Répondant aux interrogations de la presse sur la construction toujours attendue de l’annexe du Palais Léon-Mba et les supposés détournements de fonds y relatifs, le Premier Questeur de l’Assemblée nationale a affirmé que «pour détourner l’argent, il faut qu’il existe. Or, depuis plus de deux ans, il n’y a pas de budget».
De prime abord, l’élu du département de Mongo a tenu à indiquer aux journalistes que c’est le président de l’Assemblée nationale, Guy Nzouba Ndama, qui lui a demandé de donner une réponse aux rumeurs de détournement des fonds affectés à la construction de l’annexe de l’Assemblée nationale. Jonathan Ignoumba s’est ensuite livré à la dénonciation de cette rumeur devenue récurrente depuis quelque temps. Si c’est pour salir le président de l’Assemblée nationale, qu’on le dise, «parce que pour détourner l’argent, il faut qu’il existe», ajoutant pour être encore plus précis : «depuis 2013, l’Etat n’a plus de budget !».
Si tel est réellement le cas, alors quels sont les budgets (initiaux et rectificatifs) que votent les députés depuis 2013 ? S’agit-il de budgets «fictifs» ? Il est vrai qu’il y a quelques semaines, Gabonreview faisait état du dénuement dans lequel se trouve l’administration d’Etat. «Une administration qui fonctionne au ralenti depuis plusieurs années, car elle manque de tout», nous avait-on dit. Ce qui se vérifie aisément au niveau des institutions tels que le Conseil national de la communication (CNC) et le Conseil économique et social (CES), où des responsables et agents se plaignent de manquer de la moindre feuille de papier pour travailler. En tout cas, en tant que membre du Bureau de l’Assemblée nationale et questeur de l’institution, Jonathan Ignoumba a révélé là, à dessein certainement, une situation que peu de monde connaissait, laissant littéralement ainsi entendre que «nous vivons sur du fictif». Mais, où est donc passé l’argent ? Où sont passés les budgets votés année après année par les deux chambres du Parlement ?
Pour les analystes politiques, cette sortie du député de Moulengui Mbinza, même si elle dévoile encore une fois les tensions existant entre différents courants du Parti démocratique gabonais – une formation politique tenaillée aujourd’hui entre «Héritiers» (de l’œuvre et de l’action d’Omar Bongo) et «Emergents», elle n’en montre pas moins que les tensions de trésorerie dont on parle ne sont pas une invention des hommes et femmes de média. «Il n’y a pas de budget depuis 2013», qu’on se le tienne pour dit !