Les organisations de la société civile ont ouvert, le 24 août courant à Libreville, une rencontre qui devrait courir jusqu’au 26 août prochain. But ? Réfléchir aux voies et moyens de parvenir à un changement démocratique au sommet de l’Etat.
Parce qu’elles considèrent qu’«au Gabon comme ailleurs, on ne pourra parler d’une véritable démocratie que lorsque le concept d’alternance sera accepté et mis en pratique», les organisations de la société civile nationale, soutenues par celles d’autres pays du continent, ont ouvert les premières «Assises démocratiques nationales», le 24 août courant à Libreville. Prévue pour se tenir jusqu’au 26 du même mois, cette rencontre verra la participation de personnalités d’horizons divers, notamment des représentants d’organisations syndicales, des artistes, des retraités, des anciens agents des forces de défense et de sécurité et ou encore des étudiants. Selon le constat fait par les organisateurs de ces assises, le Gabon est plus que jamais dans une mauvaise passe, en raison du déni des difficultés rencontrées par les populations depuis des décennies et plus encore depuis ces six dernières années, marquées par l’échec de la gestion du pouvoir en place et celui du discours et de l’action des acteurs de l’opposition.
Aujourd’hui, la «Société civile libre du Gabon» veut changer les choses et intégrer dans la conscience des populations, la nécessité de faire bouger les lignes par elles-mêmes. «Tout au long de ces assises, il s’agira de réfléchir sur la solution à apporter aux maux qui minent le Gabon. Et depuis 2011 nous sommes sur le terrain pour essayer d’apporter notre contribution au débat politique», a fait savoir le secrétaire exécutif de l’ONG Brainforest, pour qui «l’action de la société civile au Gabon est très mal négociée, non seulement auprès des politiques mais aussi auprès de la population».
Pourtant, Marc Ona Essangui, qui compte parmi les principaux organisateurs de ce rendez-vous, a tenu à indiquer que «les organisations de la société civile ne sont pas là pour conquérir le pouvoir, mais pour occuper leur place de premiers acteurs du débat politique». Pour lui, ces assises permettront de toucher à ce qui cristallise le plus l’attention et les inquiétudes des populations : les élections. «Nous pensons que nous avons, nous aussi, un mot à dire à ce sujet», a-t-il laissé entendre, avant d’ajouter : «Dans un pays, si les élections sont très mal organisées, la suite est à craindre. Nous voulons simplement que les règles démocratiques soient acceptées et respectées, parce que le Gabon n’est pas une monarchie, mais bien une République démocratique. Il sera difficile au pouvoir de nier à toute la population, encore plus aux organisations de la société civile, d’intervenir dans le processus électoral».
Ouvrant officiellement les assises, Albert Ondo Ossa a dit croire en l’action et en la nécessité d’impliquer la société civile dans la chose politique, d’autant qu’à travers sa détermination, elle aspire à tourner une page sombre de l’histoire du pays. Ces assises «marquent un tournant essentiel de l’évolution démocratique de notre espace pour les prochaines décennies. Décennies au cours desquelles l’Afrique francophone, d’une manière générale, et notre pays en particulier, doivent rompre avec le passé pour se tourner résolument vers l’avenir. (…) Ces assises doivent contribuer à tracer la voie, à orienter les Gabonais vers ce qui est principal, ce par quoi on doit commencer pour l’avènement du nouveau Gabon, qui passe inexorablement par une alternance crédible au sommet de l’Etat», a déclaré le président des Assises démocratiques nationales de la société civile.