Ne goûtant que moyennement au rapport de la Commission européenne relative à l’interdiction de plus de 200 compagnies aériennes dans le ciel européen, Afric-Aviation dénonce une initiative arbitraire et subjective.
Voyant apparaître le nom de leurs compagnies parmi les 232 interdites dans le ciel européen pour des raisons de sécurité, peu de responsables ont apprécié et compris l’initiative de la Commission de l’Union européenne (UE). D’aucuns s’en sont d’ailleurs violemment pris aux auteurs du rapport publié le 25 juin dernier. «Dans la notion de sécurité aérienne se cache en réalité des objectifs économiques et financiers», ont soutenu nombre d’entre eux, à l’instar du le directeur général d’Afric-Aviation selon qui, en fin de compte, «la liste noire de l’Union européenne est arbitraire et subjective». Pour Alfred-Pierre Etouké, qui s’est récemment confié au quotidien L’Union (n°11870), l’initiative viserait en fait à «éliminer autant que possible la concurrence des compagnies africaines, asiatiques et sud-américaines afin de s’assurer des parts de marché au détriment des compagnies interdites, promouvoir les cabinets de consulting européens, censés mettre à niveau les compagnies ne répondant pas aux normes de sécurité imposées par l’Europe».
Selon le directeur général d’Afric-Aviation, qui y voit une sorte de complot entretenu par d’importantes boîtes comme Air France ou Lufthansa, qui auraient mis sur pieds des cabinets de consulting pour s’arroger une part dans ce «marché colossal», la liste noire de l’UE dissimule mal la volonté d’imposer aux compagnies indexées l’achat de certains types d’appareil. A en croire Alfred-Pierre Etouké, l’autre «véritable raison» qui explique l’existence de cette liste est de «favoriser la vente d’avions de nouvelle génération au profit d’Airbus principalement». Concurrence déloyale et tentative d’intimidation ? Le directeur général de la compagnie aérienne affirme que les «petites compagnies» comme la sienne, subissent régulièrement des audits. «Nos avions sont correctement entretenus dans des centres agréés, en Afrique du sud et en Europe. Les membres d’équipage sont parfaitement qualifiés et maintiennent leurs compétences régulièrement», a-t-il soutenu. L’Europe serait-elle de mauvaise foi ? Pour Alfred-Pierre Etouké, la réponse affirmative à cette question apparaît toute évidente.
En effet, note-t-il, «il y a aujourd’hui au Gabon sept compagnies aériennes, dont deux qui font le fret : Solenta et Sky Gabon. Entre 2000 et 2015, on ne dénombre chez nous qu’un seul accident avec perte d’avion (Solenta) et sans perte en vie humaine. Or, il se trouve que Air France, à la même période, a eu cinq incidents, trois accidents, trois avions perdus ayant occasionné 337 victimes, (tout comme) Turkish Airlines (qui) a enregistré un accident grave, trois accidents, trois avions perdus pour 84 morts. Malgré ce bilan, aucune de ces entreprises n’est sanctionnée». Pour la plupart des compagnies black-listées en Europe, il s’agirait en somme d’un complot.
