Chargés d’assurer la sécurité des biens et des personnes et de réguler la circulation routière entre autres, certains policiers ont développé un business lucratif : «les salutations du képi » une pratique qui, pourtant décriée depuis de nombreuses années, continue d’être observée dans la capitale gabonaise.
Si la désignation peut paraître quelque peu nouvelle ou insolite pour certains, le phénomène est bien connu dans les pays africains notamment au Gabon. Les « salutations du képi » désignent le fait pour un transporteur périurbain (clandoman) de glisser un billet de banque dans le dossier qu’il présente à l’agent de l’ordre lorsque ce dernier l’interpelle sur la voie publique. Une pratique que certains qualifient tantôt de corruption, tantôt d’arnaque ou d’escroquerie selon les cas.
En effet, alors que les plus hautes autorités prônent une police de proximité, au service de la population, les agents de ce corps de la sécurité s’illustrent quotidiennement dans des contrôles intempestifs qui n’ont qu’un seul but : soutirer quelques billets aux clandomen. Plusieurs chauffeurs rencontrés sont unanimes sur la question : « les multiples contrôles dont nous faisons l’objet ne concernent toujours pas les pièces afférentes au véhicule ou au chauffeur, encore moins aux passagers. Ils ont un autre objectif, celui de saluer le képi du chef » affirme un transporteur camerounais.
Face à cette situation, la sécurité des usagers est malheureusement reléguée au second plan. Il n’est pas rare de voir une voiture défaillante, conduite par un chauffeur n’ayant pas toutes les pièces appropriées, circuler librement lorsque ce dernier a déjà « versé la tontine ».
Selon Rodrigue, jeune étudiant, clandoman à ses heures libres, il faut toujours prévoir une somme de cinq à dix mille FCFA pour les policiers au risque d’être embêté et ne pas pouvoir exercer librement. Les transporteurs qui exercent sur le tronçon hôpital militaire-marché de Nzeng-Ayong sont un exemple patent. Ces derniers subissent trois interpellations : la première au niveau du carrefour près de l’arboretum de Sibang, la deuxième à coté de l’hôtel de la CAN 2012, à moins d’un kilomètre de la première et la troisième au rond-point de Nzeng-Ayong. A chaque fois, il faut glisser un billet dans la chemise qui porte les documents. Voila le travail de ceux qui sont censés assurer notre sécurité.
Pour certains compatriotes exaspérés, le manque de sanctions face à ce phénomène laisse penser que les supérieurs hiérarchiques de ces agents des forces de l’ordre seraient complices de cette arnaque. « Sinon, comment expliquer qu’un phénomène qu’on dénonce depuis de nombreuses années est sans cesse grandissant ? » s’interroge Lambert, jeune entrepreneur. Pour d’autres, le silence et l’impunité des responsables de la police ne laissent aucun doute sur la complicité de ces derniers. « Pensez-vous sincèrement que leurs supérieurs ignorent cette pratique ? Et d’ailleurs, qu’est ce qui nous prouve qu’ils ne bénéficient pas aussi de cet argent mal acquis ? En tout état de cause, qui ne dit mot consent » conclut une jeune dame, visiblement agacée par cette pratique.
Les différentes autorités, en tête desquelles le ministre de l’Intérieur, devraient taper du point sur la table afin de stopper cette pratique qui n’honore pas les forces de sécurité gabonaises. Les Librevillois attendent en effet, ces derniers sur des actions plus honorables et qui relèvent de leur compétence notamment la sécurité des biens et des personnes, l’arrestation des braqueurs, violeurs, assassins et autres brigands qui circulent librement dans la cité...