Faute de voir l’Etat honorer le paiement de ses factures, le patron du groupe Santullo qui réclame 130 milliards de francs CFA à l’Etat, qui avait menacé de stopper l’ensemble de ses chantiers en cours d’exécution, a décidé de passer à l’acte. Il le signifie à travers une lettre ouverte à Ali Bongo
Il avait menacé de le faire. Il le fait : Guido Santullo, le patron du Groupement Santullo Sericom, entreprise de BTP connue pour avoir réalisé le pont de Mayumba, a décidé de s’en remettre «aux Instances Internationales en vue de recouvrer [sa] créance», selon les termes d’une lettre ouverte adressée au président de la République et qui aurait été déposée jeudi dernier.
L’AVENIR EN CONFIANCE
Dans cette lettre ouverte à paraître en intégralité dans le journal L’Aube ce lundi 27 juillet, l’homme d’affaire Italien revient sur les promesses de campagne d’Ali Bongo, non sans indiquer qu’il avait été invité au Gabon par celui-ci. «Lors de votre accession au pouvoir en 2009 vous avez exposé votre politique de développement en élaborant un programme ambitieux, le Plan Stratégique Gabon Emergent. Dans ce projet, la construction de routes bitumées et de bonne qualité est une priorité. En tant que Directeur Général d’un groupe d’entreprises de Bâtiments et Travaux Publics réputé en Afrique, vous m’avez invité à venir au Gabon et sollicité mes services pour la construction de routes et d’ouvrages d’art. Vous avez su me convaincre et le Gouvernement Gabonais m’a confié les travaux prioritaires», note le patron du Groupement Santullo Sericom qui écrit, à la fin de sa lettre : «Vous nous aviez promis de voir l’avenir en confiance, mais nous n’avons aucune perspective.»
Guido Santullo égrène ensuite un chapelet de difficultés pour réaliser les chantiers qui lui auront été confiés au Gabon avant d’enchaîner sur le laxisme de l’Etat gabonais quant au suivi des chantiers qui lui avaient été confiés : «Les engagements contractuels de l’Etat ne sont pas respectés. Il s’agit notamment de retards pour libérer l’emprise des routes, retards qui ne se comptent pas en jours mais en mois. Il s’agit aussi du manque de suivi des travaux réalisés malgré nos demandes incessantes, du départ des missions de contrôle.»
INVENTAIRE SOMMAIRE
L’entrepreneur fait le point sur les grands chantiers réalisés par son entreprise. On note à cet effet le point qui suit :
L’école de formation des officiers de Mandilou : «Ce site comprenant des bâtiments d’instruction, des villas, une infirmerie, un hôtel, un gymnase, des parkings, des routes etc. est achevé depuis un an. Nous avons perçu à peine 35% du montant des travaux (dernier règlement effectué en mai 2013) et avons demandé la réception des travaux en mai 2014, il y a plus d’un an… L’école de Mandilou est un joyau régulièrement filmé et présenté par vos services de presse pour louer votre politique, mais en omettant de mentionner que c’est à nos dépends.»
Le pont de Mayumba : «La classe politique gabonaise est unanime, le pont attendu depuis des décennies a vu le jour sous votre impulsion. Vous avez vous-même fait sa mise en service le 20 juin 2014, mais il subsiste un montant de plus de 24 milliards reconnu par l’Etat mais toujours en souffrance.»
La route Ndendé – Mouila : «moins de 10% du marché a été perçu par notre Société alors que les règlements étaient budgétés. Les services de l’Etat ne reconnaissent pas un centimètre de route construite alors que la réalisation des travaux atteint 50% et que les usagers circulent quotidiennement sur des kilomètres de route goudronnée. Vous-même l’avez empruntée à plusieurs reprises et avez pu constater l’évolution des travaux.»
RECOURS À L’INTERNATIONAL
Amer, Guido Santullo déplore l’attitude de ses interlocuteurs gabonais. «Nous avons attiré votre attention sur nos difficultés financières à plusieurs reprises, sans réponse de votre part. Aucune entrevue ne nous a jamais été accordée. Aucune solution ne nous a jamais été proposée. Le temps passe et les travaux que nous menons pour votre compte sont financés par notre Société à force de découverts bancaires onéreux. Les réunions et les entretiens que nous avons eus avec vos différents ministères depuis des années ne sont que promesses dont le but est de nous faire poursuivre nos travaux dans l’illusion que nous serons un jour payés. Aucun geste de votre part : nous sommes punis d’avoir cru en votre politique et de l’avoir suivie.»
En arrivant à l’essentiel, Santullo qui regrette que son entreprise soit punie «d’avoir cru en [la] politique [d’Ali Bongo] et de l’avoir suivie», indique qu’il ne peut plus faire face aux dépenses qu’entraîne la poursuite des travaux. Il se voit à cet effet contraint d’arrêter les chantiers qui lui ont été confiés au Gabon et qu’il s’en remet «aux Instances Internationales en vue de recouvrer [sa] créance.»