Libreville (Gabon) - L’ancien président de l’Union africaine (UA), Jean Ping, potentiel candidat de l’opposition gabonaise à l’élection présidentielle de 2016, a été cité dans l’affaire de l’incendie de l’ambassade du Bénin à Libreville, dans la nuit du 12 avril 2015.
Un véhicule appartenant à M. Ping aurait permis notamment à une personne incarcérée dans le cadre de cette affaire, de rallier Oyem, chef-lieu de la province du Woleu-Ntem, dans le nord du Gabon, après s'être évadée de la prison centrale de Libreville.
Poursuivies avec quatre autres personnes "selon la procédure d'information judiciaire par le parquet de la république de Libreville pour d'incendie volontaire de l'ambassade du Bénin et pour les actes de vandalisme posés dans la nuit du 12 avril 2015", Elisée Boris N'nang alias Bobo et ses complices, ont été inculpés et écroués le 4 mai 2015 par un juge d'instruction.
Après s'être évadé de prison dans la nuit du 4 mai, grà¢ce à la complicité de l'officier de permanence, Boris N'nang à quitté précipitamment Libreville à bord d'un véhicule de type Pajéro de couleur noire appartenant à M. Ping.
Conduit par Rodrigue Evoung, un individu se présentant comme un membre de la sécurité de l'ancien président de l'UA, le véhicule a acheminé l'évadé à Oyem.
Une fois dans le chef-lieu de la province du Woleu-Ntem, N'nang alias Bobo s'est vu proposer la somme de deux millions de FCFA par Rodrigue Evoung, le garde de corps de M. Ping, pour continuer sa fuite vers un pays voisin.
Il aurait refusé le deal et décidé de rester sur Oyem, où il a été rattrapé par les éléments de la police judiciaire locale après deux mois de cavale.
Dans une déclaration à la télévision nationale, vendredi dernier, la procureure de la république du tribunal de Libreville, Sidonie Flore Ouwé, a indiqué que l'enquête sur les circonstances de l'évasion se poursuit et les complices répondront de leurs faits au moment opportun.
La procureure a précisé que, selon les dispositions du code pénal gabonais, un détenu qui, par quelque moyen que ce soit, s'évade d'une maison de détention pénitentiaire ou au cours d'un transfèrement, est puni d'un emprisonnement de trois mois à deux ans.
En revanche, toute personne qui aura préparé ou aidé, par quelque moyen que ce soit ou de quelque lieu que ce soit, l'évasion ou la tentative d'évasion d'un détenu, sera puni d'un emprisonnement d'un à trois ans et d'une amende de 50 000 OU 100 000 FCFA ou de l'une de ces deux peines.
L'ambassade du Bénin avait été incendié, lors des violentes manifestations qui ont secoué Libreville à la suite de l'annonce du décès, le 12 avril 2015 à Yaoundé au Cameroun, d'André Mba Obame, le secrétaire exécutif de l'Union nationale (UN).
"Le parquet de la république de Libreville a engagé des poursuites contre tous ceux qui, de loin ou de près, ont participé à cet incendie soit en tant qu'auteur soit en tant que complice par fourniture de moyens de tous ordres", a déclaré la procureure de la république.
"L'incendie volontaire est un fait criminel prévu et puni par notre code pénal en son article 331", a-t-elle dit, soulignant que "l'incendie d'une ambassade est un acte beaucoup plus grave".
"En effet, la convention de Vienne en son article 22 alinéa 2 stipule que l'à‰tat accréditaire a l'obligation spéciale de prendre toutes les mesures appropriées, afin d'empêcher que les locaux de la mission ne soient envahis ou endommagés, la paix de la mission troublée ou sa dignité amoindrie".
Un Gabonais d'origine béninoise, proche collaborateur du président Ali Bongo Ondimba est fortement soupà§onné, par une certaine opinion publique, d'avoir causé la mort du secrétaire exécutif de l'UN.
Selon les observateurs à Libreville, l'implication de l'ancien président de l'UA dans l'affaire de l'incendie de l'ambassade du Bénin fait partie des manÅ“uvres en cours pour le déstabiliser et le décrédibiliser auprès de l'opinion nationale et internationale.