Lointaine est l'époque où le concours d'entrée à l’administration des douanes était officiellement annoncé. Des jeunes, qui étaient loin de saisir les dessous d'une telle démarche et intéressés par une carrière au sein de la direction générale des douanes et des droits indirects, se bousculaient au portillon pour faire acte de candidature.
Ce n'est qu'à l'affichage des résultats qu'ils réalisaient que ce fameux concours n'était que l'arbre qui cachait la forêt des pratiques villageoises aux relents ethniques et régionaux. Le centre décisionnel était ailleurs et moins dans ce concours qui servait de vernis pour masquer des façons de faire ayant marqué le pouvoir des Bongo.
Ces dernières années, on ne s'encombre plus de concours, ou du moins de le rendre public, l'information circule désormais de bouche à oreille entre les familles de ceux qui ont fait de la direction générale des douanes leur chasse gardée. Un groupuscule d'individus tapis dans l'ombre du ministère de l'Economie, en effet, planifie tout: l'on parle de recrutements anarchiques et non respectueux des procédures en la matière. Aujourd'hui l’accès n'est plus qu'un mot dépouillé de tout sens.
On retrouve les mêmes sorciers non seulement au ministère de l'Economie mais aussi à la direction générale des douanes.
L'entrée dans ce service public relève désormais de procédés ésotériques, c'est comme l'entrée dans une secte maçonnique où il est question de cooptation, privant ainsi d'autres compatriotes méritants et désireux d'y accéder.
Depuis près d'une dizaine d'années, en effet, il n y a plus eu officiellement de concours organisé au Gabon, mais curieusement, chaque année la direction des douanes envoie à l’école des douanes de Ouagadougou, soit des douaniers ou de nouveaux étudiants.
Des anciens de la boite lorsqu'ils y vont dans le cadre du renforcement des capacités, une fois à Ouagadougou, reçoivent une bourse des impôts payée via le trésor public.
Vaste magouille orchestrée par des durs du ministère de l'économie et de la direction générale des doaunes. L'on peut dès lors comprendre pourquoi les enfants qui y sont admis portent des noms bien connus de la République.
La machine est si bien ouillée que les recrutements se passent par coup de téléphone. Un enfant en formation à Dakar, au Canada, en France..., on lui téléphone pour lui demander de rejoindre Ouagadougou où il doit suivre une formation de deux ans sans qu'il ne fournisse d'efforts. Dans quelques années, à l'allure où les recrutements sont organisés, retrouver des douaniers aux patronymes tels que Mounguengui, Mabioko, Mba, Madoungou, relèvera de l'insolite.
Aujourd'hui, accéder à la DGDI, suppose que vous êtes un enfant issu de la haute bourgeoisie. Les recrutements devraient pourtant se faire selon les besoins de l'Etat, ce qui est loin d'être le cas là-bas, où ils se font selon la volonté du puissant lobby. Tout ceci est orchestré dans le dos de l'Etat qui n'est pas mis au parfum.
Les ministres qui se sont succédés, n'y peuvent rien, car changer la donne relève d'une gageure à laquelle ils ne peuvent se risquer de peur de perdre les plumes.
Face à la toute-puissance du lobby ayant imposé ce qui devient la règle dans cette administration, le ministre de tutelle, mis sur le fait accompli, n'a d'autres choix que d'y adhérer, après tout, il peut lui aussi jouir de gros avantages de cette pratique : il peut à son tour envoyer sa progéniture ou des proches.
La DGDI compte un trop plein d'argent qui ne sert à rien. On parle même de certaines lignes budgétaires qui sont en réalité de niches d'argent gérées dans la plus grande opacité. "Et le ministre en est conscient", indique une source proche du ministère de l'Economie.
L’avis de concours publié le jeudi 20 aout dernier, dans le quotidien national l’Union n’est qu’un feu de paille, pour distraire l’opinion les dés sont pipés depuis bel lurette.
Le lobby a tout fait pour que les fonds communs éloignent toute l'attention des agents des impôts n'ayant pas de liens au sommet, s'agissant des avancements, donc le suivi du plan de carrière qui n'est pas leur tasse de thé. C'est lorsqu'ils sont mis à la retraite qu'ils déchantent. Pour l'instant seuls comptent leurs fonds communs. Il a fallu que ces fonds soient suspendus pour une reforme générale pour que les agents observent une grève illimitée, jusqu'à ce que le pouvoir a finalement cédé: les fonds communs pourtant dénoncés, ont été rétablis dans la plus grande discrétion. Plus personne n'en parle... chut, l'argent n'aime pas le bruit!
Si le flou artistique entoure l'entrée à la Douane gabonaise, le partenariat avec l'école des douanes de Ouagadougou souffre des mêmes ambigüités. Les autorités de Ouagadougou n'hésitent pas à le rappeler aux étudiants gabonais. Juste un procès-verbal d'une réunion tenue voilà des décennies lie le Gabon à cette école des douanes, ce n'est pourtant pas le cas du Maroc et de la Centrafrique qui sont liés par une convention claire.