Pour avoir estimé que la gestion de la dette publique est «calamiteuse», le vice-président de l’Union nationale (UN) a suscité l’ire du ministre de l’Economie.Casimir Oyé Mba a le mot dur contre le gouvernement actuel, qu’il accuse, depuis son adresse du 28 février dernier, de naviguer à vue plutôt que de «revoir le budget afin d’adapter la dépense publique au retournement de conjoncture intervenu depuis le second semestre 2014». Cinq mois après, l’industrie pétrolière étant toujours dans la même situation alors que le Gabon en tire plus de la moitié de ses revenus, le vice-président de l’Union nationale (UN) a tenu à enfoncer le clou. Dans une interview récemment publiée dans l’hebdomadaire Echos du nord, il affirme que «le collectif budgétaire adopté par le Parlement est loin de pouvoir répondre à la gravité de la situation budgétaire dans laquelle se trouve le pays». «Le gouvernement (n’est pas) à la hauteur des défis qui se présentent au pays», assène-t-il, évoquant les dettes récemment contractées. Des propos qui ont sonné comme de la provocation pour le ministre de l’Economie, de la Promotion des investissements et de la Prospective, qui a profité d’un entretien au quotidien L’Union (n°11907) pour y répondre.
Si Régis Immongault s’était visiblement gardé de répondre jusque-là, comme pour éviter une éventuelle polémique ou simplement pour signifier qu’il n’était pas le seul visé, la mise en cause des incessants emprunts contractés par l’Etat, jugés dangereux et inopportuns, a semblé le sortir de ses gonds. Le ministre de l’Economie, dont les dernières explications devant les sénateurs ont été jugées surprenantes et inquiétantes, est monté sur ses ergots. «Il est normal que l’opposition soit toujours critique, mais un devoir d’objectivité doit être parfois de mise, surtout quand ces propos viennent de quelqu’un qui, je pense, connaît les arcanes des finances, en tenant compte de sa riche expérience passée», a-t-il relevé, avant de s’emporter : «L’analyse des propos (de Casimir Oyé Mba) laisserait penser que l’ancien Premier ministre fait le lit de la démagogie ou de la méchanceté gratuite car je ne pense pas qu’il ait méconnaissance des objectifs et des mécanismes de recours aux marchés financiers ou d’absence d’actualisation de logiciel financier.»
Si le vice-président de l’UN affirme que les explications du gouvernement ne tiennent pas la route, pour le ministre de l’Economie, la véritable question est de savoir si le pays est capable de rembourser à échéance, bien qu’il emprunte à des taux plutôt élevés (6,95%), comparativement à d’autres comme les USA, la France ou l’Allemagne. «Comparer le Gabon à ces pays avancés paraît quand même osé», dénonce-t-il, affirmant que d’autres pays africains empruntent à des taux plus élevés : la Zambie (8,50%) et le Ghana (7,88%), notamment. «Oui, Le Gabon est capable de rembourser tous ses emprunts !», a semblé répondre Régis Immongault, pas peu fier de rappeler que le pays, qui «a été le premier (…) d’Afrique subsaharienne, producteur de pétrole, à émettre un bon en 2015 dans ce contexte de nervosité des marchés financiers», bénéficie encore de la confiance des partenaires internationaux. «La politique de gestion de la dette publique au Gabon est parmi les plus prudentes en Afrique subsaharienne», assure-t-il. Rien de moins…