M. Jean de Dieu Moukagni Iwangou a été longuement consulté avant la formation du gouvernement, et il a marqué son accord aussi bien sur le principe d’entrer au gouvernement, que sur le portefeuille ministériel qui lui a été proposé», a affirmé Alain-Claude Billie-By-Nzé dans une déclaration diffusée samedi soir sur la chaîne publique de télévision, Gabon Télévision.
Le président de l’UPG (aile loyaliste) était donc d’accord sur tout ? Et sur sa participation au gouvernement, et sur le poste de ministre d’Etat qui lui a été proposé ? Si diverses sources ont confirmé aujourd’hui le propos du Porte-parole du gouvernement, cela signifierait que tout en demandant aux Gabonais de se mobiliser pour la destitution d’Ali Bongo, Jean de Dieu Moukagni Iwangou reçoit des émissaires de celui-ci pour son avenir personnel. Il y a des risques que cela brouille l’image de ce magistrat qui a toujours eu une posture d’opposant radical.
Osons le dire : en recevant des émissaires du Palais du Bord de mer et du «2-Décembre» et en discutant avec eux de son éventuelle entrée au gouvernement, Jean de Dieu Moukagni Iwangou a-t-il mesuré les risques qu’il prenait de briser son camp et de dissoudre comme du sucre dans de l’eau tout le capital-sympathie qu’il a engrangé dans l’opinion ? Accepter de discuter de son avenir personnel dans les coulisses, tout en demandant la mobilisation du «peuple de l’opposition» pour des actions d’envergure va incontestablement brouiller son discours et son aura.
Il y a quelques semaines, à la mi-août, un des proches collaborateurs du Premier ministre informait de l’imminence de l’entrée au gouvernement d’un haut responsable de l’opposition. «Nous avons péché un gros poisson dans les eaux d’en face», affirmait-il. Etait-ce donc Jean de Dieu Moukagni Iwangou ? Dans les cercles qui en avaient été informés, on pensait plutôt à Séraphin Ndaot, à Léon Mbou Yembi, opposant modéré devenu, voire à Séraphin Akuré Davain. La même source indique que la seule condition posée par le président de l’UPG était la promesse de la tenue d’un dialogue politique inclusif. S’il avait obtenu la réalisation de cette promesse de dialogue, Jean de Dieu Moukagni Iwangou serait-il allé s’asseoir sur la table du Conseil des ministres présidé par quelqu’un dont il conteste l’acte de naissance et l’élection ?
Tous ces questionnements ne manqueront pas de revenir dans les jours à venir. Jean de Dieu Moukagni Iwangou n’a pas fini de répondre à des interrogations. Sur ses négociations avec le pouvoir et sur le sens de son combat.