Entouré des salariés grévistes de la société Baker Hughes, le secrétaire national en charge de la négociation et de la politique de l’emploi au sein de l’Onep a dénoncé, le 25 août 2015, un complot ourdi de longue date pour licencier des Gabonais. Son syndicat ne se pliera pas à la décision du tribunal.
Sabin Kakoughou Obouono, secrétaire national en charge de la négociation et de la politique de l’emploi au sein de l’Organisation nationale des employés du pétrole (Onep), a tenu, le 25 août 2015, à édifier l’opinion sur la position de la célèbre organisation syndicale, après que le tribunal de Port-Gentil eut déclaré illicites la grève observée par les salariés les 25 et 29 mai derniers et le préavis de grève déposé par l’Onep le 4 juillet dernier. «L’Onep estime que cette ordonnance constitue une dangereuse atteinte au droit fondamental et imprescriptible de grève. Il s’agit malheureusement du genre de décision qui vient épaissir le discrédit pesant déjà lourdement sur la Justice au Gabon, notamment le tribunal de Port-Gentil», a-t-il déclaré.
Pour le syndicat, il est hors de question que l’on se plie devant une telle décision. Et pour cela, il compte utiliser «tous les moyens» pour s’opposer à son application, non sans indiquer qu’il a tout de même interjeté appel. Aussi, pour commencer, annonce-t-il sa volonté de maintenir son mouvement de grève lancé le 10 juillet dernier au sein de la société Baker Hughes. «L’Onep déclare donc urbi et orbi qu’elle n’accepte pas cette décision anticonstitutionnelle, qu’elle ne la mettra jamais en application au nom du peuple gabonais, au nom des droits et libertés du citoyen garanties par la constitution, au nom de son droit et son devoir de résistance à la fausseté», à martelé le secrétaire national, avant d’ajouter, «lorsque l’injustice devient loi, la résistance est un devoir», exprimant du coup la détermination du syndicat à ne pas baisser les bras face à cette bataille qui l’oppose à la direction générale de Baker. «Quel que soit le prix à payer, a-t-il estimé, l’Onep ne faillira jamais à ce devoir de résistance qui est en réalité une obligation constitutionnelle, conformément à l’article 1er alinéa 21 de la constitution gabonaise»
Le représentant de l’Onep à mis à la disposition de la presse un échange de mails entre responsables de la direction Afrique de Baker en 2013 pour montrer que le licenciement économique initié aujourd’hui n’est qu’«un complot ourdi depuis longtemps, bien avant la crise». En effet dans cet échange il est question de se débarrasser de trois employés que la direction juge incompétents au niveau de la filiale du Gabon. Dans ce courriel, l’un des responsables, après avoir évoqué l’intransigeance des lois gabonaises, propose plutôt l’option du licenciement économique pour réduire considérablement les effectifs dans le pays. «Ce complot préparé avant la crise est inacceptable pour l’Onep qui se bat pour amener le gouvernement à comprendre le véritable sens de son combat, qui trouve également sa raison dans la nécessité de préserver l’honneur de notre pays», a conclu Sabin Kakoughou Obouono.
Pour rappel, à la suite d’une autorisation partielle de licenciement pour motif économique par le directeur général du Travail en juin dernier, la direction de Baker a mis à la porte quinze de ses employés. C’est pour réclamer le versement du salaire du mois de juin à ces derniers qu’une trentaine d’employés ont observé un arrêt de travail les 25 et 29 juin derniers. Par la suite, l’Onep a déposé un préavis de grève pour demander à l’employeur des mesures d’accompagnement pour les employés frappés par ce licenciement économique et réclamer la régularisation d’autres situations. Au lieu de prôner la voie de la négociation, Baker Hughes avait donc choisi de traîner ses employés et le syndicat devant les tribunaux.