La Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) a abaissé son taux directeur à 2,45% contre 2,95%, expliquant vouloir par cette politique monétaire plus souple relancer l’économie tout en atténuant les tensions inflationnistes sur le marché.
Pour redonner vie aux économies des pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), plongées dans un contexte économique difficile, le Comité de politique monétaire (CPM) a pris la décision de baisser de 50 points le taux directeur de la BEAC, le faisant passer de 2,95 % à 2,45%. Cette mesure d’amoindrissement est directement applicable dans les six pays que sont le Cameroun, la Centrafrique, le Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale et le Tchad.
Selon le gouverneur de la BEAC, cette mesure vise à faciliter le financement des États de la Cemac par la Banque centrale dans un contexte où les trésoreries de ces pays sont actuellement plombées par les déficits budgétaires dus à la baisse des recettes pétrolières et les crises en Centrafrique et aux frontières du Cameroun et du Tchad du fait de la menace Boko Haram. Mais elle participe également à relancer la croissance économique dans cette sous-région, en permettant aux banques commerciales de se refinancer à un taux d’intérêt minoré. «La mesure devrait objectivement induire la baisse des taux d’intérêt sur les crédits octroyés aux opérateurs économiques par les institutions bancaires de la zone Cemac», a souligné Lucas Abaga Nchama, ajoutant : «Malgré les différentes baisses du taux directeur consenties par la Banque centrale, l’accès au crédit par les opérateurs économiques ne s’est pas beaucoup amélioré, les banques commerciales continuant de pratiquer des taux d’intérêt jugés exorbitants ». Cette situation découle, entre autres, de la prime de risque assez élevée pratiquée par les banques et l’environnement des affaires dans cet espace communautaire. Raison pour laquelle «il faut que les Etats prennent leurs responsabilités, en permettant aux banques d’exécuter les garanties», insiste la Banque centrale.
Cette baisse ne sera pas que favorable pour la région. Lorsque l’argent coûte moins cher, cela améliore les comptes d’exploitation des entreprises. A l’inverse, elle pourrait aussi rendre les opérations d’importation plus chères. Car la baisse du taux directeur peut, dans certains cas, opérer comme une dévaluation masquée dans une hypothèse de retour d’inflation, qui n’épargnerait pas l’achat des devises, intervenant dans l’acquisition des biens et des services en dehors de la zone franc.
Les taux directeurs sont les taux d’intérêt fixés par une banque centrale. Ils sont, pour les banques centrales, des instruments de régulation économique au service des politiques monétaires, dont les objectifs sont toujours, d’une part, de limiter l’inflation, et, d’autre part, de favoriser la croissance économique.