Instruit par le président de la République de fournir des données objectives et chiffrées sur les avancées dans des domaines bien précis, le Premier ministre et son équipe pourront-ils accéder à ce vœu ? Voire…
Voulant à tout prix justifier son propos sur un «Gabon bien portant, où il fait bon vivre et où les investisseurs voudraient investir», le président de la République vient de prescrire au gouvernement une tâche pas toujours plaisante. L’équipe dirigée par Daniel Ona Ondo doit légitimer ce point de vue. Pour ce faire, elle n’a d’autre choix que de se mettre au travail et trouver les stratégies et arguments pour justifier les propos tenus par Ali Bongo le 1er juillet dernier au palais de la présidence de la République, face aux parlementaires PDG. «Allez dans vos circonscriptions et dites que nous enregistrons des progrès et que nous devons continuer à travailler avec patience pour obtenir des résultats que chacun est en droit d’attendre», avait-il alors lancé aux élus des deux chambres du Parlement. Comment justifier une telle assertion sans preuves concrètes ? En tout cas, il revient désormais au gouvernement de fournir aux élus les outils pour soutenir cette assertion.
S’étant limité à énumérer les domaines d’action où des progrès significatifs auraient être réalisés, sans pour autant dire ce qui a changé, Ali Bongo avait jugé utile de confier aux parlementaires le soin de le démontrer et d’en persuader les populations sur la base des données objectives et chiffrées. «Je demande au gouvernement de mettre à votre disposition des données objectives et chiffrées sur chacun des domaines que je viens de citer y compris sur le logement où, malgré les difficultés et les contraintes de tous ordres, d’importantes avancées ont été enregistrés», avait-il déclaré face aux parlementaires.
Constant dans son appréciation de la situation socio-économique et politique du pays, même face aux évidences qui ne plaident pas toujours en sa faveur, le président de la République n’est pas prêt de se dédire. Face aux élus, il a laissé penser que des améliorations importantes ont été enregistrées dans les domaines des infrastructures, de la santé; de l’emploi, de la lutte contre la précarité, de la production et du transport de l’eau, de l’électricité, de la transformation des matières premières, de la diversification de l’économie. Tout cela résonnait comme une volonté de prendre le contre-pied de Casimir Oyé Mba (Finances publiques : L’impasse budgétaire 2015 selon Oyé Mba), Alexandre Barro Chambrier (Tensions de trésorerie de l’Etat : L’alerte et les suggestions de Barro Chambrier), et Raymond Ndong Sima, (Raymond Ndong Sima : la poussée d’adrénaline), qui n’ont eu de cesse de mettre en lumière la difficile passe que traverse le pays. «On ne peut pas dresser de son propre gouvernement un bilan jugé volontairement négatif quand dans le même temps, les institutions financières les plus crédibles et les partenaires au développement, saluent unanimement et encouragent nos efforts dans le domaine de l’économie et de l’assainissement des finances publiques», avait-il alors estimé, pince sans rire.