Deux trafiquants d’ivoire, un Camerounais et un Gabonais, ont été interpellés à Libreville avec 150 kg d’ivoire issus du braconnage d’éléphants gabonais, a annoncé vendredi l’ONG Conservation Justice dans un communiqué, dénonçant "l’implication d’éléments de l’armée" dans le trafic.
La saisie effectuée par la police judiciaire et les agents des Eaux et Forêts a eu lieu le 29 juin, alors que les deux individus cherchaient à revendre leur butin, selon l’ONG, qui travaille en collaboration avec les autorités gabonaises.
"Il s’agit de six grosses pointes d’ivoire. Il est très rare de trouver des pointes d’un tel volume, et cela double ou triple leur valeur sur le marché international. En Chine, elles vaudraient environ 300.000 euros", a déclaré à l’AFP le responsable de l’ONG, Luc Mathot.
Selon le communiqué, l’ivoire était "gardé" chez un militaire de l’état-major général des armées, qui a affirmé que les 150 kg se trouvaient chez lui "à son insu". L’homme a été entendu par la police judiciaire avant de ressortir libre, déplore Conservation Justice.
Deux autres militaires gabonais avaient déjà été impliqués dans des affaires de trafic d’ivoire au mois de juin, selon la même source.
Le 19 juin, un soldat de l’armée de l’air avait été arrêté à Libreville en possession de quatre pointes d’ivoire qu’il comptait revendre. Le 26 juin, un autre militaire avait été interpellé après la découverte de deux pointes d’ivoire dans sa voiture à Oyem (nord).
"Ces trois cas confirment l’implication de certains éléments de l’armée dans le trafic d’ivoire", souligne Conservation Justice.
En avril, 300 kg d’ivoire avaient été volés au tribunal d’Oyem, dans le nord du Gabon, où ils étaient stockés après une saisie des autorités, selon l’ONG de défense de l’environnement World Wildlife Fund (WWF).
"Le Gabon a une bonne réputation à l’échelle internationale dans le domaine de la lutte contre la criminalité faunique, mais ce vol démontre que la réalité sur le terrain est très différente", avait alors déclaré Marthe Mapangou, directrice du WWF Gabon.
Ce petit pays d’Afrique centrale accueille plus de la moitié des éléphants de forêt d’Afrique, mais subit une pression croissante de la part des braconniers: environ 20.000 pachydermes ont été tués en 10 ans, d’après l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN).