaines, sur sa page du réseau social Facebook, Michel Ogandaga, figure de la blogosphère gabonaise, a certainement eu la maladresse de se laisser aller en diffusant des propos peu courtois concernant les «Pédégistes» de Bitam et l’échec à l’élection du 14 décembre 2014. Pour être clair, sans ambages, il écrivait : «Je suis un homme en colère, écœuré par ce qui se trame actuellement au sein du PDG du Woleu-Ntem. Même si la traîtrise de nombreux militants PDG du Woleu-Ntem ne surprend personne, cette province a toujours été le bastion du judaïsme, antichambre du salafisme». Il ajoutait en en substance que «pour mettre un terme à cette immense saloperie, le grand ménage doit être fait maintenant dans le PDG. Je demande donc des sanctions ferme et immédiat contre ces ordures : – exclusion illico presto du Parti Démocratique Gabonais, limogeage manu militari de toute fonction officielle, suspension à vie de tout revenu, salaire, pension, retraite, etc. Cette seconde traîtrise est intolérable et inacceptable».
Ces propos, évidemment violent à certains endroits occultés pour leur obscénité, a entrainé la constitution du Collectif Adh’oc des Ekang du Gabon qui entend dénoncer le mutisme du gouvernement et du PDG, entre autres, face à ce qu’il considère comme «des propos haineux, tribalistes et dangereux pour l’Etat de droit, la démocratie et l’équilibre du Gabon». Selon le CAEG, le propos de Michel Ogandaga fait dans la stigmatisation et livre en pâture toute la communauté Fang sans que l’exécutif ni le judiciaire n’interpelle cet homme, ni son parti. Le collectif s’insurge également contre le silence du Conseil national de la communication (CNC) qui aurait du, selon lui, agir contre l’hebdomadaire L’aube qui, rebondissant sur les propos incriminés, a ironiquement titré en prière de couverture : «Tuez-les tous» avec des photographies des personnalités célèbres de la communauté Fang du Gabon.
«Ce qui se passe est tout à fait inacceptable», a lancé l’un des participants à la rencontre tandis qu’un autre estimait par ailleurs que «la justice qui avait condamné avec énergie la prestation de serment d’André Mba Obame sous le prétexte qu’il s’agissait d’une tentative de déstabilisation de l’Etat aurait du s’autosaisir car, Michel Ogandaga a tenu des propos capables de susciter la haine et de déstabiliser le pays».
Se référant au contexte électoral de 2009, le CAEG craint que les propos de Michel Ogandaga ne soient minimisés comme le slogan «Tout sauf les Fang», ventilé durant la campagne présidentielle anticipée de cette année-là ; alors qu’il s’agit d’un élément qui annonce les couleurs de la xénophobie, du tribalisme et de la haine du prochain. «Le silence de la présidence de la République, du ministère de la Justice et du Parti démocratique gabonais apparaît comme un silence coupable», ont fait savoir les membres du collectif avant que son président, Privat Ngomo, ne s’interroge : «mais quel crime avons-nous commis ? De quoi nous accuse-t-on au juste ? De quels actes odieux, abominables, répréhensibles et antirépublicains la communauté Ekang du Gabon s’est-elle rendue coupable ?».
«Le Collectif Ad’hoc des Ekang du Gabon, créé pour cette malheureuse circonstance, dénonçons publiquement l’inertie des pouvoirs publics et condamnons avec la plus grande fermeté les propos d’incitation à la haine raciale et au crime génocidaire du conseiller du président de la République, qui pour le coup, ne doit plus assumer la fonction qui est la sienne. De même, le Collectif exige un débat public sur la géopolitique et sa pratique dans notre pays depuis l’indépendance. Ceci, afin de permettre que la raison l’emporte sur les passions déchaînées qui peuvent malheureusement conduire à l’irréparable», déclare le collectif.