Créé par le décret n° 45-0136 du 26 décembre 1945 fixant la valeur de certaines monnaies des territoires d’outre-mer, le franc des colonies françaises d’Afrique (CFA), devenu plus tard franc de la communauté (coopération) financière africaine, fait l’objet d’une pétition pour son abrogation.
Les voix ne cessent de s’élever et des actions entreprises pour obtenir la suppression sans condition de la monnaie coloniale présentée comme un «système d’asservissement et de pillage des ressources imposées par la France à 14 pays africains». De plus en plus, les Africains s’imprègnent des réalités monétaires et s’interrogent sur le bien-fondé du maintien du franc CFA. Pour maintenir la pression et donner plus de force à ce combat, une pétition a été lancée, le 23 août courant, sur le site mesopinions.com. «Ça suffit ! Nous ne voulons plus du franc CFA! Nous ne voulons plus du néo-colonialisme. Nous voulons notre souveraineté monétaire et battre nous-mêmes notre monnaie!», précise la protestation.
En effet, selon certains observateurs habités par l’envie de voir les pays de l’actuelle zone franc se doter de monnaies nationales, toute la politique de réserve de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et de la Banque des États de l’Afrique central (BEAC) se résume en fait en un vaste subterfuge qui alimente un marché de dupes. Une parité fixe garante d’un franc CFA fort mettrait les compagnies françaises (Bouygues, Areva, Total, Bolloré, Orange, BNP-Paribas, Société Générale, Air France, etc.) à l’abri des dépréciations monétaires courantes. «La convertibilité et le libre transfert leur permettent d’exiler les profits et les fortunes qu’elles engrangent. La France contrôle intégralement cette monnaie et l’imprime même chez elle à Chamalières près de Clermont-Ferrand (en Auvergne) alors que cette monnaie est censée appartenir à des États dit souverains. Ce système monétaire injuste et humiliant, maintient ces pays dans une pauvreté chronique depuis plus de 50 ans en les spoliant de 50% de leurs revenues d’exportation qui sont bloqués par le Trésor français dans des comptes appelés comptes d’opération», souligne l’auteur de la pétition, Sêgnon Axel Kounasso.
Pour ces militants de l’abolition du franc CFA, il est inacceptable que 50 ans après les indépendances, les pays africains de la zone franc (PAZF) n’arrivent pas à accéder à la souveraineté monétaire, préalable à la souveraineté tout court. Franc CFA est une appellation commune aux deux monnaies circulant dans les 14 pays membres de la zone franc et dont la convertibilité extérieure est garantie par le Trésor français. Il s’agit, pour la zone Cemac, du Cameroun, de la République Centrafricaine, du Congo, du Gabon, de la Guinée équatoriale et du Tchad. Le franc CFA y est émis par la BEAC. Pour la zone de l’Union économique et monétaire ouest-africain (UEMOA), les pays concernés sont le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo. Dans cette zone, le franc CFA est émis par la BCEAO.