Brice Ndong, journaliste citoyen a dans un éditorial relayé sur les réseaux sociaux, passé au crible les temps forts du discours à la Nation prononcé par Ali Bongo étonnamment, le 17 août dernier. Dans son analyse teintée d’engagement, la plume journalistique passe au peigne feins toutes les annonces électoralistes, en manque d’oxygène, qualifiées de saupoudrage.
Pour Brice Ndong, Ali Bongo a fini son mandat présidentiel, il s’avère déjà en campagne électorale pour briguer une deuxième mandature à la tête de l’Etat Gabonais. Avec un bilan aussi chaotique, des promesses non tenues, des nombreuses maquettes non réalisées, le président sort le grand jeu. L’une des recettes magiques utilisées par son père adoptif Omar Bongo en 42 ans d’exercice du pouvoir : la politique du don maquillé.
Ali Bongo a sorti sa carte joker qui va certainement sortir tout le peuple gabonais de la pauvreté. Et qui fera du Gabon véritablement un pays émergent où il fera bon vivre. En léguant curieusement une part de son héritage et celui de sa famille à la jeunesse gabonaise sacrifiée à l’autel des crimes rituels, des grèves répétées au sein de tout le système éducatif et universitaire gabonais.
En effet, le journaliste citoyen relève l’étonnant amour du Gabon qu’Ali Bongo n’a cessé de ressasser dans son discours. Comment aimer le Gabon et demeuré à la tête de Delta Synergie, holding familial de la famille Bongo, système de prédation de toutes les richesses et pans économiques du Gabon.
Comment affirmer aimer le Gabon et positionner habilement une caste de carriéristes profito-situationnistes dénommée : légion étrangère ? Ces apparatchiks ont manifesté durant toutes ces dernières années, un seul objectif : l’enrichissement illicite au détriment du peuple gabonais. Comment aimer les jeunes gabonais sans pourtant réaliser la construction d’universités provinciales annoncées en grandes pompes ? Comment aimer les jeunes gabonais et financés des projets de divertissements à tout va, tandis qu’il manque de salles de classes, d’écoles, des crimes rituels ayant pur cibles la jeunesse ?
Parlant de cet héritage volé ostentatoirement au peuple gabonais, selon Mediapart, la succession d’Omar Bongo chiffrée à 360 milliards, lève le voile sur le modèle économique à l’origine de son immense fortune.Laquelle ne serait rien sans Delta Synergie, une holding familiale conçue pour s’accaparer des bénéfices personnels en acquérant des parts sociales du fleuron de l’économie gabonaise.
Les Gabonais ne sont du tout dupes. Car la répartition de cette manne fait grincer les dents parmi les héritiers alors que Ali et Pascaline Bongo raflent la mise avec les 2/3 du butin présidentiel à hauteur de 183,46 milliards. La cinquantaine d’autres héritiers doivent se contenter chacun de 3,39 milliards. Officiellement, indiquait Mediapart, la pieuvre financière qui appauvrit le pays, « Delta Synergie a été valorisée dans le cadre de la succession d’Omar Bongo à 27,8 milliards de francs CFA. Plusieurs héritiers soupçonnent une sous-évaluation massive, au regard de l’emprise réelle de la holding sur l’économie gabonaise. »
Donc ce legs d’Ali Bongo est un cadeau empoisonné. Tous ces hôtels sont d’ailleurs saisis par la justice française dans le cadre de l’affaire des biens mal acquis. Et leurs entretiens constitueront une hémorragie financière pour l’Etat Gabonais. Le peuple Gabonais s’est pertinemment qu’il s’agit d’une annonce de campagne électorale.
Au regard de la colosalle richesse pillée à la République Gabonaise, c’est une infime portion de la restitution des deniers publics planqués et dilapidés depuis l’ère Omar Bongo. Les Gabonais n’attendent que justice soit faite dans la totalité. Au regard des réactions au lendemain de ces énièmes annonces qui manquent d’intégrité d’Ali Bongo, les citoyens ont crié à l’enfumage.
