Un libanais incarcéré depuis 27 mois et dont l’ordre de libération de la cour d’appel de Libreville datant du 20 août dernier n’est toujours pas exécuté, sans raisons, menace de se suicider, rapporte l’hebdomadaire La Nouvelle République.
Voici le triste récit de La Nouvelle République sur l’histoire de ce libanais qui serait également gabonais.
Il s’appelle Hachem Lemami. Il est libanais. Il est naturellement homme d’affaires. Il doit probablement avoir mouillé dans des affaires drôles, mais ce qui nous intéresse aujourd’hui c’est le fonctionnement de notre justice.
Tenez. Une enquête à la prison centrale et dans les couloirs du palais de justice de Libreville nous a permis de découvrir des choses étranges qui nous inspirent d’ailleurs la création d’une chronique judiciaire.
Voici la sombre, triste, douloureuse et dramatique histoire d’Hachem Lemami. Il y a 27 mois, l’homme d’affaires a été écroué à sans famille. Motif : association des malfaiteurs et abus des biens sociaux. Une instruction est immédiatement lancée. La loi donne au juge d’instruction 24 mois pour réunir les preuves et établir la culpabilité du prévenu. Passé ce délai, la justice doit mettre le prévenu en liberté provisoire d’office.
A en croire nos sources, l’instruction ne parvient pas à mettre la main sur les autres malfaiteurs qui ont formé l’association avec le ressortissant du pays de cèdre devenu certainement gabonais. En droit, un justiciable poursuivi pour association des malfaiteurs ne peut pas être seul. Il faut au minimum un complice sinon, la qualification d’association de malfaiteurs tombe. Chose curieuse, Hachem Lemami est toujours seul dans son association, donc il est seul en prison. Une incongruité qui a suscité notre attention et qui mérite de la justice des explications.
Un magistrat loin du dossier contact par notre rédaction a expliqué qu’il est possible de poursuivre un individu pour association de malfaiteurs. Il revient à l’instruction de requalifier l’accusation durant l’instruction de l’affaire. Dans le cas d’espèce, rien n’a été fait. Le libanais reste poursuivi pour association de malfaiteurs.
Hachem Lemami est aussi poursuivi pour « abus des biens sociaux ». La aussi, notre petite enquête a débouché sur une conclusion étrange. L’abus des biens sociaux n’est pas un délit au Gabon simplement parce que la loi n’a pas prévu et puni un tel crime. Il y a donc vide juridique. Le code pénal gabonais est muet sur ce délit. Et quand il y a vide juridique, soit le juge s’appui sur la jurisprudence ou prononce simplement la relaxe du prévenu.
La Cour d’appel foulée au pied
Le dossier du prévenu a donc traversé toutes les étapes. Et finalement la Cour d’appel a rendu sa décision. Hachem Lemami a été libéré. C’était le 20 août dernier. Ce jour là, selon nos informations, 9 personnes dont 3 et 6 hommes ont bénéficié du même ordre de liberté signé de Monsieur Kanderi, Procureur général adjoint assurant l’intérim. Toutes les autres personnes ont été simplement relaxées sauf le libanais. Plus rien donc ne justifie le maintien de cet homme en prison.
Un avocat contacté par la Nouvelle République reconnait qu’il est possible de faire appel sur l’ordre de libération de la Cour d’appel. Cependant, le pourvoi dans ce cas précis n’est pas suspensif. Le prévenu doit d’abord être libéré et laisser la justice suivre son cour normal. Mais au palais de justice, ces règles élémentaires sont foulées au pied. On ne sait pas quel droit applique-t-on dans cette espère de forêt sauvage où tout se mélange comme dans un panier à crabes.
La Nouvelle République n’est pas un tribunal pour défendre un libanais mais ici nous voulons que notre pays devienne un modèle, un véritable Etat de droit comme prôné par Ali Bongo, président du Conseil supérieur de la magistrature.
Tentative de suicide
Maintenu injustement en prison, le pauvre Hachem Lémami est désespéré. Il serait à bout de nerfs. Il aurait tenté de se suicider. Comme cette solution n’a pas été possible, il serait sur le point d’arrêter de s’alimenter. Simple chantage ou vérité, nous y reviendrons jusqu’à ce que justice soit faite.