Comme l’histoire peut se répéter au Gabon ! 2015, nous revoilà placés devant un imbroglio politique au sein de l’opposition qui rappelle 1993 et 2009 à quelques exceptions près. A savoir, la naissance d’un Front uni de l’opposition pour battre lors de la présidentielle de 2016, le candidat du Parti Démocratique Gabonais, PDG, au pouvoir, Ali Bongo Ondimba, qui est en train de fourbir ses armes pour être à la hauteur quand il sait les griefs qui lui sont faits par ses compatriotes gabonais. Dans cette posture générale, 2016 peut- elle être en parlant de la présidentielle, pour chaque camp une simple ballade de santé ?
Partagés entre la nécessaire valorisation de leur carnet d’adresses et l’importance du portefeuille d’un côté et le soutien de la population qui rassure dans la mesure où c’est souvent de ce postulat que partent la France et la communauté internationale pour accorder un intérêt à une quelconque action dans les pays de l’hémisphère sud, surtout ceux naguère colonisés, les hommes politiques gabonais de la majorité, puisque l’on est dans la logique des Fronts et de l’opposition savent pour en avoir l’expérience que la présidentielle qui pointe à l’horizon ne sera pas de tout repos pour tous. Si réellement le but visé est l’alternance au sommet de l’Etat lorsque l’on se situe dans un camp, le maintien au pouvoir lorsque l’on est de l’autre côté.
Surtout lorsque l’on est convaincu qu’il n’arrivera jamais dans la tête des autorités de faire sauter le verrou que constitue le scrutin à un tour taillé sur mesure lorsque feu Omar Bongo Ondimba était encore à la tête de l’Etat et hérité par son successeur, pour revenir aux anciennes Constitutions qui établissaient l’élection à deux tours.
Et pour cause, alors que du côté du parti au pouvoir, le climat est loin de la sérénité insufflée par Omar Bongo Ondimba, même s’il y’ avait les « rénovateurs », « les appelistes » et les « caciques », dans le Front uni de l’opposition, l’idée d’une candidature unique, parce qu’à l’épreuve de l’ego surdimensionné des acteurs et au fait que beaucoup d’entre eux, friqués, rechignent à mettre l’argent qu’exige l’application du « Plan stratégique », un de plus, savamment mis en place par les « cerveaux de la bande » visiblement moins fortunés pour la plupart, rend la tâche consistant à tenter de presser l’alternance plus ardue que jamais.
Une opportunité à saisir ?
Sauf si l’on est encore face à une « grosse farce », les sorties répétées d’Alexandre Barro Chambrier dans lesquelles il dénonce le système PDG auquel il appartient et pourtant devant les relayeurs de l’information que sont les médias, n’augurent rien de bon dans l’unité et l’équilibre du parti au pouvoir qui donne l’impression depuis un certain temps de se fissurer avec des démissions en cascade et des oppositions internes à n’en plus finir, malgré le holà du distingué camarade président. Mais l’état d’esprit qui prévaut au sein du PDG ne semble pas profiter à l’opposition dont André Mba Obame, l’ex- leader, était considéré à tort ou à raison comme un pion du pouvoir en dépit de son entêtement à vouloir combattre son « frère- ennemi » Ali Bongo Ondimba.
La candidature de Jean Ping, par qui est- elle soutenue dans le groupe de l’opposition ? En tout cas, du côté de ceux, pris sous un angle général, qui veulent le départ du président de la République, certains comme Pierre- Claver Maganga Moussavou, militent en faveur de plusieurs candidatures, feignant d’ignorer que cette stratégie a déjà montré ses limites et qu’elle était donc inopérante dans un passé récent, ce pourquoi le grand nombre milite en faveur d’un retour au scrutin à deux tours qui pourrait comme en 1993 faire l’affaire d’une opposition organisée.
Dans ce cas, même les calculs opérés souvent facilement par le passé par la France pour qui la notion de développement passe par l’exploitation des ressources dont disposent les anciennes colonies avant une prétendue amitié, souvenons- nous du mot du général de Gaulle « La France n’a pas d’amis, elle n’a que des intérêts », sont rendus difficiles, des assurances fermes ne venant, du moins par ces temps de crise généralisée, ni de la majorité, ni de l’opposition.
Et la population, non pas qu’elle soit coi, s’interroge sur son avenir en pointillés, malgré des actions d’éclat du genre « nouvelle grille salariale des fonctionnaires » dont on attend prudemment les effets collatéraux, le gouvernement ayant de tout temps montré sa faiblesse dans l’érection d’une mercuriale et son suivi par exemple. Surtout que chez une bonne frange de la population, la notion d’opposant qui a beaucoup évolué ne revêt plus le seul aspect que décline le slogan : « Ali Bongo Ondimba doit partir », mais est plutôt l’expression pratique d’un projet de société lisible et futuriste.