Si le président aime le Gabon comme il l’a affirmé lors de son discours à la nation, qu’il procède à la restitution de la totalité des biens mal acquis (immobiliers, comptes d’épargnes dissimulés en Europe et aux Etats-Unis), gérés par Samuel Dossou, depuis le boom pétrolier des années 80. Sans oublier toute la manne pécuniaire engrangée par la famille Bongo du fait des multiples pillages de Delta Synergie. Tout en démissionnant naturellement de son poste vu qu’il se rendra coupable de n’avoir pas respecté l’article 14 de la Constitution Gabonaise.
Raison gardée, Ali Bongo par ses annonces sur sa part du gâteau pillé, c’est un pieds de nez qu’il a fomenté en l’encontre de tous les affidés bénéficiaires du système Bongo qui se sont enrichis durant plusieurs années. On peut citer entres autres, les actuels opposants farouches du pouvoir du Bord de mer, dont Zacharie Myboto, Jean Eyeghe Ndong, Jean Ping, René Ndemezo Obiang, Casimir Oyé Mba, Paulette Missambo. Comme le souligne Brice Ndong, le président invite ces derniers à suivre son machiavélique geste, élan de générosité et de solidarité.
Nous vous livrons dans les lignes qui suivent l’intégralité de l’éditorial de Brice Ndong :
« En manque d’oxygène, Ali Bongo entre en campagne électorale. Il vient tout juste de commencer son mandat. Le Président de la République a donné le ton en rétrocédant à l’Etat une partie de son héritage personnel et celui de sa famille .Mais cela suffira –t-il à le faire reconduire à la tête du Gabon en 2016 ? »
Après avoir suivi tous vos commentaires, que me reste-t-il à faire ? Sinon pas grand-chose. Toutefois, je me permets d’attirer votre attention sur certains aspects, non moins importants, de l’intervention du Président de la République à l’occasion des 55 ans de notre indépendance, qui auraient du ne pas vous échapper.
Le mandat du Président de la République vient tout juste de commencer. Le ton est donné et il prononce, dans un décor innovant, « son amour pour le Gabon », sa volonté de lutter contre les « inégalités et les injustices », « la redistribution des revenus nationaux », il dit « qu’il ne sera heureux que si les Gabonais le sont » bref, du déjà entendu.
Le Président aura passé tout son mandat à retourner les chiffres du taux de croissance à 5% pour se rendre à la fin à l’évidence qu’il a échoué : « ce taux de croissance n’aura de sens que s’il permet aux populations de sortir de la pauvreté » a-t-il dit.
N’attendant plus grand-chose du pétrole, du moins pendant que le baril est encore bas, le Président sort le grand jeu et propose le partage de son héritage et celui de la famille Bongo : La méga demeure des charbonnages, deux luxueux châteaux de Paris et une partie de son héritage personnel sont rétrocédés gracieusement à l’Etat pour sortir les jeunes de la misère. Bon ! déjà, s’il n’ ya pas de levée de bouclier ou de veto, c’est que ces mesures proviennent du conseil de famille des Bongos. Attendons de voir !
Le problème du Président est qu’il veut qu’on le prenne au sérieux, mais continue d’entretenir un langage stéréotypé et volontairement abstrait. Aucun chiffre n’a été avancé dans ce discours pourtant préparé de longues dates. Il aurait été plus convaincant en disant aux Gabonais à combien s’élève la fortune totale de la famille Bongo et quel montant est remis au peuple .Nous avons le droit de le savoir, mais tout ça n’est pas clair. Et, si l’on s’en tient au fait que parmi les biens cités, il y en a qui sont ciblés par la justice française dans le cadre des Biens Mal Acquis, il faut être extrêmement prudent dans cette affaire d’héritage.
Reproche à l’endroit des Enseignants du public
Ali Bongo a directement attribué l’échec scolaire aux enseignants des établissements publics qui ont perpétué les grèves malgré les salaires qu’ils perçoivent régulièrement de l’Etat. Mais, il est démagogique d’affirmer qu’une seule réforme comme celle de la grille salariale peut faire des miracles. Si on a affaire à une culture d’évaluation aussi simpliste qu’envahissante et que les gouvernements Emergents font des promesses inconsidérées, ils provoquent incontestablement des déceptions qui laissent des traces. Pourquoi s’étonner des résultats catastrophiques aux examens ? Tout ça était bien prévisible.
