S’il estime que le Gabon est aujourd’hui au bord de l’impasse, l’ancien candidat à la présidentielle de 2009 recommande aux anciens barons du PDG de faire amende honorable et de définir une stratégie de fond.
Absent de la scène politique nationale depuis plusieurs mois suite à l’agression physique dont il a été victime en juin 2014, Albert Ondo Ossa a prononcé un discours pour le moins poignant à l’ouverture, le 24 août courant, des Assises démocratiques nationales de la société civile. A un an de la prochaine présidentielle, il estime qu’«il est temps que chacun fasse le bilan». «Ceux qui, hier, ont exercé des responsabilités, qui hier ont fait mal au pays et sont comptables de la situation actuelle, parce qu’ils ont plus joué pour leurs intérêts propres au détriment de ceux du pays, doivent faire amende honorable et demander pardon. Il n’y pas de honte à cela. D’autres l’ont fait avant eux», a-t-il suggéré, citant Omar Bongo Ondimba, André Mba Obame et René Ndemezo’ Obiang. Pas difficile de voir dans ce propos une pique lancée contre certains anciens hiérarques du PDG, aujourd’hui passés à l’opposition et dont le positionnement en tant que potentiel candidat en 2016 ne l’émeut que très peu. «L’heure n’est donc pas aux candidatures ni aux soutiens factices et sectaires. Il s’agit ici d’une course de fond, où doit prévaloir l’être et non l’avoir, de manière à sauver le Gabon du marasme», a-t-il tenu à souligner, comme pour donner son avis sur le positionnement actuel de Jean Ping et les récents propos de Vincent Essono Mengué (lire par ailleurs Roxane Bouenguidi).
Si, au terme de son intervention, il s’est gardé d’annoncer une éventuelle candidature à la présidentielle de 2016, l’ancien candidat indépendant à la présidentielle de 2009 n’a pas moins donné son appréciation de la situation actuelle du pays. «Malheureusement, l’avenir apparaît aujourd’hui bien sombre pour notre pays, malgré les déclarations et statistiques officielles», a-t-il dit tout de go. En cause ? «La gestion opaque, approximative, hasardeuse, inadaptée et caduque de notre Etat». Pour lui, il est nécessaire de trouver mieux pour éviter l’impasse, d’autant que le pays est désormais mal vu à travers le monde. «La gouvernance actuelle du Gabon relève en grande partie d’un autre temps et procède d’un modèle éculé, parce qu’elle n’intègre ni la nouvelle configuration du monde ni les mutations en cours, aussi bien à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur», a-t-il regretté. «Tout le monde sait que le président Ali Bongo et son système ne sont pas capables de redresser le Gabon, même s’ils le voulaient. C’est contre leur nature. Ils en ont fait suffisamment la démonstration au cours du septennat qui s’achève», a-t-il tranché.
A en croire les dires de l’ancien ministre de l’Enseignement supérieur, toutes les difficultés du Gabon trouvent leur origine dans une seule et même réalité : l’absence d’élévation de ses gouvernants et de sa population. «En fait, le Gabonais manque de spiritualité. Il adhère aujourd’hui à tout, prend tout, capte tout, et la conséquence en est qu’il perd tous les repères», a-t-il expliqué, affirmant au passage qu’un seul acte peut restaurer l’espérance : la démission d’Ali Bongo, non pour son état-civil sujet à controverse mais du fait de son incapacité à gérer convenablement le pays.
Un tantinet provocateur, Albert Ondo Ossa a rangé l’appel à la conférence nationale souveraine parmi «les faux combats» dont font également partie les considérations tribalistes ou la critique récurrente sur l’état des routes. «Ali Bongo est au pouvoir parce que le verdict des urnes n’a pas été respecté en 2009, et tout le monde le sait. La marge de manœuvre (vers l’alternance politique) est certes étroite, mais jouable», a-t-il lâché, avant d’ajouter : «Pour parvenir à une alternance crédible au sommet de l’Etat, il est nécessaire d’adopter une stratégie, dont les principales composantes sont : opter pour un discours crédible et responsable, vis-à-vis de la population d’une part et vis-à-vis de la communauté internationale d’autre part ; se refuser à utiliser les mêmes armes que le pouvoir et se concentrer sur l’essentiel».