Cameroun, Côte d’Ivoire, Kenya, Nigéria, Sénégal, Afrique du Sud, etc., bénéficient chaque année, des investissements de puissants hommes d’affaires du continent au détriment du marché gabonais pourtant en quête d’essor. Comment expliquer une telle réticence quand on sait que le pays est en train d’oser sa mutation et offre des perspectives d’investissement pourtant attractives?
Dans l’élan du basculement de l’économie gabonaise vers sa diversification et au regard de l’impulsion générée par la création des pôles économiques tels que la Zone Economique Spéciale (ZES) de Nkok sensée dynamiser la compétitivité nationale et marquer la présence du Gabon dans l’industrie de la transformation, certains observateurs y voyaient déjà, les bases de l’avenir économique et un excellent moyen pour attirer les investisseurs étrangers notamment africains.
Sur les traces de ce renouveau économique, le Gabon essaye de séduire les investisseurs notamment chinois, turcs, français et marocains avec la signature de partenariats économiques pour la transformation de certains secteurs d’activités. Cet élan de coopération multiple s’est matérialisée dans le cadre par exemple du partenariat avec la Chine ou encore avec le Maroc, par la construction du stade de l’amitié sino-gabonais, la restructuration de la société CimGabon, et bien d’autres œuvres socio-économiques qui profitent au pays.
Malgré cet effort de restructuration, l’économie nationale navigue pourtant à rythme peu soutenu dont la cause n’est autre que la faiblesse des investissements. La ZES est toujours en attente d’investisseurs malgré les quelques-uns déjà implantés. Les secteurs des infrastructures, des services, de la transformation, agricole vitrine du Gabon de demain, sont toujours en quête d’impulsion. Comment expliquer les lenteurs de ce développement quand on sait qu’ailleurs, des « richissimes » africains arrosent à coup de centaines de millions de dollars, des branches d’activité entière dans le continent. Pourquoi ces derniers ne s’impliquent-ils pas au Gabon ?
L’étroitesse du marché gabonais, une cause explicative
En Afrique, il est désormais impossible de parler d’investissement sans mentionner les grands noms comme les Nigérians, Aliko Dangoté, Tony Elumelu, l’Ivoirien Tidjane Thiam, les sud-africains Johan Peter Ruppert, Elias Masilela (premier investisseur du continent) et Patrice Motsepe et bien d’autres figures qui grâce à leur apport financier, dictent leur loi dans l’économie du continent.
Des apports qui vont en effet, bien au-delà des espérances souhaitées et touchent quasiment tous les secteurs d’activités (primaire, secondaire et tertiaire) dans les pays comme, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Nigéria, l’Afrique du Sud, le Kenya, l’Ethiopie etc., pays à fort potentiel démographiques et pôles de prédilections des investissements de nos « richissimes » africains.
Si le Gabon n’est pas dans le viseur de ces investissements, la cause est à chercher dans sa faiblesse démographique qui ne permet pas d’envisager des investissements à grande échelle. En effet, avec ses 1.800.000 habitants (chiffre recensement de 2015), le marché gabonais ne peut faire le poids devant des masses démographiques telles que le Nigéria, le Sénégal ou encore l’Afrique du Sud.
Le marché gabonais est trop étroit, la demande intérieure trop faible malgré le niveau de vie élevé. De plus, beaucoup des investisseurs africains cités, basent leur préférence sur des pôles démographiquement dynamiques et rentables. Car en investissement ce qui compte, ce n’est pas tant d’investir mais ce que l’investissement réalisé rapporte en retour en terme de gain de productivité.
Lever les obstacles rédhibitoires
Le Cameroun, la Cote d’Ivoire, le Sénégal, le Nigéria, l’Afrique du Sud, le Kenya et bien d’autres, foyers des investissements des « richissimes » africains, outre leur potentiel démographique possèdent d’autres atouts. La formation pour accompagner les bailleurs de fonds africains y est en effet à jour et de qualité contrairement au Gabon pour qui, une bonne partie des élites formées sont orientées dans le domaine du tertiaire.
En effet, la plus part des investissements des hommes d’affaires africains cités sont effectués dans des industries techniques du ciment, de la finance, l’industrie du luxe, des mines, des cosmétiques, etc., et dont le Gabon très souvent, ne possède pas les compétences. Dans un tel contexte, comment alors espérer bénéficier des investissements de ces hommes d’affaires ?
A ces obstacles, s’ajoute le caractère embryonnaire de l’économie du Gabon reposant en particulier sur des activités statiques axées sur une économie de rente. Ce qui naturellement, connaissant leur domaine d’investissements de préférence ne permet pas au club des investisseurs africains, de s’attarder sur le cas du Gabon.
Ces dernières années, l’Etat gabonais a fait des efforts pour la mise en place d’une véritable politique industrielle notamment par la création de la ZES de Nkok. Pour attirer les investisseurs notamment africains qui font profiter à d’autres pôles économiques du continent leurs avoirs financiers, les autorités gabonaises devraient se pencher sur la question de l’attractivité de l’investissement au Gabon.