Amour pour le Gabon et Patriotisme
Le Président de la République a répété à plusieurs reprises qu’il « aime le Gabon » et les Gabonais. Il a demandé à ce que « les mesures correctives soient prises dans les meilleurs délais » pour réduire les inégalités sociales. Pourquoi Ali Bongo n’a pas commencé par faire ce qu’il croit bon pour le Gabon dès le début ?
Vous devriez savoir qu’Ali Bongo a échoué au moment où il a introduit une bande d’affairistes au cœur de l’Etat qui était pour la plupart des étrangers. Ça n’existe dans aucun pays du monde. Il y a donc lieu de s’interroger sur cet « amour » qu’il nous porte. Le Président de la République aurait du comprendre qu’il est avant tout LE PRÉSIDENT DES GABONAIS ; que l’argent du Gabon doit en priorité revenir aux Gabonais eux-mêmes.
Depuis l’accession d’Ali Bongo au pouvoir, le Gabon est devenu un pays ou systématiquement les étrangers s’ingèrent dans les affaires publiques. Une « légion étrangère » conduite par Monsieur ACCROMBESSI, son indéboulonnable Directeur de Cabinet, a pris le contrôle du pouvoir et serre les vices. Ils ont pu écarter définitivement et discréditer les nationaux dans les cercles du pouvoir. Quoi qu’il en soit, Ali Bongo n’est plus capable de renverser cette situation. Malgré toute son autorité, le Président est trop paralysé pour pouvoir changer les choses.
Or, dès son accession au pouvoir en 2009, il aurait du comprendre qu’il était un Président en situation d’urgence après 42 ans de règne sans partage de son Père. Et, l’urgence était de restaurer la dignité du Gabonais en lui donnant un emploi, un toit, de l’eau, de l’électricité, la route, etc. Il fallait mettre l’homme qu’il faut à la place qu’il faut et libérer notre élite des oripeaux ésotériques qui nous empêchent de développer notre pays et de bâtir un véritable Etat impartial et laïc. Tout cela n’a pas été fait, bien au contraire, ces pratiques ont prospéré.
On a érigé l’homosexualité en système de gouvernance des hommes, alors qu’il aurait fallu tout simplement laisser chaque Gabonais le choix de sa vie et de ses envies. Tout le monde doit être libre de faire ce qu’il veut. Etre homosexuel ou ne pas l’Etre pourvu que toutes les compétences soient mises à contribution pour développer le pays. Sous Ali Bongo, plusieurs compétences ont été exclues de la société parce que tout simplement on n’est pas avec lui.
Le principal reproche que l’on peut faire au Président est d’avoir divisé fortement les Gabonais et livré notre pays aux expatriés. Qui a dit que pratiquer la préférence nationale signifie que l’on est xénophobe ? Dans tous les pays du monde, on pense avant tout à ses propres citoyens avant d’ouvrir les frontières. Pourquoi le Gabon serait plus xénophobe que l’Australie qui fait actuellement la chasse aux propriétaires étrangers. Plus de 450 d’entre eux en effet, accusés d’enfreindre le droit de propriété sont priés de vendre leur bien.
Un Père de famille sérieux doit d’abord s’assurer que sa progéniture a de l’abondance avant d’envisager les œuvres de charité. D’ailleurs, la charité bien ordonnée commence par soi-même a-t-on coutume de dire. Renforcement de l’Etat de droit et garantir un meilleur partage des revenus nationaux Ali Bongo dit « qu’il ne laisserait personne affaiblir l’Etat », qu’il soutiendrait les plus fragiles. La force d’un Etat tient du respect de ses lois. Il n’y a pas d’Etat de droit sans une Justice indépendante. Dans tout ceci, l’exemple doit venir d’en haut. Combien dans l’entourage du Chef de l’Etat, soupçonnés de graves atteintes à l’Etat de droit et infraction à la loi ont été remis à la justice depuis 2009 ?
