En raison des nombreux cas d’assassinats d’étrangers subsahariens enregistrés chaque année au Gabon, une ONG internationale, Horizon Sans Frontière (HSF), née en Espagne et basée à Dakar, a décidé de porter plainte auprès des Nations Unies contre le gouvernement gabonais pour non-respect des droits de l’Homme. Joint par Afrik.com, Boubacar Sèye, président d’Horizon Sans Frontière, a expliqué les raisons qui ont poussé son organisation à déposer cette plainte.
Afrik.com : Pourquoi décidez-vous de poursuivre le gouvernement du Gabon en Justice ?
Boubacar Sèye : Nous déposons plainte contre le gouvernement du Gabon pour qu’il arrête ces violences. En 1995, plus de 80 000 étrangers ont été expulsés du Gabon. Un Sénégalais est récemment mort dans des conditions encore non élucidées. Le Gabon est devenu une terre de torture pour les migrants.
Afrik.com : pouvez-vous citer d’autres cas de ce genre ?
Boubacar Sèye : Tout récemment, un Sénégalais du nom de Moustapha Kébé a été tué et jusqu’ici rien ne justifie sa mort. 58 ressortissants sénégalais ont été spoliés de leurs biens et expulsés récemment vers le Nigeria, un pays où Boko Haram fait des ravages. En juin dernier, 70 Sénégalais ont été rapatriés.
Afrik.com : Pourquoi les Sénégalais sont-t-ils les principales cibles de ces violentes attaques ?
Boubacar Sèye : Les médias parlent de Sénégalais. Mais il n’y a pas que les Sénégalais qui sont victimes de ces violences. Ce sont tous les ressortissants africains d’origine subsaharienne. Le Gabon dit qu’il s’agit d’étrangers en situation irrégulière. Il y en a qui sont même traqués dans leur lieu de travail. On ne peut pas expulser des gens de cette façon. Tout ceci montre l’échec des politiques en matière d’immigration. Il y a des failles et des lacunes dans les textes des dirigeants de l’Union Africaine par rapport aux droits des migrants.