Alors qu’elle recherche elle-même des financements pour la réalisation d’un grand projet dans le Nord de Libreville, Ngaka Ntoula Mboumba n’en reste pas moins altruiste en ceci qu’elle organise des collectes de fonds au bénéfice des orphelins, via la Croix-Rouge Gabonaise. Primé au Grand Prix de l’Excellence, son propre projet nécessite 600 millions de francs.
Avec son visage de bambine littéralement, ses lunettes d’intellectuelle, Ngaka Ntoula Mboumba a l’allure d’une étudiante de grande école de commerce ou de Sciences-po. À 31 ans, elle capitalise pourtant pas moins de quatre ans d’expérience professionnelle dans une entreprise pétrolière internationale implantée au Gabon. Victime d’un plan social, son poste y a été supprimé depuis décembre dernier. Elle est donc techniquement au chômage, mais n’est pas pour autant restée sans revenus. Heureusement, en effet, la jeune juriste est une inconditionnelle amatrice d’art, surtout d’art de vivre. Elle s’est donc résolue à se consacrer, depuis janvier 2015, à sa boutique, Nkéno.
Crée en novembre 2011 et Située au quartier Montagne-Sainte de Libreville, Nkéno offre des services pour ce qui est des listes de mariage et vend des créations concernant l’art de vivre et la décoration. La petite structure qui emploie deux permanents tire son nom de «Owanto wi Nkéno» qui signifie en Mpongwè : la femme d’intérieur. «Ainsi Nkéno met à votre disposition plusieurs éléments qui vous permettront de rendre votre environnement encore plus beau», peut-on lire sur la page Facebook de cette boutique qui a fait parler d’elle ces derniers temps, avec une levée de fonds au bénéfice des orphelins via un jeu concours (lire par ailleurs «Humanitaire : Ntoula Mboumba Ngaka au chevet des orphelins» et «Humanitaire : Ntoula Mboumba Ngaka et «La riposte des papas»»)
Invitée à s’expliquer sur cette opération, Ngaka Ntoula Mboumba indique que ce concours «avait deux vocations. C’était d’abord une levée de fonds pour l’orphelinat de Kinguélé. Je devais répondre au souhait d’une amie Américaine qui organisait des collettes de fonds pour cette structure et qui, arrivée au terme de son séjour au Gabon, m’a demandé de poursuivre son œuvre. Ensuite, l’opération m’a permis de promouvoir la boutique et exprimer mon côté artistique via un concours photos. En somme, je me suis bien amusée avec les parents et leurs enfants.» Associée à un jeune photographe gabonais de grand talent prénommé Yvan, la boutique Nkéno a donc offert des séances photos parents-enfants gratuites. «Le but du jeu était de faire une photo dite principale ou classique, et une autre où l’on s’amuse. Séance gratuite certes, mais le tirage de la photo, au format A4, était facturé à 5000 francs CFA, soit 2000 francs en coût d’impression et 3000 francs de don à la Croix Rouge», explique Ntoula Mboumba.
L’opération a été un franc succès et a permis de réunir à ce jour 1,8 million de francs CFA. Les fonds ainsi récoltés permettent à la Croix Rouge d’offrir à l’orphelinat visé 9 mois de nourriture, étant entendu que la valeur d’un kit alimentaire mensuel est de 200 000 francs CFA. Un chèque d’1,6 millions de francs CFA a récemment été remis à la Croix Rouge à la faveur d’une cérémonie dédiée ; la différence étant constituée de la collecte qui se poursuit encore, parce qu’«il y a beaucoup de retardataires», explique la jeune dame dont l’altruisme peut étonner quand on sait qu’elle est elle-même à la recherche de fonds en vue d’un projet qui lui tient tant à cœur.
En décembre dernier, en effet, Ngaka Ntoula Mboumba comptait parmi les lauréats de la première édition du Grand Prix de l’Excellence, visant à promouvoir la création économique et l’innovation. Son projet consistait en la création, dans le Nord de Libreville, d’un vrai parc d’attraction pour les enfants. «J’ai en effet ce projet de création de parc d’attraction pour enfants. Pour trouver des financements j’ai participé au Grand Prix de l’Excellence. J’étais la quatrième sur 30 lauréats et j’ai donc eu un financement de 30 millions de francs CFA de la Banque mondiale. Toutefois, vous remarquerez que cette manne est insuffisante pour la construction d’un tel espace. Je suis donc toujours en quête de financements pour concrétiser mon projet : «Happy Land»». Ce projet nécessite 600 millions de francs CFA environ. «C’est vrai que ce montant peut faire peur, mais j’espère sincèrement qu’avec de bonnes volontés, nous arriveront à le matérialiser», pense, optimiste, la jeune juriste au cœur d’artiste et résolument de maman.
Ngaka Ntoula Mboumba doit donc élaborer un montage financier pour lequel, en dehors de trouver des associés en apport et solliciter un crédit bancaire, elle compte sur la responsabilité sociétale des entreprises (RSE). «J’étais en poste au service responsabilité sociétale des entreprises, je sais que chaque entreprise dispose de fonds dédiés à ce genre d’opération. Etant donné qu’il n’y aucun centre d’attraction à Libreville, je souhaiterai que les entreprises citoyennes m’aident à réaliser ce projet, en apportant une expertise, un coup de main, quel qu’il soit», lance-t-elle. En attendant une bonne âme ou des entreprises tenant à respecter véritablement leur engament RSE et pouvant donc l’aider dans le montage financier de son projet, la jeune dame annonce déjà un autre concours photo «à la Noël, en décembre prochain. Ce sera également le cas pour la Saint Valentin, en février prochain», toujours au bénéfice des orphelins. Dire qu’elle cherche elle-même des financements pour son parc d’attraction. Qui donc lui rendra au centuple ce qu’elle investit pour l’enfance défavorisée ?
