La situation politique était déjà difficile pour les PDGistes à Bitam après, il faut bien le reconnaître, le départ de René Ndemezo’Obiang vers le Front de l’opposition pour l’alternance, et avec la non-réalisation des promesses faites depuis six ans à la deuxième ville du Septentrion. La campagne du candidat de ce parti s’est basée sur une stratégie incompréhensible : l’attaque à outrance du bilan de l’ancien ministre et secrétaire général adjoint du Parti démocratique gabonais !
Quand on a vu, jeudi dernier sur Gabon Télévision, lors de l’émission Le Débat (instituée par le Conseil national de la communication à l’occasion des élections législatives et sénatoriales partielles), François Essono Obiang, porte-parole du candidat PDG Pastor Ngoua N’Neme, déclarer qu’il détenait des dossiers sur la gestion de Bitam par «un ancien ministre» (René Ndemezo’Obiang – ndlr), on a compris qu’il y avait chez cet homme et tous ceux qui soutenaient le ministre de l’Économie numérique et de la Poste pour cette législative partielle bitamoise, un problème de discernement et de stratégie.
D’abord, René Ndemezo’Obiang n’était pas candidat à cette élection. Il ne servait donc à rien de tenter de venir présenter son bilan comme député PDG et membre du gouvernement. Au demeurant, faire ce bilan, forcément présenté comme «négatif», était au contraire se faire hara-kiri. Car, c’était montrer que les députés PDG et autres n’ont pas beaucoup fait bouger les lignes lorsqu’ils le pouvaient. François Essono Obiang – il est vrai que le journaliste a cédé depuis quelque temps la place au politicien – est allé jusqu’à dire que du temps où il était Conseiller spécial du président Omar Bongo («pendant 13 ans»), un programme de réhabilitation des voiries de Bitam et ses environs d’un montant de 20 milliards de francs CFA n’a pu se réaliser parce que «un baron voulait un bakchich». Ce n’était pas le lieu de venir jeter en pâture une personnalité absente du plateau de télévision. La cible, ce n’était donc pas le candidat d’en face, Patrick Eyogho Edzang, et son parti, l’Union nationale.
Ensuite, Pastor Ngoua N’Neme et ses amis n’ont pas pris le temps d’asseoir une bonne stratégie de reconquête pendant la campagne. Les thèmes abordés n’ayant pas une prise directe sur les populations bitamoises ou n’apparaissant encore dans l’opinion que comme des sujets trop abstraits. En effet, alors qu’elles attendaient qu’on leur parle d’adduction d’eau, d’électrification des quartiers, d’extension du lycée et des collèges, de construction de salles de classes – des dossiers qu’elles espèrent voir les élus porter à l’Assemblée nationale et auprès du gouvernement-, elles ont plutôt entendu parler du PSGE – projet dont de nombreux responsables PDGistes assurent eux-mêmes ne pas encore avoir vu un début de concrétisation -, du projet Graine, des activités génératrices de revenus… Trop abstrait, pas assez concret, comme projet !
Enfin, hormis ses parents, amis et camarades venus de Libreville, le candidat du PDG s’est retrouvé seul face aux Bitamois. Le secrétaire général du PDG, Faustin Boukoubi, a préféré se rendre aux Etats-Unis, puis en France, quand les Myboto, Eyeghe Ndong, Oye Mba, Jean-Pierre Rougou, Radegonde Djenno et Estelle Ondo, hiérarques parmi les hiérarques de l’Union nationale, eux, avaient investi le terrain parce que, pour eux, «l’alternance attendue en 2016 devait commencer par Bitam».
Le candidat du PDG est tout aussi lui-même responsable de cette débâcle. En pleine précampagne électorale, il a laissé s’installer un débat (inutile ?) sur la crédibilité de l’actuel maire de Bitam, Clotaire Edou Nkoulou, soupçonné de jouer double jeu, parce que autrefois proche de l’ancien ministre des Sports aujourd’hui passé à l’opposition. Ces guéguerres qu’il a suscitées ou encouragées – ce qui revient au même -, ces dissensions internes qui arrivaient juste à ce moment-là, n’ont pas été lancées avec une grande intelligence et avec justesse.
Résultat des courses : le PDG qui détenait ce poste de député depuis 1996 grâce à la détermination et à la hargne de René Ndemezo’Obiang, à la suite de Simon Oyono Aba’a et du Morena, est battu. Après le Conseil départemental du Ntem, le siège de député lui tourne le dos.