« Je suis venu proposer au peuple gabonais de s’engager dans une démarche de destitution d’Ali Bongo ! », a déclaré Daniel Mengara, le président du mouvement Bongo Doit Partir (BDP), lors d’une conférence de presse tenue vendredi en fin d’après-midi dans une salle de la chambre de commerce de Libreville.
Le leader du BDP a tenu ses supporters en haleine durant cinquante-neufs minutes (59mn), avec une longue apologie dont l’objectif est d’inciter à la « démocratie de la rue », perçue par l’opposant comme la seule issue permettant au Gabon de parvenir à l’alternance. Il estime qu’il serait aujourd’hui légal que la population gabonaise se soulève pour tenir une révolution contre le pouvoir car « le pays est dirigé par un régime hors la Loi, un régime gangster… ».
Dans cette salle presque pleine, le public semblait satisfait du discours assez virulent de l’opposant, qui paraît déterminé à mener désormais son combat ici sur le sol gabonais, aux côtés de Luc Bengone Nsi, présent et très actif à cette rencontre, ainsi qu’avec les autres membres de l’opposition qui voudront bien s’engager dans le processus de destitution du pouvoir PDG.
« La candidature unique de l’opposition est un hors sujet politique », estime-t-il, expliquant que les opposants n’ont aucune chance de remporter la présidentielle de 2016, si les conditions restent les mêmes qu’en 2009. Il propose qu’une réforme du processus électorale soit engagée en veillant qu’aucune élection avenir ne se tienne avec Ali Bongo Ondimba au pouvoir. Selon lui, la candidature unique ne s’adapte qu’aux contours légaux d’un pays en réelle situation de démocratie or « le Gabon est une dictature » et comme preuve, il a démontré que toutes les élections sont remportées par le système PDG.
« Rien de bon ne peut se passer au Gabon tant qu’un Bongo est au pouvoir ; papa Bongo nous a construit une République des éléphants blancs, le fils nous construit une République des maquettes », le leader du BDP tentant ici de mettre tous les maux du Gabon sur le dos de la famille Bongo et du PDG ; « les équato-guinéens nous ont montré que même en temps de dictature, quand on a la fierté de soi, on construit son pays… »
Daniel Mengara, soutenu par le CROGE (Conseil Représentatif de l’opposition gabonaise de l’étranger) et la CARPO (Coordination des associations et partis politiques de l’opposition gabonaise d’Europe), deux mouvements de la diaspora, a invité l’opposition gabonaise à opérer une rupture totale avec le régime au pouvoir pour entrainer sa chute. Pour lui, une assemblée constitutive sera mise en place au cours d’une transition, une nouvelle constitution sera rédigée, les institutions réformées pour aboutir à une réelle démocratie au Gabon.
Au moment de l’échange avec les journalistes, répondant à une question sur son appel à la « démocratie de la rue » qui contredit l’appel au respect des institutions gabonaises lancé par l’Ambassade des Etats-Unis au Gabon, il y a quelque mois, le président du Bongo Doit partir a estimé n’y voir aucune contradiction « un diplomate ne peut pas soutenir un appel à l’insurrection, mais les Etats-Unis soutiennent toujours tous les peuples qui se soulèvent pour la démocratie… »