Libreville – Un forum national sur le conflit Homme-Faune s’est tenu à Libreville, loin des réalités quotidiennes des villageois d’Ovan, Makokou ou Booué. En effet, dans ces contrées où les familles vivent essentiellement des produits des champs, la désolation est extrême et l’envie de se venger sur les animaux, protégés par la loi, qui détruisent leurs plantations est incommensurable.
Impossible de traverser les départements de la Lopé et de la Mvoung dans l’Ogooué Ivindo sans entendre les cris des populations dévastées par la destruction de leurs champs par les animaux partiellement ou intégralement protégés. Dans la région de l’Ogooué-Ivindo où l’on dénombre quatre parcs nationaux accueillant plusieurs espèces intégralement protégées, les éléphants et surtout les Singes Mandrills semblent s’être multipliés et avoir pris le pouvoir dans leurs relations avec les populations.
Il n’y a plus un seul jour sans que des cultivateurs ne constatent, non sans amertume et colère, le passage dans leurs champs d’éléphants qui y laissent d’ailleurs leurs déchets mais aussi des Mandrills qui se multiplient à une vitesse hallucinante. Tous les jours les animaux mangent tout ce que les hommes et les femmes plantent : lemanioc, la canne à sucre, la banane.
A Koumameyong, les dégâts causés par les éléphants, les singes mandrills et les chimpanzés sont quotidiens, importants et révélateurs d’un conflit qui n’est pas prêt de prendre fin. « Tous nos champs sont dévasté et il paraît que l’on n’a pas le droit de tuer ces animaux. Comment allons-nous vivre ? A quand l’expédition par le gouvernement de sacs de nourriture puisque ce que nous devons manger, nous, est aux animaux ? », lance Etienne, notable de Koumamyong, écœuré.
A Oussa, à la frontière avec le Woleu Ntem, les jérémiades sont les mêmes. En dehors même des produits agricoles, ce sont les vies humaines qui sont menacées. « Hier encore (vendredi 27 juin) un éléphant est venu dans le village et a failli tuer ma propre fille là à côté de la maison. Elle n’a eu la vie sauve que grâce à sa rapidité », indique Pierre Mathurin.
Que faut-il faire ? Face à cette question, les victimes interpellent régulièrement les services de l’agriculture et des eaux et forêts qui restent toujours silencieuses. Ce silence perçu comme complice a amené les habitants a faire un choix risqué. Celui d’abattre désormais les pachydermes et singes mandrills dans leurs champs.
Les populations accusent les hommes politiques de complicité et d’attentisme. Ils promettent donc de le leur faire payer pendant les prochaines présidentielles. « Ce sont les éléphants et les singes là qui sont plus importants qui vont voter en 2016 », ajoute Agnès.
Dans la région, les cultivateurs qui, par ailleurs font face, à la surexploitation du bois, craignent de devoir abandonné leurs terres et même qu’une famine s’installe compte tenu de l’action des animaux et de la réduction de leurs terres par le fait de l’occupation souvent anarchique des sociétés d’exploitation de bois.
Mais de toute évidence, les villageois de cette zone craignent qu’en tentant de se faire justice, certains hommes ne tombent dans le piège du braconnage.