Institué par la loi de Finances 2014 et devant entrer en vigueurdès le début de l’année, l’Impôt synthétique libératoire (ISL) est jugé absurde et créé des remous, ces derniers jours, au sein des groupes de «petits» commerçants du pays et autres opérateurs économiques qui y sont astreints.
Institué par la loi de Finances pour l’année 2014, l’Impôt synthétique libératoire (ISL) dont l’entrée en vigueur a récemment été annoncée par voie de presse, suscite de vives craintes auprès des opérateurs économiques exerçant au Gabon. Pour cause : ce prélèvement, selon un communiqué de la Direction générale des impôts (DGI) paru le jeudi 12 février 2014, est imputable à toutes «les personnes physiques exerçant une activité commerciale, industrielle ou agricole à titre indépendant dont le chiffre d’affaires annuel est inférieur à trente millions (30 000 000) de francs CFA et les contribuables précédemment soumis au régime de base conformément à l’article 135 du Code général des impôts.»
En clair, du simple cireur de chaussures arpentant les rues aux vendeurs de légumes sur les étals des marchés des villes de l’intérieur du pays en passant par le promoteur de boîte de nuit, tous les commerçants exerçant sur l’étendue du territoire national y sont astreints. Il s’agit de «susciter l’adhésion à l’impôt pour l’ensemble des contribuables, si «petits» soient-ils» et encourager l’économie gabonaise.
Si aucun des commerçants assujettis à ce nouvel impôt ne s’en est acquitté jusqu’alors, pour Joël Ogouma, le directeur général de l’Impôt, la redevance devrait rentrer en vigueur de manière effective dès la semaine prochaine : «avant le 28 février de chaque année». Le tarifaire de cet impôt varie de 200 000 à 2,4 millions de francs CFA, selon la profession et la nature de l’activité commerciale. Toute chose qui, selon de nombreux commerçants, ne laisse pas une grande marge de manœuvre et n’encourage en aucune manière l’effort des familles les plus démunies dont la seule voie de sortie reste souvent la pratique de petits commerces.
«Comment feront les femmes qui se battent pour nourrir leurs enfants grâce à la vente des tas de piment, de banane ou même d’eau ?», s’enquière une dame visiblement inquiète du sort réservé aux petits commerçants du Gabon. Un sort qui n’augure rien de bon, si l’on s’en tient au tableau des tarifs publié par la DGI. En effet, celui-ci, entre autres informations, indique que chaque année la jeune femme offrant les services de pédicure, l’écailleur de poisson, le vendeur de boissons alcoolisées devront s’acquitter respectivement de 600 000, 200 000 et 1 400 000 francs CFA. «Si ce n’est pas tuer les pauvres petits commerçants, qu’est-ce que c’est ?», s’est interrogée la même dame.
Pour un propriétaire de bistrot du quartier Alibadeng dans le 1er arrondissement de Libreville, l’affaire est loin de trouver l’assentiment des «petits commerçants débrouillards». «A l’heure où le Président de la République parle de réduction de la pauvreté pour les populations gabonaises, dans le même temps des impôts tel que l’ISL sont créés pour compliquer davantage la vie aux gens. Que l’on trouve d’autres moyens pour renflouer les caisses de l’Etat au lieu de s’appuyer sur le dos des Gabonais et autres petits commerçants qui cherchent à gagner leur vie», s’est-il insurgé. Pour d’autres, l’adoption de telle mesure n’a pour conséquence que de soutenir la frustration d’une population, bien qu’entreprenante qui se sent déjà abandonnée à elle-même, en plus de nourrir la rumeur selon laquelle «les caisses de l’Etat sont vides. Le Gabon est en cessation de payement !