Loin de les surprendre ou de les déstabiliser dans leur combat pour l’alternance, les récentes accusations portées contre l’Union nationale (UN), ne seraient que les manifestations d’une d’offre publique d’achat (OPA) masquée et qui a tourné court. Du moins, selon son porte-parole interviewé par nos confrères de La Loupe.
Accusé de tout depuis un certain temps par certains de ses cadres, le directoire de l’Union nationale (UN) a rompu le silence par la voix de son porte-parole. Visiblement irrité par le comportement de certains de ses frères d’armes, François Ondo Edou s’est livré à une riposte qui ne manquera pas de faire des vagues. «De Niamey où il se trouvait encore pour raison de maladie, AMO [André Mba Obame -ndlr], après avoir refusé, à plusieurs reprises, de recevoir l’un des tout nouveaux opposants gabonais qui souhaitait vivement le rencontrer, attirait l’attention du directoire sur l’imminence d’une tentative d’OPA sur notre parti. Qui peut encore en douter ?», assène-t-il d’entrée de jeu. «De nombreux responsables et non des moindres sont instrumentalisés, mieux, des approches sont faites pour amener les Fang à ne pas faire usage de leurs droits de citoyens libres. On fait même croire à nos militants et sympathisants qu’un des candidats déjà déclarés aurait été adoubés par AMO à Niamey et qu’il serait le Josué qui doit parachever l’œuvre de Moïse, le tout sous des accents populistes», lance le porte-parole de l’UN, dans une interview accordée à l’hebdomadaire La Loupe.
Sans le citer, le porte-parole de l’UN semble défendre le thèse d’un complot ourdi contre son parti par Jean Ping. Affirmant avoir été le dernier collaborateur à travailler avec André Mba Obame, un mois durant à Yaoundé, François Ondo Edou bat en brèche le «prétendu adoubement». «Et comme par hasard, tous ceux qui ont combattu AMO depuis 2009, ceux qui ont raillé sur sa maladie ou qui ont refusé de faire reconnaître sa victoire à la communauté internationale, préférant féliciter Ali Bongo, se retrouvent autour de sa dépouille, à la manière des charognards. Décapiter l’Union nationale, son héritage, c’est tuer AMO une seconde fois», fait-il savoir. «Le complot est éventé, les centaines de milliers de Gabonais qui ont accompagné AMO à sa dernière demeure apprécieront, les populations du Woleu-Ntem aussi», tranche-t-il, comme pour dire avoir déjoué la supposée manœuvre.
Pour lui, le choix du moment pour lancer ces accusations contre son parti n’est pas anodin. «C’est précisément au moment où des révélations sont faites à un ou deux membres du gouvernement alternatif sur la mort imminente d’André Mba Obame que la cabale a commencé», explique-t-il, poursuivant : «Convaincus que le président élu ne survivrait pas à sa maladie, ces profito-situationnistes ont commis un émissaire à l’étranger pour rencontrer Jean Ping, afin qu’il vienne combler le vide que laisserait AMO. Que lui ont-ils promis ? Qu’a-t-il exigé ? C’est alors que les auteurs de cette initiative montent une opération visant à diaboliser les Myboto. La succession d’André Mba Obame étant en vue, il faut à tout prix écarter le président du parti et le vice- président Oye Mba. On se rappelle subitement que Paul-Marie Gondjout est le gendre de Myboto, alors que depuis la création du parti en février 2010, cette filiation n’a jamais posé aucun problème au sein du parti. Bien au contraire, tout le monde a trouvé normal que Paul-Marie Gondjout occupe les fonctions de ministre de l’Energie dans le gouvernement alternatif» formé par Mba Obame en janvier 2011.
Répondant aux accusations du maire d’Oyem, notamment celle de vouloir maintenir la dynastie Bongo au pouvoir en faisant le jeu du PDG, François Ondo Edou dit ne pas vouloir croire, du fait que Vincent Essono Mengue est encore coordonnateur provincial de l’UN dans le Woleu-Ntem, «qu’il s’accuse de vouloir maintenir la dynastie Bongo au pouvoir en faisant le jeu du PDG». Pour lui, cela relève du nouveau comportement de certains opposants qui ne tolèrent pas la contradiction. «Aujourd’hui, c’est la nouvelle pensée unique. Dès que votre point de vue est différent de celui des chantres de cette pensée, on vous affuble de tous les noms d’oiseaux». Et François Ondo Edou de dire que ce qui se profile à l’horizon avec autant d’intolérance, de violence verbale, laisse craindre l’émergence d’une nouvelle dictature plus élaborée et pire que celle que les Gabonais combattent aujourd’hui. «Tous ces anciens pédégistes sont, sans confession, subitement devenus des saints, niant même la qualité d’opposants à ceux qui, comme Luc Bengone Nsi, luttent depuis plus de 30 ans contre le système Bongo-PDG. Serions-nous en train d’assister à une nouvelle forme d’entrisme ? Les mêmes éléments qui ont initié l’entrisme au PDG dans les années 70 se retrouvent comme par hasard sur scène, sans doute avec le même dessein. D’autres, encore tapis dans l’ombre, leur apportent les moyens financiers avec lesquels ils peuvent débaucher les opposants de l’Union nationale et des autres partis du Front qui se montreraient résistants, avant de retrouver leurs amis. C’est du Machiavel ou presque», dit-il.
Alors que l’échéance de la présidentielle de 2016 approche, le démon de la discorde s’installe progressivement au sein de l’opposition. Une situation qui invite à interroger sur la possibilité d’une candidature unique de l’opposition.