La victoire du candidat de l'Union nationale, le 8 août 2015, dans une des circonscriptions rattachée à la commune de Bitam ne saurait être surinterprétée, même si elle apporte un ensemble de points de satisfaction.
En premier lieu, la tenue de cette élection montre qu'une organisation solide permet de contrecarrer les fraudes du pouvoir. Bitam est un véritable baromètre politique pour l'avenir du Gabon tout entier, regardée de près par l'ensemble de l'opposition et bien sûr par le régime.
La situation politique de Bitam est surprenante. Les hommes politiques du PDG qui étaient accusés d'être des opposants sont toujours au PDG, et ceux qui prétendaient représenter le PDG rejoignent petit à petit l'opposition. Ce sont les mystères de la politique à Bitam.
Certes, René N'Demezo a apporté son soutien.
Toutefois, on ne peut attribuer cette victoire du candidat de l'UN au seul parrainage de René N'Demezo, longtemps pilier du régime, qui avait lui-même imposé en son temps le candidat actuel du PDG battu, M. Ngoua N'neme Pastor, actuel ministre délégué de l'économie numérique (qui vient de se prendre une superbe défaite électorale). Il pouvait ainsi empêcher d'autres personnalités méritantes de Bitam de s'imposer au sein du PDG. Maintenant que M. N'Demezo est dans l'opposition, nous ne demandons qu'à voir...
Cette victoire arrive dans un contexte de déliquescence du pouvoir en place , car, dans les différentes élections partielles, il a été battu. La dernière affaire Accrombessi est là pour rappeler cette lente agonie du régime.
Mais, le PDG n'est pas inexistant à Bitam, comme l'indiquent les chiffres. Les résultats chiffrés de Bitam sont, en effet, de 43,51 % des voix (1023 voix) pour le PDG et de 47,98% pour Patrick Eyogo Edzang de l'Union Nationale (1128 voix). C'est la première fois depuis bien longtemps que la circonscription de René Ndemezo bascule dans l'opposition.
Bitam, c'est un ensemble de personnalités, de familles. Ce n'est pas que la famille Ondo-Nkolou. Bon nombre d'élus ont une action visible et palpable auprès des populations.
Toutefois, ce n'est qu'une élection partielle qui ne remet pas en cause l'absence d'équilibre de l'actuelle Assemblée nationale, véritable « chambre introuvable », constituée à 95 % de proches du régime.
Il faut également remarquer qu'aucune femme ne s'est portée candidate, preuve d'une régression évidente dans la visibilité civique des femmes gabonaises, après 50 ans de pouvoir du clan Bongo. Il fut un temps où il y eut des femmes candidates à Bitam.
Ce résultat ne nous dit rien de l'avenir d'une future Assemblée nationale qui serait constituée de réels groupes politiques discutant vraiment des problèmes du pays, situation impossible aujourd'hui.
Les trois pouvoirs – exécutif, législatif, et judiciaire – sont actuellement concentrés dans la main de l'exécutif. C'est la raison pour laquelle nous voulons une alternance politique.
La victoire de l'Union nationale à l'élection partielle de Bitam ne doit pas cacher l'état de profond affaissement des institutions gabonaises, comme le démontrent la corruption d'Etat généralisée et bien sûr l'affairisme, consubstantiel au clan Bongo.
En tout état de cause, après la soirée électorale à Bitam et la victoire de Patrick Eyogo Edzang, nouveau député du Woleu-Ntem, ne boudons pas aujourd'hui notre satisfaction!
Mengue M'Eyaà
Ancienne journaliste d'Africa n°1
Présidente du conseil exécutif
Mouvement Civique du Gabon