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Un système sorcier
Publié le samedi 1 aout 2015   |  Gabon Review




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«Comparaison n’est pas raison», aiment asséner les Gabonais dès qu’une analogie, un rapport d’identité partielle entre des réalités différentes leur est servi dans une discussion. Forte de ce que les approches comparatives ont fait évoluer bien de sciences, Ika Rosira compare quelques pays d’Afrique avec le sien pour démasquer le «système sorcier» à l’origine des déficiences économiques et sociales du Gabon.

Prenons des données démographiques, Gabon: 267 667 km2 pour 2 millions d’habitants, Côte d’Ivoire: 322 462 km2 pour plus de 25 millions d’habitants et pour finir le Sénégal: 196 722 km2 pour plus de 14 millions d’habitants. Pas besoin d’être un expert en démographie pour comprendre qu’il semble y avoir un problème de fertilité au Gabon, de mortalité infantile, d’espérance de vie, en tout cas, sans toucher le problème du doigt, on a un sérieux problème de démographie qui aurait pu être un avantage.

Explications : vu que nous ne sommes pas tellement nombreux au Gabon, ça ne devrait pas être difficile de fournir de l’eau potable et de l’électricité, des logements sociaux, des écoles, des universités dignes de ce nom et des infrastructures hospitalières compétentes et accessibles à tous ; mais bon ! L’idée n’est pas de se plaindre ad vitam aeternam ou de miser sur une hypothétique prise de conscience collective. L’idée, n’est pas d’orienter la réflexion de ceux qui ont renoncé à leurs yeux et à leur capacité de réflexion, à leur conscience et à leur libre-arbitre. L’idée, est de pointer du doigt la poudre qu’on nous lance aux yeux, les mensonges dont on nous abreuve et la misère dans laquelle la plupart des Gabonais pataugent, pendant qu’une minorité se prélasse dans le luxe, sans demi-mesure.

Maintenant, en sachant que les principales ressources du Gabon sont pétrolières, minières et forestières avec un PIB de 18,37 milliards de dollars en 2013, que les principales ressources de la Côte d’Ivoire sont le Cacao et le Café donc agricoles avec un PIB de 30,90 milliards de dollars en 2010 et que les principales ressources du Sénégal proviennent de la pêche, du tourisme et des services publics et privés avec un PIB de 23,88 milliards de dollars en 2013, pas besoin d’avoir un doctorat en Économie et en Finances, pas besoin d’un diplôme d’expert comptable pour comprendre qu’il y a quelque chose qui ne marche pas, au Gabon.

Avec notre pétrole, nos milliards de tonnes de fer, nos mégas tonnes de manganèse (minerai exploité depuis 1962 qui nous confère le statut de troisième exportateur mondial de manganèse, après l’Australie et l’Afrique du sud), notre uranium, notre or, notre diamant, notre niobium, notre molybdène et patati et patata, sans compter le fait que nous ne vivons pas dans un désert humain, comment se fait-il que la majorité de nos aliments soient importés ? Même la tomate et la banane proviennent généralement du Cameroun, nos productions de café, de cacao, d’hévéa, ne rivalisent pas avec celle de la Côte d’Ivoire pour quelle raison déjà ? Le manque d’eau ? Le manque de soleil ? L’absence de main-d’œuvre ? Notre terre au climat tropical humide est-elle aussi «infertile» que l’est notre population ? C’est quoi l’excuse du Gabon, pourquoi le PIB du Sénégal et celui de la Côte d’Ivoire est-il plus élevé que le nôtre au juste ?

Pour récapituler, ça fait plus de 60 ans qu’on exploite le pétrole, plus de 40 ans qu’on a exploité l’uranium, plus de 50 ans qu’on exploite le manganèse et plus de 60 ans que nous sommes le premier exportateur mondial d’un bois qui n’a pas son mot à dire sur la question : L’Okoumé. Eeeeeh! Engongole ! Ça fait plus de 50 ans que le Gabon est géré par la famille Bongo Ondimba et Cie, dieuredieuf, akiba, merci ! En apprenant ce matin que la Côte d’Ivoire va se doter de sa première voie de métro (le train urbain d’Abidjan), on peut se demander comment un pays qui a subi plus de 10 ans de conflits armés, de pertes humaines, de crises financières et économiques s’en sort aussi brillamment et que ce soit culturellement, économiquement et politiquement possible !

