Les sénateurs et députés gabonais sont plus enclins à défendre leurs propres avantages financiers et sociaux qu’à accomplir la mission pour laquelle le peuple les a mandatés, c’est du moins ce qui ressort de leurs agissements. Finalement à quoi servent-ils ?
quoi sert le Parlement ? Une question, en apparence anodine, mais pourtant fondamentale. Sous d’autres cieux, le nombre de parlementaires aurait été revu à la baisse, depuis belle lurette. Mieux, l’une de ses chambres (Assemblée Nationale ou Senat) aura été dissoute ou supprimée, c’est selon. Sans verser dans les calculs politico-politiciens, comment comprendre que le Gabon, peuplé d’un peu plus 1 802 728 âmes (selon le dernier recensement général de la population et de l’habitat 2013 ) soit doté d’un parlement bicaméral (Assemblée nationale et Sénat) ? Des parlementaires (120 Députés et 102 Sénateurs) gracieusement entretenus au frais de la reine, le contribuable gabonais ! Et pourquoi faire ?
Des parlementaires amorphes ?
Bon nombre de parlementaires, pour ne pas dire la majorité, passe une partie, voire des législatures entières sans jamais prendre la parole lors des séances plénières. Pis encore, ils brillent par leur absence durant les travaux législatifs. Au point que lors d’un discours de fin de session parlementaire, Guy Nzouba Ndama, le Président de l’Assemblée nationale, en personne avait prévenu qu’il ne payerait plus les jetons de présence aux députés absentéistes.
D’autres, pourtant présents sont « muets comme des carpes ». L’aveu du député Idriss Ngari lors d’une récente audition à l’Assemblée nationale, en est la parfaite illustration. Le député de Nguoni, membre du bureau de l’Assemblé nationale a reconnu urbi orbi que c’était la première fois qu’il prenait la parole. Que fait-il donc à l’Assemblée nationale ? Question qui vaut son pesant d’or. Un cas loin d’être isolé, le parlement est truffé de dormeurs. Il n’est pas rare de voir les « Honorables »députés et « Vénérables »Sénateurs (comme on les appelle) somnoler durant les séances plénières retransmises à la télévision nationale.
Cerise sur le gâteau, ils empochent, allègrement les frais de fin de session, destinés aux activités sur le terrain pendant l’intersession parlementaire, et ce, sans même faire de compte-rendu aux populations qui les ont mandaté au Parlement. Ne s’agit-il pas là, purement et simplement d’un détournement de deniers publics ? Les populations sont-elles importantes, juste quand il s’agit de solliciter leurs voix ? Bien malin qui pourra apporter des réponses à ces interrogations !
Ne parlons même pas des propositions de loi, en principe relevant de leurs prérogatives, qui sont extrêmement rarissimes. L’imaginaire populaire retient la loi Nzouba (du nom de l’actuel Président de l’Assemblée nationale) permettant à un homme de convoler en juste noce avec quatre femmes. Mais depuis lors, très peu de Gabonais sont capables de citer une proposition de loi adoptée en termes identiques par les deux chambres. A ce niveau, c’est l’opacité totale en termes de communication.
La part belle du lion aux parlementaires !
Dans les deux chambres, le constat est le même : les inégalités sont trop criardes entre parlementaires et personnels de cabinets. Lorsqu’un sénateur ou un député est payé à plus d’un million (sans parler des fonds de souveraineté), un attaché parlementaire perçoit à peine 150 000 FCfa. Idem pour la/le Secrétaire parlementaires qui doit se contenter de broutilles (200 000 FCfa).
Dans la même foulée, le personnel affecté aux cabinets parlementaires ne bénéficie d’aucune couverture sociale et sanitaire. Il n’est ni assuré à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) et ne peut bénéficier des prestations de la CNAMGS. Il est certes vrai que le Parlement existe avant tout à cause des députés et sénateurs, mais que peuvent-ils faire sans leurs collaborateurs payés en monnaie de singe ! Un constat dressé par le Président du Sénat, Lucie Milebou Aubusson épouse Mboussou durant la dernière fête du travail. Et pour justifier ces inégalités, les parlementaires brandissent les statuts du Parlement, une pâle copie du système français. L’énième preuve que nos représentants se tournent les pouces à longueur de journée, vu qu’ils sont incapables d’adapter leurs statuts à l’actuelle réalité socio-économique gabonaise.
C’est dire que les forces d’inertie sont malheureusement présentes, aussi bien dans l’Exécutif, le Judiciaire que le Législatif !