Sur le thème, «Le citoyen gabonais face au phénomène des crimes rituels », le président de cette association, Jean Elvis Ebang Ondo a partagé la douleur, l’angoisse et la psychose que vivent plusieurs familles gabonaises à cause du phénomène des crimes rituels. Précisant que, «Loin des beaux discours des palais, des amphithéâtres, des bistrots, l’infanticide, le cannibalisme et le fétichisme existent bel et bien chez nous».
Tout récemment organisé, le 25e anniversaire du Rassemblement pour le Gabon (RPG) a été l’occasion pour Jean Elvis Ebang Ondo, président de l’Association de lutte contre les crimes rituels (ALCR), invité, d’édifier les militants de cette formation politique qui se réclame de la majorité républicaine pour l’émergence, sur le phénomène non estompé des crimes dits rituels.
Ayant clarifié la terminologie usuelle du phénomène et présenté son association, l’orateur a indexé la responsabilité du citoyen gabonais quant à la permanence de ce phénomène, combattu dans les discours officiels. Et de paraphraser le penseur Edward A. Tiryakian qui affirme que les crimes rituels sont «des pratiques, des techniques, ou des procédés intentionnels visant du vivant de la victime à un prélèvement de certains de ses organes afin de puiser les forces cachées dans l’homme ou les forces secrètes de la nature, du cosmos. Forces que les instruments de la science moderne ne peuvent ni mesurer ni identifier et qui ont pour conséquence des résultats empiriques, désirés ou provoqués, tels que l’acquisition soit d’un savoir touchant le cours commun des choses, soit d’un pouvoir les modifiant dans un sens qu’elles n’auraient pas eu autrement».
Pour Jean Elvis Ebang Ondo, le procédé consiste, pour ses pratiquants, à récupérer les organes vitaux de la victime, appelés «pièces détachées» ; généralement le sexe, la langue, les yeux, les oreilles, le cœur, la peau… pour le besoins des fétiches ou la consommation. Le sang retiré est bu… Qualifiant les notions de sacrifice humain, cannibalisme, infanticide et anthropophagie, Ebang Ondo a indiqué que «ces termes sont relatifs à la consommation du sang et de la chaire humaine».
Faisant la genèse de l’ALCR, il a rappelé que cette association a été créée, suite à un double meurtre commis sur des enfants, le 3 mars 2005 à Libreville. L’impunité des assassins a poussé les familles des victimes à se constituer en Collectif des familles d’enfants assassinés. Ce collectif s’est ensuite mué en ALCR, avec pour objectif la promotion et la protection des droits de l’Homme et la consolidation d’un Etat de droit. «Et c’est en 2014 que l’ALCR a reçu son récépissé définitif», a-t-il informé.
Abordant les avancés de la lutte de l’ALCR, Ebang Ondo a énuméré entre autres, la loi de l’omerta sur les crimes rituels qui a finalement été brisée au Gabon ; la reprise de la tenue des sessions criminelles à travers le pays et les marches pacifiques ; la mise en place de l’Organisation nationale des droits de l’enfant (ONDE) et du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) ; la journée du 28 décembre et la prière de lutte ; le jardin des innocents ; les publications ; la remise officielle du mémorandum au chef de l’Etat et la formation de la police scientifique ainsi que la proposition de loi sur les crimes rituels.
Quant aux causes de l’apparition de ce phénomène au Gabon, le conférencier a noté la perte des valeurs, le laxisme des dirigeants, la mentalité de la facilité… Pour lui, ces crimes se déroulent en réseau (sectes, parents ou tuteurs, démarcheurs, marabouts, charlatans, ngangas, commanditaires). Réseaux, à en croire ses explications, qui possèdent des abattoirs qui sont les sièges de ces sectes, (bungalows, domiciles privés, forêts…).
«La périodicité des crimes est en phase avec les mouvements politiques, les élections, les placements, les remaniements ministériels…», a martelé l’orateur qui a ensuite lu les extraits de quelques articles des articles sur les droits de l’Homme.
Dans cet élan, l’orateur a énuméré les conséquences de ces crimes : l’insécurité grandissante dans notre pays, la fuite des investisseurs, la banalisation de la vie qui est sacrée, la division au sein des familles, la croissance de l’immoralité, les désordres religieux et juridiques dans la société.
Inspecteur de l’Education nationale au demeurant, Jean Elvis Ebang Ondo a indiqué des pistes de solution. Il s’agit d’apporter un soutien multiforme envers les ONG engagées dans la lutte contre l’impunité ; avoir la foi ferme et résister aux tentations du démon (loge, secte, mauvais compagnons) ; publier intégralement l’identité des coupables dans les médias ; prier pour la conversion des criminels et les autorités du pays à la foi en Dieu ; dénoncer les pratiques néfastes avec courage, fermeté et persévérance ; partager ce message citoyen avec les proches ; assister les victimes et leurs familles ; éduquer la jeunesse gabonaise aux valeurs culturelles, dans le système éducatif et les familles ; instaurer la méritocratie et l’excellence dans notre environnement ; faciliter le travail des officiers de police judiciaire, la justice et les médias dans les enquêtes menées sur le terrain ; surveiller les mouvements des enfants à la sortie des établissements scolaires, dans les quartiers et villages ; dénoncer les coupables qui sont autour de nous ; se mettre constamment en prière pour le Gabon et son peuple. «Le phénomène des crimes rituels persiste au Gabon parce qu’il n’y a pas une volonté politique de mettre fin à ces actes barbares qui retardent le pays», a conclu Jean Elvis Ebang Ondo.