L’ONG sénégalaise de défense des droits humains annonce son intention de saisir les Nations-unies pour statuer sur le cas du Gabon, accusé de violations et tortures de migrants sur son territoire.
Visiblement remontée contre les conditions de rapatriement des Sénégalais en situation irrégulière au Gabon, l’ONG Horizons sans frontières (HSF) a annoncé, le 4 août courant, une plainte à l’Organisation des Nations-unies (Onu) contre le Gabon. «La vie des ressortissants Sénégalais au Gabon vacille entre détentions arbitraires, expulsions voire même assassinats. Une plainte sera déposée les jours à venir à l’Onu contre le Gabon pour violations et tortures de migrants sur son territoire», a déclaré son président. Et Boubacar Sèye de s’en prendre à l’Etat sénégalais pour son attitude dans ce dossier. «En moins d’un mois d’intervalle, des dizaines d’entre eux ont été raflés et embarqués deux fois vers une destination inconnue sans aucune protestation de l’Etat», a-t-il accusé, soulignant : «Le dossier est confié à trois structures différentes (ministère, secrétariat d’Etat et direction) qui se crêpent le chignon». Selon lui, «cette guéguerre de leadership pour le contrôle du dossier à des fins politiques entraîne toute une cacophonie quant aux prises de décisions (…) le Sénégal n’a pas encore compris la dimension géopolitique et géostratégique de ce dossier qui pose les problématiques de paix, sécurité et celle de l’intégrité et la dignité humaine».
Pour le président de HSF «l’instrumentalisation politique et le manque d’organisation expliqueraient les violations, les abus dont sont victimes les Sénégalais de l’extérieur qui sont de plus en plus demandeurs de solutions alternatives». Il estime, à cet effet, que «les exemples du Gabon et de la Libye témoignent de l’échec dans ce dossier et HSF accuse l’Etat du Sénégal de non-assistance à personne en danger». «Laisser ses ressortissants mourir sans les défendre est inadmissible dans une République comme le Sénégal qui règle sa morosité économique avec les transferts de fonds des migrants», a-t-il asséné.
Pas moins de 59 sénégalais arrêtés et détenus au Gabon ont été embarqués à bord d’un bateau, le 3 août dernier, durant une opération policière à l’issue de laquelle 460 clandestins ont été rapatriés. De sources concordantes, ils ont été acheminés dans une localité nommée Calabar au Nigeria. De sources officielles, la direction des Sénégalais de l’extérieur est informée à travers l’attaché militaire qui les assistera à cette étape afin qu’ils arrivent définitivement au Bénin. De là-bas, le Sénégal prendra toutes les dispositions qui permettront de les rapatrier dans les plus brefs délais