La croissance économique des pays membres de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) pour 2015, précédemment établie entre 4,2 et 4,3%, devra chuter à un niveau encore plus bas pour se situer à 2,8%, annonce la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC), la banque centrale régionale.
Instituée en 1994, la CEMAC se compose de six pays : Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, République centrafricaine (RCA ou encore Centrafrique) et Tchad. A l’exception de la RCA, d’ ailleurs secouée depuis fin 2012 par une grave crise politico- militaire, le pétrole constitue la principale source de revenus de ces pays,représentant jusqu’à 70 à 80% des recettes d’exportation de nombre d’entre eux.
Selon la BEAC, réunie en sa deuxième session ordinaire annuelle de son comité de politique monétaire (CPM) jeudi soir à son siège à Yaoundé, la capitale du Cameroun, les perspectives économiques pour la fin 2015 seront marquées par "un ralentissement de la croissance, en relation avec les contre-performances du secteur pétrolier" dans cet espace communautaire.
Cette situation "entraînerait, a expliqué la banque centrale régionale dans le communiqué de presse publié au terme de réunion dont copie a été remise à Xinhua, une baisse significative de la demande intérieure et un repli des activités du secteur non pétrolier".
Mais en dépit d’un fléchissement annoncé de la croissance à 2,8% , les projections prédisent un allègement des tensions inflationnistes à 2,9%, contrairement au solde budgétaire, qui enregistrerait une détérioration de 3,7% du PIB. Le déficit du compte extérieur courant quant à lui se stabilise à 11,4% du PIB et le taux de couverture extérieure de la monnaie à 78,4%.
Le gouverneur de la BEAC, Lucas Abaga Nchama, justifie cette morosité par un ralentissement des investissements liés à la production pétrolière.
"On constate (..) que les engagements qui ont été pris par certaines entreprises, qui annonçaient le début de production ou d’ exploitation d’un champ nouveau, compte tenu du prix et du coût d’ exploitation,c’est-à-dire le coût d’investissement, ont ralenti. Donc, elles ne s’avancent pas, elles attendent", a-t-il indiqué à Xinhua.
Dans ses prévisions précédentes de fin mars, la BEAC avait pourtant fait état de perspectives prometteuses dans ce secteur basées sur une hausse de production et le dynamisme du secteur non pétrolier, "notamment au niveau des branches de l’agriculture vivrière, des industries manufacturières et des télécommunications ".
Elle avait par conséquent tablé sur une croissance du PIB de 4, 2% à 4,3%, contre 5% environ fin 2014, avec un taux d’inflation de 2,8% "en rapport avec un ralentissement de la demande intérieure", accompagné d’une "dégradation du solde budgétaire à -6,3% du PIB" et d’une "aggravation du déficit du compte extérieur courant à 20, 00% du PIB".
Au cours de la même période, le Fonds monétaire international ( FMI) se déclarait quant à lui déjà moins optimiste, en abaissant ce taux de croissance à 2,2%. Son économiste et chef de mission pour la zone CEMAC Mario de Zamaroczy avait alors résumé que "l’ année 2015 sera une année de défis".
Selon lui, la chute du prix du baril du brut n’a pas eu d’ effets sensibles en 2014, où la croissance avait été de 4,6% ( contre 4,2% d’après les estimations de la BEAC, établies à 3,2% l’ année précédente), "mais elle devrait peser sur l’activité économique en 2015 en faisant descendre le taux de croissance à 2, 2% en raison de la baisse de la production de pétrole et des investissements publics".
Lucas Abaga Nchama relative toutefois cette analyse, affirmant que la chute du prix du baril de pétrole continuera d’avoir un impact moins impact sur les pays de la région, dans la mesure où, assure-t-il, ces Etats "ont beaucoup baissé leurs dépenses d’ investissement.
Des Etats qui gagnent moins d’argent aujourd’hui ont baissé leur train de vie".
Dans l’objectif de booster l’économie régionale, la BEAC a une fois de plus décidé de baisser son taux directeur des appels d’ offres, pour le porter de 2,95% à 2,45%. Occasion pour son dirigeant de se réjouir que "depuis 2009-2010 le crédit à l’ économie est en augmentation croissante".