Les procureurs de la Suisse et des Etats-Unis ont relancé lundi la procédure pénale contre la Fédération internationale de football (FIFA), indiquant que des accusations supplémentaires contre des individus et des entités pourraient s'ensuivre sur la base des preuves actuelles.
En mai, les services du bureau du procureur suisse avait ouvert une procédure pénale contre des individus non identifiés pour soupçon de mauvaise gestion et de blanchiment d'argent en lien avec l'attribution des Coupes du monde de football 2018 et 2022.
Le 27 mai, les services avaient saisi des données électroniques et des documents au siège de la FIFA à Zurich. Le même jour, mais dans le cadre d'une procédure séparée, des responsables du football et des personnes soupçonnées de corruption avaient été arrêtées à Zurich et placées en détention, en attente d'extradition.
Michael Lauber, le Procureur suisse a annoncé lundi lors d'une conférence de presse avec son homologue américaine Loretta Lynch qu'une équipe spéciale, celle qui avait mené l'enquête criminelle en Suisse, avait effectué des perquisitions dans des domiciles et rassemblé de nouvelles preuves.
Il a noté que quand nécessaire, des biens financiers avaient été saisis, y compris de l'immobilier, par exemple des appartements dans les Alpes suisses, soulignant que "des investissements dans l'immobilier pouvaient être mal utilisés dans le but de blanchir de l'argent".
A la date de lundi, 121 différents comptes en banque ont été soumis à l'attention de l'équipe spéciale par le Bureau suisse de communication en matière de blanchiment d'argent (MROS). Les banques en Suisse remplissent leur devoir légal en transmettant les rapports sur des transactions douteuses au MROS.
"Nous devons décider pour chaque rapport, s'il faut ouvrir une nouvelle enquête, le joindre à une enquête existante et si les avoirs doivent être gelés", a-t-il ajouté.
Concernant la gestion des grandes quantités de données électroniques saisies, qui s'élèvent jusqu'ici à environ 11 térabytes, il a estimé que le processus d'enquête n'en était "pas même à la moitié".
Il a précisé que les services du procureur en Suisse cherchaient des moyens d'accélérer la procédure, ajoutant que si les parties impliquées coopéraient de manière plus substantielle, cela aiderait.
En mai également, le département américain de la justice avait annoncé des charges contre 14 individus pour des accusations de corruption au sein des travaux internes liés au sport le plus populaire au monde.
La procureure américaine Loretta Lynch a révélé que 13 des 14 accusés avaient été arrêtés par des autorités américaines ou étrangères.
Trois accusés sont actuellement aux Etats-Unis et ont été présentés devant un tribunal fédéral à Brooklyn, leurs procès étant en cours. Dix autres sont actuellement en attente d'extradition ici en Suisse ainsi que dans trois autres pays.
Sur la base d'une coopération significative et de preuves substantielles venues de toutes parts, elle prévoit des accusations supplémentaires contre des individus et des entités.
"A tous ceux qui cherchent à vivre dans le passé et revenir au football du temps de la corruption, du clientélisme et du népotisme, cette réponse mondiale envoie un message clair : vous êtes du mauvais côté de l'histoire et vous ne rendez pas service à l'intégrité de ce très beau sport", a mis en garde la procureure.