A la faveur d’une rencontre organisée le 25 juin 2015 à la Chambre de commerce, la Direction générale du Budget et des Finances publiques (DGBFIP) a proposé l’aide de l’Etat aux petites et moyennes entreprises (PME) sur la base d’un nouveau contrat de confiance.
Parce que les petites et moyennes entreprises (PME) sont indispensables à l’économie et contribuent à sa diversification, près de 400 patrons ont été conviés à prendre part à un dialogue franc et sans concession, le 25 juin courant, à la Chambre de commerce, en présence du ministre du Budget et des Comptes publics, sous le thème : «La place des PME-PMI dans les marchés publics». Cette rencontre a permis au directeur général du Budget et des Finances publiques de décliner la vision du gouvernement s’agissant des PME-PMI, de dire les attentes des pouvoirs publics et de voir dans quelle mesure nouer un partenariat viable à travers la proposition d’une «charte de l’entreprise citoyenne».
Organisée dans le cadre de l’exécution du budget 2015, cette conférence-débat avait pour objectif de brosser le portrait de la situation actuelle, aussi bien dans l’ensemble des PME qu’au niveau des caisses de l’Etat, non sans appeler à la responsabilité des uns et des autres pour le retour à une meilleure relation entre les deux parties, qui ont semblé avoir un nombre conséquent de choses à se reprocher.
La DGBFIP, entre mea culpa et exigences
Si, en prélude à cette rencontre, Jean Fidèle Otandault avait annoncé : «Ils me diront ce qu’ils reprochent à l’Etat et je leur dirai également ce que l’Etat leur reproche, pour que nous regardions tous vers l’avenir, pour une meilleure collaboration», le débat a quelques fois flirté avec la passion. Pour le DGBFIP, il s’est agi, dans un premier temps, de reconnaître les fautes de l’administration, dont le reproche le plus fréquent reste la lourdeur des mécanismes et sa légendaire lenteur. De même, reconnaissant que les stratégies mises en place jusque-là n’ont pas marché en raison du climat de méfiance, il a dit que les dettes de l’Etat restées en instance ont été apurées, grâce à un récent audit qui a révélé un certain nombre de mauvaises pratiques.
Jean Fidèle Otandault a proposé «un nouveau deal» au PME en vue de «restaurer la crédibilité de l’Etat». Or, a-t-il, estimé, cela implique une confiance réciproque. «J’exigerai des PME qu’elles soient responsables, aussi bien vis-à-vis de l’Etat que vis-à-vis d’elles-mêmes, et qu’elles soient solidaires pour mériter le statut qui leur revient naturellement de droit», a-t-il lancé, avant d’annoncer que les pouvoirs publics feront désormais le gendarme pour imposer une gestion parcimonieuse des finances publiques. Une vision qui n’a pas manqué de faire réagir les patrons et représentants des PME.
Les patrons, entre doutes et optimisme
Un brin dubitatifs, les patrons des PME présents n’ont pas manqué d’exprimer leurs craintes de voir la machine se bloquer à nouveau. Après nombre de forums, d’assises et de rencontres visant le même objectif, c’est à tâtons qu’ils ont consenti à accorder du crédit au projet du gouvernement. S’ils ont dit attendre de prendre connaissance de la nouvelle charte, ils n’en ont pas moins exprimé leurs inquiétudes, notamment au sujet de l’accès aux marchés publics. Pour d’aucuns, à l’instar d’Alain Claude Kouakoua, 1er vice-président de la Chambre de commerce, «au Gabon, et ce n’est un secret pour personne, les marchés publics sont pipés», et l’Etat reste peu ou pas ouverts aux PME sérieuses qui ont fait leurs preuve, pour peu qu’elles n’aient pas des d’accointances avec certains fonctionnaires. Pour les intervenants, une meilleure preuve de la prise en compte des PME serait de «favoriser la préférence nationale sur des domaines bien précis comme la gestion des stations-service, par exemple», a proposé un patron, avant d’être appuyé par un autre selon lequel «il est nécessaire de créer un fonds de garantie, qui ne doit pas être géré par une banque commerciale, pour une aide plus efficace des PME gabonaises». Et enfin, de veiller à l’arrêt de la concurrence déloyale entre PME locales et majors étrangères.