Enseignant à Oyem, le chef lieu de la province du Woleu-Ntem, Tsira Nganémote parle des CD et DVD qu’il vient de mettre sur le marché, en hommage à feu Pierre Claver Nzeng.
Gabonreview : Vous êtes enseignant en poste à Oyem. Vous êtes également acteur de théâtre et de cinéma, musicien, chanteur, auteur et compositeur. Vous venez de mettre sur le marché du disque votre 4è opus titré «Me Mekang» (Moi, je suis parti, en langue Fang) et qui compte10 titres ; un hommage que vous dites faire à Pierre Claver Zeng. Pourquoi lui, quand on sait que le Gabon a perdu plusieurs sommités de la chanson, à l’exemple de Oliver Ngoma ou Sonny Edingo ?
Tsira Nganémote : Un hommage à Pierre Claver Zeng (PCZ) ne signifie pas qu’il n’y a pas d’autres artistes à qui je peux faire un tel témoignage. C’est plutôt par devoir de mémoire que je le fait à PCZ. Car je ne suis pas venu à la musique par hasard. Quand j’ai embrassé cet art, j’étais très jeune et c’est par la grâce de l’influence que sa musique a eu en moi que je chante et que je danse. Sa musique continue à me bercer jusqu’à présent. Vous savez, Zeng ne m’a peut-être pas donné les moyens financiers ou matériels pour faire la musique, mais il m’a donné les moyens spirituels. Car, lorsque quelqu’un, dans votre vie, vous soustrait du monde visible pour vous emporter dans le monde invisible, c’est quelque chose de magnifique, de spirituel.
Donc, PCZ ne peut pas partir, comme je le dis dans le titre «Comme Jésus». Titre pour lequel les gens me font d’ailleurs le reproche de comparer Jésus à l’être humain qu’était PCZ. Pour ma part, j’estime à raison que Zeng qui était mon maître, avait tout dit. Il a tout proclamé mais se sont les gens qui n’ont rien compris de ses messages. Ceux qui l’ont suivi avec attention, se sont les sages qui se positionnent aujourd’hui comme ses disciples. A l’exemple de ceux qui ont travaillé avec Jésus Christ. Nous avons dès sa mort, la responsabilité historique de traduire et d’expliquer au grand public ce que représentent les grandes prophéties de PCZ. Donc, ce n’est pas par hasard aujourd’hui, même si je n’ai toujours pas été à ses côtés comme je le voulais de son vivant, mais chaque fois que j’avais un besoin culturel à exprimer, je n’hésitais pas d’aller demander conseils à Pierre. Et aujourd’hui, je pense que c’est de bonne guerre que je fais cet album hommage à PCZ qui déclare, «Me mekang». Mais la légende continue.
Quels thèmes abordez-vous dans cet album, déjà en vente dans le Woleu-Ntem ?
Dans cet album, je reste un peu fidèle à mon maître. D’abord au niveau des rythmes, nous pratiquons les danses Medoc, Epolito, Ozila et la tendance Mvet à laquelle on a voulu varier avec la Rumba et le Slow dans le titre «Comme Jésus», en hommage à PCZ. Ensuite, pour parler des thèmes, j’aborde dans cet album l’injustice, la famine, la prostitution. En fait, tous les maux qui minent les sociétés africaines en général comme le faisait PCZ. Car, dans la plupart de ses chansons, il développe des thématiques en rapport avec cette africanité. Qu’il s’agisse de Nname, d’Ening ou de Mbo dzam, je chante le ramassis de tout ce qui se passe au quotidien.
Aude-la de la promotion de vos opus et DVD que vous faites en ce moment ? Quel autre projet avez-vous pour ce qui reste de cette année 2015 ?
A la marge de la promotion de ces œuvres qui seront d’ici peu vendues à Libreville et ailleurs après le Woleu-Ntem, toujours en rapport avec PCZ, d’autres personnes de culture et moi venons de mettre en place un mouvement des disciples de PCZ dont le nom est Misseng Ébou’u (9 cours). Cette association, typiquement culturelle, a pour objectif de perpétrer l’œuvre de l’homme multiculturel qu’était ce fils d’Odzamboga. Nous avons lancé la première caravane de ce mouvement le 4 juillet dernier à Bitam. Le 16 août de cette année, nous seront à Oyem pour une fête culturelle en hommage à Zeng. Après le septentrion, nous irons dans le reste du Gabon. Que celui qui se reconnaît en PCZ n’hésite pas à y adhérer en tout culturalisme.