raisemblablement choqué par la méthode de reconduite aux frontières des migrants pratiquée au Gabon et auteur d’une plainte contre Libreville, le président de l’ONG Horizons sans frontières (HSF) n’a trouvé de qualificatif que celui de la «honte» pour traduire son sentiment.
Gabonreview : Qu’est-ce qui motive votre plainte contre le Gabon pour violations et tortures de migrants sur son territoire ?
Boubacar Sèye : Nous parlons de panafricanisme, nous nous battons pour le respect des droits de l’homme. Et pendant ce temps, les Africains sont traqués au Gabon, détenus arbitrairement, voire même assassinés. Vous comprenez notre peine. Avez-vous vous entendu ce que David Cameron disait avant-hier en parlant de chiens renifleurs? C’est pour toutes ces raisons que nous initions une plainte contre ce pays à l’Organisation des Nations-unies pour violations et tortures de migrants sur son territoire.
Avez-vous des preuves qu’il y a eu violation des droits de l’homme sur ces migrants ?
D’abord un Sénégalais est mort il y a deux semaines dans des conditions non encore élucidées. Nous attendons le rapatriement du corps aujourd’hui. Nous avons demandé une contre-autopsie. Pour ces rapatriements, le ministère de l’Intérieur a confirmé que c’est pour une destination inconnue. Donc, le Nigéria. Ce matin, il y a quelqu’un qui m’a appelé pour me partager le témoignage des ressortissants Sénégalais selon lequel, ils sont traqués dans leurs milieux de travail. Je n’invente pas. C’est pour moi une honte d’en parler. Je ne peux pas concevoir un tel comportement chez nous en Afrique. J’aurai vraiment souhaité qu’on me dise que tout ceci est faux mais malheureusement c’est vrai. Le Sénégalais mort a perdu la vie dans les locaux de la gendarmerie. Ce n’est pas dans la rue. Nous voulons être édifiés sur les circonstances de ce drame-là.
Vous dites agir au nom de tous les Africains
Oui, nous parlons de migration internationale. Et je suis d’autant plus choqué que j’ai eu même à demander des audiences au chef de l’État gabonais pour lancer le débat sur l’international pour l’harmonisation des politiques migratoires en Afrique, car ce qui se passe aujourd’hui est une honte. Imaginez mon ressenti, pendant que je me bats pour la dignité des migrants Africains en Europe, qu’on vienne me dire : «Chez vous voilà comment on traite les migrants africains» !
Interview réalisée avec la collaboration spéciale de Patrick Ceyrano (TV+)