René Ndemezo’Obiang, 68 ans, ancien ministre, ancien secrétaire général adjoint du PDG, a «régné» sur la ville de Bitam pendant plus de vingt ans. Au sortir du scrutin législatif du samedi 8 août, un constat s’impose : son influence dans le chef-lieu du département du Ntem demeure intacte. La victoire de Patrick Eyogho Edzang de l’Union nationale (UN) face au ministre-candidat du PDG Pastor Ngoua N’Neme est aussi la sienne.
En fait, le résultat de l’élection législative partielle de Bitam comporte deux enseignements : l’échec du Premier ministre par la défaite du candidat qu’il a choisi et surtout la confirmation que le poids politique du député sortant de la localité est intact. Lorsque l’ancien ministre des Sports s’est rendu à Bitam, il y a quelques jours, pour présenter le candidat auquel il devait apporter son soutien : Patrick Eyogho Edzang de l’UN. Et le Stade Gaston Pérylle avait fait le plein ! «René, c’est Bitam, et Bitam, c’est René», avait-on entendu dire dans les gradins de cette enseigne sportive. René Ndemezo’Obiang est tout de même celui qui avait maintenu Bitam dans le «PDGisme» au moment où les autres chefs-lieux de départements de la province septentrionale – le Woleu, le Haut-Ntem, l’Okano et le Haut-Como – s’offraient à l’opposition. Après une défaite aux législatives de 1990, il se mit à labourer le terrain, arpentant quartiers et hameaux pour renverser la vapeur.
Ce travail stratégique finit par payer. Sa victoire, aux élections législatives de décembre 1996, face au «baobab» qu’était alors Simon Oyono Aba’a, leader historique du Mouvement de redressement national (Morena) et vieux lutteur pour l’ de la démocratie au Gabon, présageait déjà de sa détermination à s’imposer comme le leader politique de Bitam face aux forces de l’opposition.
René Ndemezo’Obiang a été de tous les combats pour maintenir la prédominance de son parti d’alors sur l’échiquier politique local. Comme cela se disait au stade de Bitam, au-delà du PDG, «René, c’est Bitam, et Bitam, c’est René». Avec sa démission, le 28 février dernier, du Parti démocratique gabonais, cette formation politique a perdu à la fois un stratège, une bête politique, et, depuis samedi, un siège de député.
Les luttes intestines en cours au PDG ont sans aucun doute aidé à la victoire du candidat de l’Union nationale, mais en plus de la détermination et du message porté par Patrick Eyogho Edzang pendant les dix jours de campagne, l’ombre tutélaire de René Ndemezo’Obiang aura pesé tout au long des causeries et des meetings.
«La victoire de Patrick Eyogho Edzang sur le poulain du Premier ministre, Daniel Ona Ondo, symbolise aussi, au-delà du grand désir de changement qu’expriment les Gabonais après un demi-siècle de PDGisme, l’échec de celui-ci. Contre vents et marées, Ona Ondo a imposé Pastor Ngoua N’Neme, alors que le PDG disposait peut-être en Pascal Boileau Obiang une personnalité qui aurait pu, de l’avis de quelques observateurs, conserver ce siège de député au Parti démocratique gabonais», a laissé entendre Hervé Grupaune, un politologue franco-gabonais.
La prochaine élection législative partielle du canton Kyé dans le département du Woleu qui va permettre de combler le siège laissé vacant par Raymond Ndong Sima après sa démission du PDG, le 2 juillet dernier, sera, elle aussi, très suivie par les analystes. Elle devrait se tenir autour du mois de novembre prochain dès que la vacance de ce siège aura été déclarée par le président de l’Assemblée nationale à la Cour constitutionnelle.