Aujourd’hui, il faut saluer le courage de tous ceux qui finissent par quitter le navire Bongo/PDG grâce auxquel on peut constater qu’une mafia brute, à l’état pur, un système «sorcier», assassin, menteur, corrompu, maudit et destine la grande majorité de notre peuple à la disette sous les yeux de l’opinion internationale qui attend certainement qu’un génocide soit commis au Gabon pour réagir, comme l’expliquait en toute humilité Gregory Ngbwa Mintsa, torturé, harcelé, privé de salaire pendant plus 5 ans avant de mourir pour avoir osé s’opposer à ce système qu’on peut qualifier de «sorcier», pas dans le sens mystique du terme, plus dans le sens «méchant» du terme, «malsain» du terme, «mesquin et néfaste» du terme, quoi que. La sorcellerie est d’usage destiné à faire du mal, à exploiter les forces du mal, et donc c’est certainement le mot qui convient le mieux pour résumer un système qui ne tolère ni la contradiction, ni l’ingéniosité des gens et qui n’envisage pas depuis plus de 50 ans de résoudre sincèrement les problèmes auxquels le peuple est confronté, les problèmes qui incombent totalement à la volonté de l’État et qui sont dans l’intérêt supérieur de la Nation et du peuple gabonais.

Les paroles s’envolent mais les écrits restent. Il est temps de redonner à l’histoire sa véracité, de préciser à ceux qui ont choisi de se tenir du mauvais côté de la barrière pourquoi ils sont aussi «inhumains» que les gens qu’ils servent pas pur intérêt, par pur égoïsme ; de leur démontrer à quel point ils contribuent aux échecs de notre pays et que c’est leur égocentrisme justement qui rend possible le maintien des monstres d’apparence humaine qui ont confisqué le pouvoir au Gabon.

Il est important de le leur dire, même si pour la plupart c’est peine perdue, même si la plupart d’entre eux est volontairement aveuglée par ces voleurs pernicieux, et ce fameux standing de vie qu’il leur faut préserver par tous les moyens. Il reste encore des gens qui n’ont pas renoncé à leurs cerveaux. Il est temps de les ramener du bon côté de la barrière.

Cessons enfin de dire, pourquoi ce n’est que maintenant qu’un tel décide de quitter le navire, c’est vrai que Zacharie Myboto est un pionner en la matière, mais tous ceux qui lui emboîtent le pas, doivent sentir que c’est le bon choix, accueillons-les comme dans la célèbre histoire de ce père et de ce fils de la fameuse parabole du «Fils prodigue». Car, nous sommes plus nombreux que ces gens, plus nombreux à souffrir, plus nombreux à maudire cette souffrance, plus nombreux à être désabusés par la misère de notre peuple, plus nombreux à s’opposer à la corruption dans laquelle nous sommes tous nés, plus nombreux à vouloir reprendre notre pays. Reprenons-le dès maintenant avec tous ceux qui en manifesteront sincèrement le désir et en nous rappelant que si c’est en Côte d’Ivoire et au Sénégal qu’on envoie nos enfants poursuivre leurs études, c’est parce que chez nous on n’a même pas droit à un système éducatif. Si ces deux pays sont largement au-dessus du nôtre sur tous les plans, c’est parce que nous sommes incapables d’admettre que nous avons besoin d’exemples concrets, de comparaisons et d’inspiration et que seuls ceux qui ont appartenu à ce système peuvent répondre à nos questions sur son fonctionnement et ses tares. Pour pouvoir briser ce système, il faut pouvoir apprendre à le connaître. Informons-nous, formons-nous, soyons déterminés et surtout focalisons-nous sur le véritable ennemi et les arguments pour le combattre efficacement.

On le reprendra Notre pays, c’est certain !

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