Tenez-vous bien ! L’an dernier en Chine, 233000 Communistes chinois ont été sanctionnés et 12000, dont le Vice –Président de la Cour suprême, remis à la justice dans le cadre d’une vaste opération anti corruption engagée par le Président XI Jinping. Rappelons que la Chine est un pays dirigé par un Parti-Etat. Quel Etat de droit le Président veut renforcer quand ses proches détournent allègrement l’argent publics sans être inquiétés par la Justice ?
Je vous prends un cas sans être plus exhaustif. Au mois de Mai dernier, j’ai publié une enquête sur la réforme de véhicule au Sénat qui a aboutit à la découverte de 72 véhicules Grand Luxe détournés en 2014 dans cette institution. Dans un pays sérieux, le gouvernement devait se saisir de mes informations pour traduire en justice tous ces fonctionnaires qui ont trempé dans cette affaire. Leurs noms ont été pourtant publiés par les médias, mais le gouvernement préfère faire la sourde-oreille. CIRCULEZ Y A RIEN A VOIR ICI !
Même à l’époque du Père Bongo, on faisait un peu de cosmétique en envoyant Ministres, Généraux, hommes d’affaires très influents et membres de la famille Bongo devant la justice. C’est sous le règne du Procureur ALABA FALL BOSCO que le « Ministron » et actuel Porte-Parole de la Présidence Monsieur Alain Claude Bilie Bi NZE a été écroué à la prison centrale de Libreville pour avoir produit un chèque sans provision. Il y avait au moins un effet dissuasif contrairement à l’époque de « Ya Ali » où tout est permis.
Les Émergents ont enfin un argumentaire de campagne à défaut d’un bilan élogieux
Depuis qu’Ali Bongo a prononcé son discours, les Émergents ont le vent en poupe. Ils croient tenir un argumentaire de campagne solide contre l’Opposition. Pour eux, il y a de quoi être fier de cet acte républicain que vient de poser la famille Bongo. Mais, pourquoi Ali Bongo n’a pas fait campagne sur ces solutions là ? Tout le monde connaît la réponse : Pour se faire élire. Il faut dire que la question du partage de l’héritage et la chasse aux anciens barrons du PDG allaient aboutir à un désastre aussi bien dans la famille Bongo qu’à l’extérieur.
On dit qu’au Gabon, il y a ceux qui n’appartiennent pas à la famille Bongo, mais qui se réclament du « Bongoisme ». Tout ce beau monde s’appelle des « Héritiers » ou « Actionnaires » du parti de masse. Dans leur entendement, l’héritage de Bongo est multiforme : politique, idéologique, spirituel et matériel. C’est donc à juste titre que chacun se réclame héritier du Bongoisme. On les trouve aussi bien au PDG que dans l’Opposition. Il y a même un groupe de parlementaires frondeurs du PDG, conduit par le Dr. Barro Chambrier qui se fait appeler « Héritage et Modernité ».
A tous ceux-là, le message d’Ali Bongo sonne comme une bombe atomique. Chers lecteurs, c’est là que je vous invite à cogiter un instant parce que le débat politique va devenir très intéressant dans les jours avenirs. Ali Bongo sait que les carottes sont cuites pour lui, alors il joue le tout pour le tout. Son message est plus subtil qu’on le pense. Il dit à tous les héritiers « nous avons tous bénéficiés gracieusement du PDG. Si la famille Bongo partage une part de son héritage, il vous revient d’en faire autant ». Il jette des piques et fait oublier un temps soit peu les querelles sur son acte de naissance et la réforme électorale.
Voyez-vous ! En politique, l’opinion se fabrique par la force des arguments. Ali Bongo sait que le peuple ne veut plus entendre parler de la famille Bongo au pouvoir. Il tente de ramener l’argent qui a été volé aux Gabonais par son Père. De tout temps, pour obtenir certaines sortes de succès, les hommes ont su qu’il fallait s’appuyer sur l’opinion et qu’il existait des moyens pour gagner plus surement ce soutien. Dans l’antiquité, par exemple, ALCIBIADE fit couper la queue de son chien pour attirer sur lui-même l’attention de ses concitoyens et devenir un personnage célèbre.