Le gouvernement formé vendredi dernier animera sans doute durant plusieurs jours, les discussions dans les quartiers ; il pourrait aussi occuper nombre de pages dans les journaux ainsi que les forums des réseaux sociaux. Pour cause, il est rare en Afrique et surtout au Gabon qu’un acteur politique rejette tous les prestiges et les privilèges gravitant autour de la fonction de ministre.
Après un message posté sur son blog, Moukagni Iwangou a tenu une conférence de presse samedi à Libreville pour désavouer son entrée dans le nouveau gouvernement de Daniel Ona Ondo. Mais bien avant lui, l’opposant Robert Endamane du RPG de Paul Mba Abessole, se serait rendu à la chaine de l’Etat, juste après sa nomination, pour dire son refus d’adhérer à cette équipe gouvernementale. Il se serait rendu à Gabon télévision pour faire une déclaration sur son refus d’être ministre sous Ali Bongo Ondimba mais n’aurait pas obtenu le temps d’antenne sollicité. Il s’est alors résigné à un message envoyé dans les rédactions de la presse.
Jean de Dieu Moukagni Iwangou, pour sa part, à convoqué les journalistes pour dire : « non, non et non. Le peuple veut que nous puissions conserver une chance de renouveler les gouvernants ; mon refus est un appel à une réelle mobilisation, à l’unité du peuple gabonais impatient de voir le changement ! ». Juste après la formation de ce gouvernement, des agents des forces de l’ordre auraient été postés au domicile de l’opposant devenu ministre, pour assurer sa sécurité. Mais il leur aurait demandé de quitter les lieux.
Sur sa page Tweetter, Ali Bongo Ondimba, le président gabonais avait déjà posté un message de félicitation pour Jean de Dieu Moukagni Iwangou : « je salue l’arrivée de Jean De Dieu Moukagni Iwangou, issu de l’opposition radicale pour piloter un projet phare : le programme graine ». L’opposant a pourtant affirmé qu’il n’avait pas été consulté. La composition d’un gouvernement au Gabon apparaît dès lors comme un jeu de tirage au sort dans lequel on veut à la fois récompenser certains et rabaisser d’autres, sans réellement avoir le souci de résoudre les problèmes du peuple. Comment expliquer la nomination de Paul Biyoghe Mba, actuellement président du conseil économique et social ? Le retour d’anciens ministres qui n’avaient jamais pu faire leur preuve ? L’effectif de ce gouvernement en dit long sur ses réels objectifs et les motivations qui ont poussé Ali Bongo Ondimba à le former.
Durant les 47 ans que le PDG a déjà faits au pouvoir, la fonction de ministre est apparue comme l’un des plus hauts postes, après celui de Président de la République. Très souvent, il arrive que les nouveaux ministres et mêmes les ministres reconduits organisent une fête à leur domicile ou dans leur village pour célébrer la nomination et surtout pour remercier le Chef de l’État. Il semble qu’on devient ministre au Gabon pour soi-même, pour sa famille et son village.
Durant les années Omar Bongo, des leaders de l’opposition ont perdu leur aura politique en adhérents à un gouvernement qui ne leur laissait aucune marge d’expression. Ils s’éteignaient à petit feu et tombaient dans le mépris du peuple.