Adressage de Libreville/A la veille de la session extraordinaire du conseil municipal de Libreville : Les élus locaux et notables du 3e arrondissement expriment leur désapprobation
La cour du ministère de l'Intérieur grouillait de monde hier en matinée. A l'origine, la présence inattendue des élus locaux et notables du troisième arrondissement. Ils étaient tous là, le maire d'arrondissement, Edwige Pulchérie Andem Obam et ses deux adjoints, les deux sénateurs, les chefs de quartier et les notables. Par cet acte, ces derniers entendaient exprimer leur désapprobation, mieux leur indignation face à la "légèreté avec laquelle le dossier relatif à l'adressage de la ville de Libreville a été traité".
En réalité, ils disent ne pas avoir été ni consultés, ni associés au lancement de ce projet. Ce qui, selon eux, explique les dérapages qui en résultent. Pour étayer leur argumentaire, ils s'appuient sur les dispositions de l'article 14 de la loi 15/96 relative à la décentralisation, selon lesquelles "la modification d'une collectivité locale est prononcée par la loi, après avis du conseil de la collectivité concernée." Or, ils se trouve que l'opération d'adressage en cours a fait perdre au troisième arrondissement pas moins de cinq quartiers sans qu'aucun nouveau découpage soit opéré au préalable. Ainsi, les quartiers PK7, PK8 et Terre nouvelle appartiennent désormais au cinquième arrondissement, alors que Belle-vue II et Nation intègrent, quant à eux, le quatrième arrondissement. Ce qui n'est d'ailleurs pas sans conséquence.
Primo, de quelles autorités administratives dépendent désormais les chefs de ces quartiers qui continuent d'émarger dans l’assiette budgétaire du troisième arrondissement ? Secundo, quel est le sort réservé aux élus locaux desdites zones ? Vu sous cet angle, ne court-on pas vers l'organisation de nouvelles élections, si tant est qu'on veuille se conformer aux dispositions légales en vigueur ?
Par ailleurs, les protestataires ne manquent pas de fustiger la confusion qui régnerait quant à l'interprétation de l’arsenal judiciaire y afférent. A ce sujet notamment, la mairesse et ses compagnons relèvent l'imbroglio existant entre l'application des décrets n°864 du 23 octobre 2013 et n°289 du 20 mars 1974 portant délimitation du périmètre urbain. Ils ne comprennent pas que le premier décret ait été choisi par les services de l'Hôtel de ville pour procéder à l'adressage actuel, alors que c'est plutôt le second qui a servi pour la mise en place de l'équipe municipale en cours d'exercice.
Aussi, ont-ils voulu exprimer leur colère par une descente, après une marche de protestation, au ministère de tutelle (Intérieur) afin de rencontrer le locataire des lieux, Guy Bertrand Mapangou, qui a bien voulu les recevoir, mais à huis-clos, loin des caméras et autres micros de la presse.
C'est donc dire que les travaux du conseil municipal extraordinaire qui s'ouvrent ce matin à l'Hôtel de ville, avec comme seul point à l'ordre du jour, l'adressage de la capitale gabonaise, s'annoncent houleux.